17 juillet 2020

Par Agnès Soucat, Organisation mondiale de la Santé ; Francesca Colombo, Organisation de coopération et de développement économiques ; et Feng Zhao, Groupe de la Banque m

Après le COVID-19 (coronavirus): quelle sera la nouvelle normalité pour les systèmes de santé et la couverture santé universelle ?

Ce blog a été publié pour la première fois dans la série des blogs de la Banque mondiale sur les investissements dans le secteur de la santé. 

La pandémie de COVID-19 (coronavirus) a d’importantes conséquences sanitaires, sociales et économiques dans tous les pays, riches ou pauvres. Elle nous rappelle brutalement que tout le monde, partout, doit avoir accès à des services de santé de qualité, à un coût abordable. Nous allons devoir vivre pendant longtemps avec le COVID-19 et ses conséquences.

Les systèmes de santé doivent maintenant relever le double défi qui consiste à répondre à la flambée pandémique tout en maintenant les services essentiels. Le COVID-19 a relancé le débat commencé lors de précédentes urgences sanitaires : comment rendre les systèmes de santé suffisamment résilients pour gérer les chocs de manière à protéger tout le monde, en particulier les populations les plus vulnérables ? Où devons-nous commencer à penser différemment, et que pouvons-nous faire différemment, pour être mieux préparés aux urgences et progresser sur la voie de la couverture santé universelle (CSU) ? Quelle est la nouvelle normalité pour les systèmes de santé et la CSU ?

Le mouvement pour la CSU s’est principalement efforcé de garantir que les services de santé soient accessibles et abordables pour tous. Néanmoins, réaliser la CSU dépend aussi de la prévention des maladies, de la promotion de la santé et de la préparation aux situations d’urgence. La mesure de la couverture des services de santé, qui est au centre de l’indicateur 3.8.1 des objectifs de développement durable, comprend les capacités essentielles du Règlement sanitaire international pour détecter, évaluer et notifier les événements de santé publique.

Le COVID-19 exige que nous pensions à la CSU comme à la protection de tous. Il nécessite de toute urgence que nous mettions de nouveau l’accent sur des activités spécifiques de santé publique comme première étape vers la CSU. Cela inclut une attention particulière aux biens communs pour la santé – des éléments comme la surveillance des maladies, les laboratoires et les diagnostics, les systèmes d’information sanitaire, les communications sur les changements de comportement, la participation des communautés et l’instauration d’un climat de confiance dans le système de santé. Dans une grande mesure, ces biens communs pour la santé ne seront pas fournis par les marchés, d’où la nécessité d’un financement public et d’une action collective. L’abandon relatif de ces domaines a laissé les communautés plus vulnérables aux épidémies et à d’autres chocs.

Ainsi que souligné par l’Assemblée mondiale de la Santé le mois dernier, le COVID-19 est une crise mondiale qui réclame une solidarité et des mesures internationales suivies. La CSU2030, le mouvement mondial pour renforcer les systèmes de santé dans la perspective de la couverture universelle, a un rôle important à jouer pour rassembler les partenaires autour d’une vision commune pour des systèmes de santé résilients et des activités prioritaires.

Le nouveau document de réflexion de la CSU2030 sur la couverture santé universelle et les situations d’urgence examine les conséquences du COVID-19 sur les systèmes de santé et met en lumière les principaux domaines où nous pouvons prendre des mesures communes. En voici les principales conclusions :

1. La nouvelle normalité pour la CSU inclut une priorité accrue aux biens communs pour la santé

Le COVID-19 renforce de précédentes expériences montrant que des systèmes de santé solides, basés sur les soins de santé primaires, sont le fondement de la sécurité sanitaire et de la CSU. Les politiques nationales de promotion de la CSU ont parfois négligé la prévention, la promotion et la préparation aux urgences. Il existe des arguments convaincants incitant à faire de ces mesures de santé publique la première étape vers la CSU, et c’est là une responsabilité fondamentale des gouvernements.

2. Investir plus et mieux en faveur de la santé, pour des raisons aussi bien sanitaires qu’économiques

Les pays font face à une récession économique en raison de la crise. Mais la pandémie donne des raisons impérieuses de donner maintenant la priorité aux investissements dans le secteur de la santé : les coûts sont modiques comparés au prix économique de l’immobilisme. Les politiques de financement de la santé devraient donner la priorité au financement public de la santé et lever les obstacles financiers aux services.

3. Saisir les occasions : les possibilités de changement peuvent bénéficier aussi bien à la sécurité sanitaire qu’à la CSU

La pandémie a montré qu’il ne faut pas choisir entre la sécurité sanitaire et la CSU : des systèmes de santé solides, fondés sur les soins de santé primaires, sont nécessaires pour les deux. La crise renforce le besoin de coopération internationale sur les priorités, notamment pour combler les lacunes en personnels de santé et garantir un accès équitable aux nouveaux diagnostics, aux médicaments et aux vaccins. Si elles sont conservées, les innovations positives mises au point pendant la pandémie, dans les modèles de prestation de services, les technologies d’information, l’élaboration de produits, le financement, la gouvernance et les méthodes de travail, contribueront aux progrès aussi bien sur la sécurité sanitaire que sur la CSU.

4. Mouvements locaux et mondiaux pour des objectifs de santé communs

Les gouvernements doivent travailler étroitement avec les communautés locales dans le cadre de la solution à la pandémie ; c’est aussi l’une des principales leçons de la crise du virus Ebola en 2014-2015. Pour que les populations soient mieux protégées à l’avenir, il faut que les gouvernements créent un espace où les communautés pourront participer activement à la mise au point de systèmes de santé plus équitables. Des voix fortes de la société civile ont un rôle vital pour exiger des systèmes de santé qui protègent tout le monde.

Ces conclusions, au même titre que le projet de programme d’action mis en avant par le document de réflexion, sont importantes. Face au COVID-19, nous devons être unis pour renforcer les systèmes de santé, spécialement les soins de santé primaires, à la fois pour répondre efficacement aux urgences et pour desservir l’ensemble de la population, en ne laissant personne de côté. 

Lire le document de réflexion de la CSU2030  – Vivre avec le COVID-19 : il est temps de nous organiser face aux urgences sanitaires et à la CSU

Regarder l’enregistrement de l’événement de lancement du document de réflexion de la CSU2030

Photo : Un centre de test du COVID-19 à Madagascar © Henitsoa Rafalia/Banque mondiale

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