Replacer la santé en tête de l’agenda politique – les réunions de haut niveau des Nations Unies sur la santé en 2023

Cet article a été initialement publié le 28 mars 2023 dans The Lancet Global Health.

Auteurs : Svetlana Akselrod, Gabriela Cuevas Barron, Katie Dain, Lucica Ditiu, Helga Fogstad, Corine Karema, Justin Koonin, Akihito Watabe.

Replacer la santé en tête de l’agenda politique – les réunions de haut niveau des Nations Unies sur la santé en 2023

En septembre 2023, les dirigeants mondiaux disposeront d’une occasion unique de s’engager à renforcer les systèmes de santé, à mettre fin à la tuberculose et à dynamiser les progrès en matière de santé pour tous, alors que trois réunions de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la santé se tiendront consécutivement à New York (États-Unis). Ces réunions de haut niveau sur la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies ; sur la couverture sanitaire universelle (CSU) ; et sur la tuberculose – qui auront lieu du 20 au 22 septembre – peuvent aider à placer la santé en tête de l’agenda politique. Cela est d’autant plus urgent que la plupart des cibles liées à la santé des objectifs de développement durable (ODD),¹ y compris celles sur la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies, la CSU et la tuberculose, ne sont plus en vue et que la pandémie de COVID-19 a creusé les inégalités. La recrudescence des conflits et des menaces liées au changement climatique a exposé les pays et les populations vulnérables à des risques encore plus grands, qu’il s’agisse des nouveaux défis sanitaires ou de la justice sociale.

Cependant, cette période de crises multiples et complexes offre également une occasion précieuse de travailler ensemble et de mettre à profit les leçons tirées de la pandémie. Nous pouvons mobiliser les dirigeants mondiaux pour qu’ils prennent des engagements concrets soutenus par des investissements pour des systèmes de santé équitables, résilients et durables. Nous pouvons utiliser ces trois réunions de haut niveau pour renforcer les synergies entre les ODD liés à la santé et aider les gouvernements à hiérarchiser efficacement les besoins en matière de santé afin de relever de multiples défis tels que l’augmentation de la charge de morbidité causée par les maladies non transmissibles et les troubles de la santé mentale, et les progrès limités dans la riposte en cours aux maladies transmissibles. Nous avons la possibilité de veiller à ce que des millions de personnes, jeunes et âgées, en particulier les femmes, les enfants et les adolescents, puissent accéder aux services de prévention, de diagnostic et de traitement de qualité dont elles ont besoin à un coût abordable.

En 2021, en tant que Coalition de partenariats pour la CSU et la santé mondiale,² nous nous sommes ralliés derrière un objectif commun consistant à aligner les efforts de sensibilisation et de responsabilisation pour atteindre la CSU et les autres ODD liés à la santé. Aujourd’hui plus que jamais, nous soutenons cet objectif et les efforts collectifs menés.

Le renforcement de l’intégration à tous les niveaux de soins et tout au long du parcours de vie, ainsi que l’élargissement de l’accès à des services de santé véritablement centrés sur la personne, se sont révélés difficiles dans les pays. Pour y remédier, il convient, dans le cadre des plans nationaux de santé, de mieux réfléchir aux actions prioritaires pour les systèmes de santé et à des approches intégrées disposant de budgets adéquats, d’une mise en œuvre efficace et d’un financement. Malgré l’augmentation continue des dépenses globales de santé pendant la pandémie de COVID-19,³ de nombreuses interventions sanitaires essentielles ont manqué de financement. De nombreux pays doivent mettre la priorité sur l’attribution d’un financement suffisant aux programmes de santé essentiels.⁴

Grâce aux trois réunions de haut niveau de cette année, les dirigeants mondiaux peuvent s’engager en faveur d’une architecture de santé mondiale plus efficace, de partenariats plus étroits et responsables, et de mesures de transformation pour garantir des systèmes de santé équitables, résilients et durables, et répondre ainsi aux besoins de tous en période de crise comme en période de calme. Les pays dotés de systèmes de santé centrés sur la personne et axés sur l’équité, de soins de santé primaires et d’une participation communautaire solides, sont plus résilients, durables et mieux préparés à répondre aux crises, notamment en maintenant l’accès aux services essentiels dans des conditions d’urgence.⁵

Les gouvernements doivent fournir une protection financière pour réduire au minimum les paiements directs par les patients afin que les populations vulnérables puissent continuer à accéder à tout moment aux soins et aux services dont elles ont besoin. Nous savons que les problèmes qui affectent l’accès et l’utilisation des services de santé, tels que les migrations, les catastrophes naturelles et le changement climatique, nécessitent une solidarité entre les pays. Nous savons aussi que lorsque des politiques efficaces répondent de manière inclusive aux besoins des gens, ces problèmes peuvent être vraiment pris en main. Il est primordial d’identifier, d’atténuer et de surmonter les obstacles liés aux droits humains et au genre si nous voulons parvenir à la santé pour tous.

En mars 2023, le Mouvement pour la CSU a lancé un programme d’action,⁶ reconnaissant que tous les pays ont besoin de mesures et de jalons plus ambitieux et concrets pour faire progresser la CSU. Jusqu’à présent, l’engagement politique a été substantiel, mais il faut faire davantage pour que les pays soient sur la bonne voie pour atteindre les cibles fixées. Reconnaissant que le renforcement des systèmes de santé, la fin des épidémies telles que la tuberculose et le paludisme, et la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies vont de pair, la déclaration politique sur la CSU pourra s’appuyer sur le programme d’action qui sera aussi utile aux autres déclarations liées à la santé.

En tant que coalition, nous exhortons tous les dirigeants à s’unir derrière ce programme de santé cohérent et intégré. Plus précisément, le programme d’action fournit un schéma directeur pour des domaines qui ne peuvent pas être négligés, tels que les personnels de santé, le financement, et l’égalité des genres, et pour veiller à intégrer la sécurité sanitaire aux systèmes de santé.

En septembre prochain, les trois réunions de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la santé et le Sommet sur les objectifs de développement durable nous offrent l’occasion de réfléchir aux progrès réalisés – et aux lacunes – dans le respect des engagements en faveur de la santé mondiale adoptés par les précédentes assemblées générales des Nations Unies depuis 2015,⁷ de renforcer la responsabilité collective, et de nous engager à apporter des changements véritablement transformateurs à l’horizon 2030.

Pour qu’à tout moment le caractère prioritaire de la santé retienne l’attention des chefs d’État, nous appelons à la tenue de sommets d’examen des progrès dans ce domaine tous les deux ans, lors des assemblées générales des Nations Unies – soit en 2025, 2027 et 2029 – en plus des réunions de haut niveau spécifiques, et ceci afin de renforcer la cohérence et de tirer parti des synergies entre les processus existants, tous les ODD liés à la santé répondant à un objectif commun : faire en sorte que la santé pour tous devienne une réalité pour tout un chacun, partout.

Nous ne déclarons aucun conflit d’intérêts.

Références bibliographiques