Une déclaration des coprésidentes de la CSU2030 à l'occasion de...
23 avril 2021
Un message du Global Health Workforce Network
Des systèmes de santé forts et résilients dépendent des agents de santé. Même avant la pandémie de COVID-19, la capacité d’assurer des services de santé essentiels était limitée dans beaucoup de pays en raison de pénuries persistantes de personnels de santé et d’un déficit prévu de 18 millions d’agents de santé d’ici à 2030.
La pandémie a exposé plus clairement les conséquences de ces manques sur les systèmes de santé, tout en ouvrant de nouvelles voies pour recruter et former rapidement les personnels soignants. Elle a mis encore plus en évidence combien il est important de mobiliser des investissements durables à long terme en faveur des personnels soignants pour attirer, déployer et fidéliser, le temps qu’il faut, suffisamment d’agents de santé et les doter des compétences et des équipements leur permettant de faire leur métier en toute sécurité. Plus d’un an après le début de la pandémie, quelles sont les principales leçons que nous avons tirées quant à son impact sur les agents de santé ? et comment pouvons-nous mobiliser au mieux les personnels de santé pour répondre aux priorités et aux pénuries pendant les urgences ?
1. Dans beaucoup de pays, la crise a magnifié des pénuries de main-d’œuvre préexistantes
Beaucoup de pays ont fait face à l’urgence du COVID-19 avec des pénuries de personnels de santé dans des catégories professionnelles clés et/ou des répartitions régionales déséquilibrées des agents de santé, aboutissant à la désorganisation d’autres services de santé essentiels, puisque beaucoup d’agents de santé existants ont été redéployés. De plus, en 2020, des tensions accrues ont été placées sur la main-d’œuvre de santé par les infections du COVID-19 chez les personnels soignants, la charge de travail croissante dans des conditions difficiles et l’impact de la crise sur la santé mentale des agents de santé. Dans beaucoup de pays, les femmes, qui représentent la majorité des personnels de santé, ont été touchées de manière disproportionnée. Beaucoup d’agents de santé ont dû être placés en quarantaine, sont tombés malades, sont morts ou ont dû s’absenter de leur travail. Cela a eu des répercussions négatives sur les agents de santé eux-mêmes, mais aussi sur la capacité des systèmes de santé de répondre au COVID-19 et de maintenir d’autres services essentiels. Les principes directeurs et les outils de l’OMS ainsi que la disponibilité élargie d’équipement de protection individuelle ont permis aux pays de contenir les taux d’infection parmi les agents de santé.
2. La planification des personnels soignants est un élément crucial de la réponse d’urgence
La planification du déploiement de la main-d’œuvre de santé « en temps de paix » et pendant les premières phases d’une crise peut étayer une réponse plus efficace. Cela requiert une information ponctuelle sur les personnels soignants par profil professionnel et répartition dans un pays. Cette information est utile pour planifier les besoins en main-d’œuvre par phase de stratégie de mise en œuvre pour la réponse à la crise, par catégorie professionnelle (spécialistes, médecins généralistes, personnel infirmier, thérapeutes, aides-soignants, etc.) et pour différents niveaux d’établissements de santé (par exemples services de soins intensifs et intermédiaires). Les outils existants ont dû être modifiés pour tenir compte du pourcentage de personnels soignants infectés ou en quarantaine, alors que certains pays ont élargi la planification de la main-d’œuvre pour y inclure, par exemple, des étudiants et des retraités.
3. Les pays ont appliqué plusieurs mesures pour maintenir ou élargir les ressources humaines de santé afin de faire face à l’urgence du COVID-19
Beaucoup de pays ont trouvé des moyens d’engager des agents de santé en vue de satisfaire les besoins essentiels et corriger les pénuries critiques. Ils ont adopté des réglementations et des politiques pour faciliter le recrutement et le déploiement de personnel supplémentaire, de même que la réaffectation du personnel existant. En identifiant et comprenant les mécanismes utilisés par les pays (tels que les procédures de recrutement, le type de redéploiement, les mesures d’encouragement), il sera possible de connaître les meilleures manières d’investir et de s’attaquer aux pénuries pendant de futures urgences. Cela peut inclure : la création de voies plus rapides de recrutement ou l’autorisation de contrats indépendants plus nombreux, souvent étayés par la législation d’urgence ; la réorganisation des équipes, le transfert des compétences (c’est-à-dire l’introduction d’une certaine souplesse dans la réalisation de tâches précises pour différentes catégories professionnelles) et la réaffectation des personnels au sein d’établissements ou entre régions ; le recrutement de profils professionnels prioritaires, la mobilisation d’agents de santé à la retraite (notamment des services miliaires et de police) et la souplesse dans l’autorisation et la reconnaissance des qualifications, notamment en faisant appel à des étudiants proches de la fin de leur formation. Parallèlement au traitement des pénuries immédiates, garantir la sécurité de l’emploi et la sécurité sociale des personnels de santé reste un défi à long terme.
4. Investir dans des compétences et de nouveaux modèles de prestation : compétences existantes et nouvelles pour une nouvelle maladie
Le COVID-19 a nécessité une formation sur de nouvelles compétences afin d’assurer les bonnes interventions pour les personnes infectées par le virus COVID-19 ou en ayant recours à la télémédecine pour assurer les services de santé si les malades ne pouvaient se rendre dans les établissements de santé. La télésanté et la télémédecine sont des options utiles pour élargir l’accès aux soins et contribuer à la réduction des infections. Beaucoup de pays ont pris des actes administratifs pour accélérer et faciliter ces options. Il est probable qu’il faudra néanmoins garantir une formation et une mise à niveau des connaissances et créer des directives sur l’emploi des innovations comme la télésanté après la pandémie.
5. Protéger les agents de santé, qui nous protègent tous
Les infections des agents de santé menacent non seulement leur bien-être, mais aussi le système de santé, puisqu’elles aggravent les pénuries de main-d’œuvre et amenuisent la capacité de riposte. Le COVID-19 est extrêmement transmissible et peut provoquer de graves complications. Puisque beaucoup de pays manquaient d’équipement de protection individuelle, les agents de santé ont été exposés au risque d’infection et à des tensions accrues relatives aux dangers potentiels pour eux-mêmes et leur famille. La pandémie a montré qu’il est capital de protéger les agents de santé pour garantir un système de santé en bon état de marche et une société qui fonctionne. La prévention de l’infection par le COVID-19 chez les agents de santé requiert des stratégies réactives qui intègrent les conseils techniques, la formation et la distribution d’équipement de protection individuelle, l’accès au dépistage systématique et (le cas échéant) la reconnaissance du COVID-19 comme maladie professionnelle. Pour la même raison, il est capital que les agents de santé soient désormais prioritaires alors que les pays déploient la vaccination contre le COVID-19.
6. Investir dans les enseignements et les données concrètes pour l’avenir
Les pays et la communauté internationale ont compris qu’ils ont besoin d’informations en plus grande quantité et de meilleure qualité pour surveiller l’impact du COVID-19 sur les personnels de santé et la réponse politique donnée. C’est particulièrement vrai en 2021, année internationale des personnels de santé et d’aide à la personne, et il est vital de réagir rapidement à la crise qui ne cesse d’évoluer et de mieux se préparer à des urgences futures. Cela suppose d’identifier les données qu’il convient de recueillir et les méthodes permettant d’évaluer l’impact sur les personnels de santé, et les investissements, politiques et réglementations spécifiques propres à faciliter un nombre suffisant et une répartition judicieuse d’agents de santé correctement formés et équipés.
La plateforme du marché du travail dans le secteur de la santé du Réseau mondial des personnels de santé prépare une trentaine d’études de cas de pays d’Afrique et d’Amérique latine pour évaluer l’effet du COVID-19 sur les agents de santé, et les réponses politiques qui ont été introduites. Si ce thème vous intéresse, vous pouvez vous inscrire sur la plateforme du marché du travail dans le secteur de la santé.
Concernant l'auteur:
Juana Paola Bustamante Izquierdo est une économiste du travail a l'OMS, equipe du Global Health Workforce Network - Labour Market Hub
Cet article du Global Health Workforce Health Labour Market Hub fait partie d'une série publié par les Initiatives apparentées. Les Initiatives apparentées font la promotion de l'action collective pour améliorer les systèmes de santé qu'ils protegent tout le monde. Find out more.
Photo : Covid19 Italie © OMS / Lindsay Mackenzie
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