Une déclaration des coprésidentes de la CSU2030 à l'occasion de...
4 avril 2023
Les projets concrets tels que le « Delivery Lab » de la Conférence internationale pour le programme de santé en Afrique et le Programme d’action de la CSU2030 sont des moteurs nécessaires en amont de la réunion de haut niveau des Nations Unies sur la CSU
Par Karim Bendhaou, Commissaire pour l’état d’avancement de la CSU en Afrique, Président du comité de mobilisation pour l’Afrique de l’IFPMA – partenaire de longue date du groupe du secteur privé de la CSU2030 et Chef du Bureau Afrique du Groupe Merck
Le Programme d’action du mouvement pour la CSU, qui a été élaboré pour servir de guide dans le cadre de la préparation de la réunion de haut niveau des Nations Unies qui se tiendra en septembre 2023, appelle à un engagement multisectoriel accru et encadré qui fasse progresser la couverture sanitaire universelle (CSU). Ce blog souligne comment le lancement du laboratoire de prestation de la CSU lors de la Conférence internationale pour le Programme de santé en Afrique (AHAIC) tenue en mars s’inscrit dans le cadre de l’action collective visant à donner un nouvel élan aux progrès vers la santé pour tous. Les projets concrets comme celui-ci, conforme à l’ensemble des domaines d’action définis dans le Programme d’action de la CSU2030, sont des moteurs nécessaires en amont de la réunion de haut niveau des Nations Unies sur la CSU qui se tiendra en septembre.
Ce mois-ci, j’ai eu le privilège de retourner à Kigali, au Rwanda, après le lancement du rapport sur l’état de la couverture sanitaire universelle en Afrique, pour observer les prochaines avancées en vue de parvenir aux services de santé pour tous. Depuis le lancement du rapport en 2021, Amref Health Africa travaille en coulisses pour mettre au point le laboratoire de prestation de la CSU.
En collaboration avec les gouvernements, les décideurs politiques et les équipes chargées de la mise en œuvre, l’objectif du laboratoire est de résoudre les défis auxquels sont confrontés différents pays – à commencer par le Sénégal, l’Éthiopie et le Kenya – et de les soutenir dans leur cheminement vers la CSU. Le laboratoire aidera les pays et les institutions à contextualiser et à mettre en œuvre les recommandations pour parvenir à la CSU en Afrique en identifiant les occasions de collaboration, en concevant les systèmes de soins de santé primaires comme fondement de la CSU, et en réunissant les parties prenantes essentielles pour discuter de la mise en œuvre de la CSU en Afrique.
Trois points ressortent du lancement du laboratoire de prestation de la CSU :
Leadership politique pour des collectivités en meilleure santé et des économies plus fortes
Avant la pandémie, améliorer l’état de la CSU en Afrique était urgent. Après la COVID-19, c’est un impératif – il convient de s’attaquer aujourd’hui aux fardeaux auxquels la santé publique est confrontée et sur cet investissement repose la sécurité sanitaire mondiale future.
Comme le montre le rapport sur l’état de la CSU en Afrique, moins de 50 % des Africains ont accès aux services de santé dont ils ont besoin. Ce chiffre est encore plus faible pour les femmes et les filles, ainsi que pour d’autres groupes vulnérables, tels que les pauvres, les handicapés et les communautés lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et queers (LGBTQ). Des millions d’Africains sont confrontés à des difficultés financières en raison des dépenses de santé à leur charge ou souffrent du manque de services de santé de qualité. Pour concrétiser les ambitions communes de ne laisser personne de côté et de garantir l’égalité des genres dans le domaine de la santé, il faut faire plus.
Les pays africains œuvrent à la réalisation de la CSU depuis 20 ans. En 2001, les pays de l’Union africaine se sont réunis à Abuja et se sont engagés à allouer au moins 15 % de leur budget annuel au financement durable de la santé. Dans les années qui ont suivi, les gouvernements africains ont réaffirmé leur volonté de lutter pour une santé équitable de leurs populations et de parvenir à la CSU, en travaillant dans tous les secteurs pour faire de cette promesse une réalité.
Cependant, seuls 37 % des pays d’Afrique se sont formellement engagés en faveur de la CSU. Certes, investir dans la CSU pour renforcer les systèmes de santé peut avoir un coût initial élevé, mais les avantages à long terme d’une société en meilleure santé sont essentiels à la croissance économique et au développement. La CSU devrait être perçue comme un investissement non seulement en faveur de la santé, mais aussi en faveur d’économies plus fortes.
Comme l’a dit Paul Kagame, Président du Rwanda, « le lien entre la santé et la croissance économique est clair. Lorsque les gens ne sont pas malades, cloués au lit ou à l’hôpital, ils peuvent aller travailler. » Mais l’impact plus large de ces investissements n’est pas toujours évident. Par exemple, au cours des deux dernières décennies, chaque dollar dépensé en médicaments essentiels en Afrique a généré 20 dollars de plus en avantages sociaux et économiques. Chaque dose de vaccin injectée dans le bras d’un enfant agit comme une dose d’adrénaline au cœur de l’économie.
Des engagements politiques durables en faveur de la CSU en Afrique sont essentiels, de plus en plus de pays africains adoptant des politiques et des législations sur la CSU qui répondent aux besoins spécifiques de la population, permettent d’investir dans les soins de santé primaires par le biais d’approches systémiques, soutiennent les technologies de la santé et garantissent un financement adéquat.
Travailler en partenariat, mobiliser le secteur privé
Alors que les pays africains se relèvent de la Covid-19, il existe un nouvel élan en faveur d’un engagement dans tous les secteurs afin de concevoir à nouveau des systèmes de soins de santé primaires capables de gérer les crises sanitaires futures comme les défis sanitaires actuels.
Un écosystème où l’innovation est florissante constitue une composante cruciale de la CSU en Afrique. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, le secteur privé est à la fois un co-investisseur et un partenaire de réflexion pour élargir l’accès aux produits et aux services de santé, ainsi que pour renforcer les capacités locales. C’est aussi un moteur pour faire progresser les nouvelles technologies, techniques et innovations en matière de prestation de services qui peuvent améliorer et assurer efficacement la santé pour tous.
Les gouvernements doivent commencer à voir la véritable valeur du secteur privé dans la prestation des services de santé en Afrique. Le groupe du secteur privé de la CSU2030, dont l’IFPMA fait partie, joue un rôle important en illustrant les engagements et les contributions du secteur privé pour faire progresser les objectifs de la CSU en Afrique et dans le monde.
L’industrie pharmaceutique innovante prend déjà des mesures pour un environnement propice aux industries de la santé en Afrique, que ce soit en se joignant à la publication de la déclaration du Forum des affaires UE-Afrique, en appelant les partenaires commerciaux africains et européens à soutenir un environnement propice aux industries de la santé en Afrique ou en contribuant au Partenariat pour la fabrication de vaccins en Afrique (PAVM).
Mettre en place des systèmes de réglementation et des personnels de santé résilients
Un environnement porteur attire les investissements durables. Nous devons travailler ensemble pour faire progresser la fabrication et la production locales, tout en nous attaquant aux obstacles réglementaires et en renforçant les institutions africaines comme l’Agence africaine du médicament.
La plupart des États Membres de l’UA ont signé l’accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) qui a également le potentiel d’engendrer un développement économique qui renforce le secteur de la santé, en élargissant les marchés de manière à encourager les investissements durables et à réduire les obstacles commerciaux aux soins de santé.
Nous avons également besoin de personnels qualifiés. Un environnement de travail stable, respectueux de l’éthique et qui favorise l’innovation locale, contribue à encourager et à fidéliser ces personnels. Il s’agit notamment du personnel nécessaire pour assurer la production et la prestation de services de santé de qualité, depuis les techniciens jusqu’aux gestionnaires de la chaîne d’approvisionnement. En outre, dans tous les secteurs – y compris le secteur privé – nous devons contribuer à la formation, à la fidélisation, à l’équipement et à la protection des professionnels de la santé et créer des occasions pour les femmes – la majorité de nos agents de santé – de s’épanouir.
Le dénominateur commun de ces points, c’est la collaboration. Les travaux du laboratoire de prestation de la CSU ne peuvent être menés de manière isolée. Tous les secteurs contribuent à tracer le chemin vers la CSU en Afrique. C’est le seul moyen d’y parvenir, en collaboration avec d’autres personnes attachées à la vision de la CSU2030, à savoir la santé pour tous.
Catégorie: Secteur privé