La CSU2030 a organisé sa réunion annuelle à l'occasion de la...
9 mars 2021
Par la Dre Agatha Olago, Cheffe de la Division des services de santé primaires et de la médecine familiale au Ministère de la santé, Kenya, et Maisoon Chowdhury, Déléguée principale aux programmes, Primary Health Care Performance Initiative.
Quel impact a eu le COVID-19 sur les systèmes de soins de santé primaires (SSP) et quelles sont les possibilités de surmonter les obstacles et de faire des « SSP pour la CSU » une réalité ? Ce blog examine l’expérience du Kenya.
Cette semaine, les participants à la Conférence internationale 2021 pour le programme de santé en Afrique (AHAIC2021) se demandent comment accélérer les progrès vers la couverture santé universelle (CSU) dans le sillage de la pandémie de COVID-19 et se penchent sur d’autres problèmes de santé pressants sur le continent africain. En même temps, un million de doses du vaccin AstraZeneca-Oxford contre le COVID-19 arriveront à Nairobi par le biais de la Facilité COVAX, en priorité pour les agents de santé kényans de première ligne. Ce moment historique offre la possibilité d’étudier les politiques actuelles et d’imaginer comment les redéfinir plus fortes qu’avant, en jetant ainsi les fondations pour des systèmes de santé plus équitables et plus résilients.
Impact du COVID-19 sur les SSP
Quand le premier cas de COVID-19 a été notifié au Kenya en mars 2020, le groupe de travail multi-agences récemment formé a immédiatement pris des mesures de lutte. Le transport aérien a cessé, la quarantaine a été déclarée, des couvre-feux, des confinements et des mesures de distanciation sociale ont été mis en œuvre, dans un effort pour ralentir la diffusion du nouveau virus. Au début de la pandémie, le Ministère de la santé a ordonné aux hôpitaux du pays de reporter les interventions chirurgicales non urgentes, afin de diriger toutes les ressources disponibles vers la lutte contre la pandémie, et beaucoup de centres de santé ont arrêté d’assurer les services pour les maladies non transmissibles.
Malheureusement, les mesures de lutte contre la pandémie ont eu des répercussions importantes sur l’utilisation des services de SSP. Les déplacements ont été restreints pendant la nuit, ce qui a limité l’accès aux services de santé d’urgence pendant les heures nocturnes. Des centres publics et privés ont fermé, car plusieurs établissements ont été désignés comme centres d’isolement pour les patients COVID-19 et d’autres en raison du manque d’équipement de protection individuelle. Le public n’était pas non plus suffisamment informé de la disponibilité de certains services et pour les personnes qui étaient au courant, le coût élevé des moyens de transport limités a aussi contribué à faire reculer le nombre de patients en mesure de bénéficier des services de santé.
L’utilisation de beaucoup de services de santé essentiels et de routine a chuté considérablement, notamment la vaccination systématique des enfants, les services ambulatoires pour la population générale, les soins prénatals des femmes enceintes, la supplémentation en vitamine A, la gestion des MNT et le dépistage du cancer du col de l’utérus. De plus, l’identification et le traitement des maladies transmissibles, en particulier du paludisme et de la tuberculose, et l’inscription de nouveaux patients séropositifs au VIH pour le traitement antirétroviral ont aussi enregistré un recul sensible. Néanmoins, certains services de santé de santé primaires ont été plus résilients que d’autres. Par exemple, les programmes de traitement du VIH pour les patients déjà pris en charge ont pu se poursuivre avec des perturbations minimales, puisque les modèles de programmes étaient déjà en place pour garantir une communication ininterrompue entre les patients et les prestataires de soins.
Surmonter les obstacles
Si le COVID a exigé une réallocation du temps et des services, le Ministère a accordé la priorité à la préservation de l’accès aux services de santé essentiels. Le groupe de travail technique sur le maintien des services essentiels, sous-comité nouvellement formé du groupe de travail sur le COVID-19 relevant du Ministère de la santé, s’est centré sur l’identification de solutions pour que les gens puissent continuer à bénéficier des soins de santé dont ils avaient besoin, en reprenant certaines interventions non urgentes et en mettant l’accent sur certains services qu’il convenait de prioriser, comme les soins prénatals, les vaccinations et les services de santé de l’enfant. Les agents de santé ont trouvé des manières novatrices de coordonner le transport privé, en permettant aux véhicules de se déplacer pendant le couvre-feu afin de répondre aux urgences. Des équipes de soins ont aussi mis en œuvre des innovations à l’égard de nos modèles de prestation des services, en employant un système de communication moderne pour contacter les patients plusieurs fois par SMS et téléphone et les inviter à revenir pour leur prochain rendez-vous. Comme beaucoup d’autres pays dans le monde, la capacité d’assurer des services de télémédecine a permis de prodiguer des soins à distance, sans surcharger le système de santé.
Le Kenya a mis en place un centre d’appel, où le public peut obtenir des informations et des conseils, ainsi qu’un modèle de soins à domicile pour traiter les cas asymptomatiques et bénins de COVID-19. Les personnels soignants, avec l’appui des agents de santé communautaires, ont traité les patients à domicile plutôt qu’à l’hôpital. Avec l’augmentation de la transmission communautaire, ces interventions ont permis de réduire le nombre de contacts et les coûts associés avec des soins qui auraient été normalement dispensés en milieu hospitalier.
#PHC4UHC au Kenya
Depuis 2018, la couverture santé universelle est une priorité nationale au Kenya, le Gouvernement kényan a prévu de faire des investissements stratégiques dans le secteur de la santé pour s’assurer que tous les résidents au Kenya aient accès aux services de santé essentiels dont ils ont besoin d’ici à 2022. Cette promesse audacieuse a aidé les autorités à se centrer sur l’identification et le traitement des obstacles au sein du système de santé.
En tant que pays précurseur du partenariat PHCPI, le Kenya s’est engagé à renforcer les soins de santé primaires et la lutte contre le COVID-1 a mis encore plus en lumière le rôle capital des SSP pour répondre aux besoins de la communauté pendant les crises, mais aussi lorsque le calme sera revenu. Dans sa riposte au COVID-19, le Kenya s’est appuyé sur les SSP et les agents de santé communautaires, qui sont essentiels pour la capacité de réaction d’un pays aux menaces pesant sur la sécurité sanitaire. La pandémie a montré toute l’importance de systèmes de santé résilients pour répondre aux épidémies, et a révélé que les investissements en faveur des soins de santé primaires sont impératifs pour garantir cette résilience.
Aspirations à la réalité
Ces dernières années, la communauté internationale a galvanisé l’attention autour du rôle central des SSP. Depuis la ratification en 2018 de la Déclaration d’Astana jusqu’aux résolutions sur les SSP de la 72e Assemblée mondiale de la Santé et à la réunion de haut niveau des Nations Unies consacrée à la CSU, la réalité selon laquelle les SSP peuvent stimuler nos aspirations communes a suscité un regain d’intérêt.
Alors que les dirigeants et les activistes se réunissent pour la conférence AHAIC2021 cette semaine afin d’envisager les priorités de la réponse actuelle au COVID-19 et de la reprise, nous espérons qu’ils continueront de mettre l’accent sur les SSP pour la CSU. Le COVID-19 nous a fait comprendre combien les systèmes de santé peuvent être fragiles dans beaucoup de pays et a rappelé au monde l’importance capitale de la santé pour tous. La crise a renforcé les arguments nous enjoignant à ne laisser personne de côté, et a montré qu’en investissant en faveur des SSP, il est possible de poser la clef de voûte de systèmes de santé qui nous protègent tous.
À propos des autrices
La Dre Agatha Olago est Cheffe de la Division des services de santé primaires et de médecine familiale au Ministère de la santé du Kenya. Twitter : @AgathaOlago
Maisoon Chowdhury, titulaire d’un mastère en santé publique, est déléguée principale aux programmes à la Primary Health Care Performance Initiative, un partenariat de la Fondation Bill et Melinda Gare, l’Organisation mondiale de la Santé, la Banque mondiale et l’UNICEF, en collaboration avec Ariadne Labs et Results for Development. En qualité d’initiative apparentée à la CSU2030, la PHCPI se consacre à transformer la situation mondiale des soins de santé primaires, à commencer par de meilleures mesures. En savoir plus sur la PHCPI ici. Twitter : @ImprovingPHC
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Ce blog de la Primary Heath Care Performance Initiative fait partie d’une série de blogs des initiatives apparentées à la CSU2030 qui travaillent sur les systèmes de santé. Les initiatives apparentées à la CSU2030 encouragent une action collective pour des systèmes de santé plus solides qui protègent tout le monde. En savoir plus.
Photo : OMS / Light in Captivity
Catégories: Ne laisser personne de côté, Investir plus, investir mieux