3 mai 2023

Les membres du groupe consultatif politique exhortent tous les pays à s'unir derrière le programme d'action.

Groupe consultatif politique du Mouvement pour la CSU publie un article d'opinion dans Lancet Global Health

Réaliser le droit à la santé pour tous – la couverture santé universelle est le moyen d’y parvenir

Auteurs : Maria Fernanda Espinosa, Vytenis Povilas Andriukaitis, Ilona Kickbusch, Sania Nishtar, Emilia Saiz, Keizo Takemi, Gabriela Cuevas Barron, Justin Koonin, Akihito Watabe au nom de la CSU2030

Cet article a été publié pour la première fois dans The Lancet Global Health.

La pandémie de COVID-19 a eu des effets dévastateurs sur la santé des populations, l’égalité des genres et le développement durable, et a creusé les inégalités entre pays et à l’intérieur de ceux-ci1. Du fait des multiples crises actuelles, nous risquons une fragmentation encore plus grande de l’architecture dans le domaine de la santé mondiale. En 2023, notre approche de la santé mondiale ne peut être une continuation du passé. La pandémie de COVID-19 nous a montré que les pays, les régions et le système multilatéral doivent mieux se préparer à répondre aux menaces émergentes pour la santé, y compris le changement climatique et les crises humanitaires.

Cette année, le sommet du G7 à Hiroshima et l’Assemblée mondiale de la Santé en mai, ainsi que le sommet du G20 à New Dehli et les réunions de haut niveau des Nations Unies consacrées à la santé en septembre, seront des moments clés permettant aux gouvernements d’agir et de concrétiser un recentrage fondamental. La priorité accordée à la santé est une occasion unique d’investir dans des systèmes de santé résilients, équitables et durables qui nous mettront sur la bonne voie pour atteindre, d’ici à 2030, les objectifs de développement durable (ODD) fixés par l’Assemblée générale des Nations Unies en 20152. Néanmoins, pour réaliser les objectifs convenus au niveau international, il faudra compter sur une solide collaboration et mieux comprendre la manière dont les crises modernes sont inextricablement liées.

Des systèmes de santé solides résistent mieux aux chocs et récupèrent plus vite. Pendant la pandémie de COVID-19, les pays avec des systèmes équitables axés sur les soins de santé primaires ont pu intensifier les services fournis aux patients atteints du COVID-19 tout en continuant à garantir la satisfaction d’autres besoins essentiels de santé3. Au cours des trois réunions de haut niveau qui seront consacrées à la santé en septembre 2023, nous pouvons nous inspirer de ces leçons tirées de la pandémie de COVID-19, en reconnaissant que la préparation aux urgences sanitaires et la couverture santé universelle (CSU) sont des objectifs inextricablement liés que nous pouvons atteindre par le biais du même système de santé. Dans l’optique de 2030, la CSU2030 accélérera les progrès durables vers la CSU, en se centrant sur la mise en place de systèmes de santé équitables et résilients, qui ne laissent personne de côté, et sur la protection contre les urgences sanitaires mondiales.

En mars dernier, le mouvement pour la CSU a lancé un plan d’action4 qui propose aux pays des mesures concrètes pour progresser vers la CSU. Ce plan d’action guidera la déclaration politique de 2023 sur la CSU et d’autres processus relatifs à la santé en 2023 et au-delà. En notre qualité de membres du groupe consultatif politique auprès du mouvement pour la CSU et de coprésidents du Comité directeur de la CSU2030, nous exhortons les pays et les responsables de la santé dans le monde à s’unir autour de ce programme et à faire figurer ses huit domaines d’action dans la liste des mesures qui ne sauraient être négligées : 1) soutenir l’initiative politique pour la CSU ; 2) ne laisser personne de côté ; 3) adopter des législations et réglementations favorables ; 4) renforcer les personnels de santé et d’aide à la personne pour assurer des soins de qualité ; 5) investir plus, investir mieux ; 6) avancer ensemble vers la CSU ; 7) garantir l’égalité entre hommes et femmes ; et 8) connecter la CSU et la sécurité sanitaire. Ce sentiment d’urgence explique pourquoi, avant l’Assemblée mondiale de la Santé, nous prions les ministres de la santé d’encourager leurs chefs d’État à participer aux trois réunions de haut niveau et à relever le rang de la santé lors du sommet des Nations Unies sur les ODD en septembre 2023, avec des engagements ambitieux et concrets capables de garantir que la CSU soit reconnue comme le moyen d’assurer la santé pour tous.

Les dirigeants mondiaux doivent devenir les champions de la CSU et les gouvernements ont le devoir de réaliser le droit à la santé. Cela demande de la volonté politique et des politiques cohérentes, dotées de ressources suffisantes et de l’appui des chefs d’État, des ministres de la santé et des finances, des autorités locales et régionales de même que des parlementaires. La déclaration politique sur la CSU est essentielle pour chacun. En 2023, les dirigeants politiques auront une occasion unique de restructurer l’architecture sanitaire mondiale pour réaliser l’ODD 3 – bonne santé et bien-être.

Les dirigeants mondiaux doivent prendre conscience du fait que l’égalité entre hommes et femmes est capitale pour parvenir à la CSU. Dans beaucoup de pays, la santé est encore un privilège et elle n’est pas reconnue comme un droit fondamental, en particulier pour les femmes et les filles. Tous les gouvernements doivent s’engager en faveur de l’égalité des droits, de l’accès aux services sur un pied d’égalité et de la représentation de tous les genres dans le leadership politique et sanitaire grâce à des politiques qui tiennent compte du genre. L’égalité entre hommes et femmes favorise la santé et les femmes sont le fondement des systèmes de santé, car elles représentent près de 70 % du personnel sanitaire, alors qu’elles n’occupent que 25 % des fonctions de direction5.

Il faut que les dirigeants mondiaux agissent sans attendre pour réaliser le droit à la santé et ancrer ce droit dans la pratique. Les politiques et stratégies nationales de santé doivent être étayées par de solides cadres juridiques et régulateurs et des capacités institutionnelles de façon à répondre aux besoins, conformément aux accords internationaux, et ne laisser personne de côté. Il est souhaitable que les décideurs veillent à ce que les cadres soient axés sur l’humain, durables et indépendants des cycles politiques nationaux en travaillant avec les partis politiques d’opposition et en donnant la priorité à la santé de la population au-delà des lignes des partis.

Les dirigeants mondiaux doivent institutionnaliser des mécanismes pour une gouvernance inclusive de la santé. Il incombe au premier chef aux pouvoirs publics, y compris aux autorités locales et régionales, d’assurer la santé de la population, mais ils ne peuvent seuls mettre en place la CSU. Les gouvernements doivent établir une approche englobant l’ensemble de la société dans leurs processus et inclure les agents de santé communautaires de première ligne dans tous les mécanismes de prise de décision. La participation sociale et la coordination systémique de toutes les parties prenantes permettent de garantir que les politiques répondent aux besoins de tous, créent la base nécessaire pour que ces politiques inspirent confiance et rendent les systèmes de santé plus transparents et comptables de leurs activités.

Lors de la prochaine Assemblée mondiale de la Santé, tous les ministres de la santé devront soutenir la CSU, s’engager à nouveau en faveur de l’égalité entre hommes et femmes et ancrer la santé pour tous dans la pratique de leur pays. Il est nécessaire que les gouvernements associent la société civile et les communautés à tous les processus, qu’ils agissent et rendent compte de leur engagement.

Placer la santé au premier plan des programmes n’est pas synonyme de multiples processus, mais cela exige de s’unir autour de la santé pour tous et de construire une architecture dans le domaine de la santé mondiale plus cohérente. Les dirigeants doivent reconnaître que nous ne pouvons pas nous attaquer aux menaces émergentes pour la santé sans des systèmes de santé équitables et climatiquement résilients. En 2023, continuer comme par le passé n’est pas une option6. La convergence de crises à laquelle nous faisons face est trop grave et des millions de vies sont en jeu.

Nous déclarons n’avoir aucun conflit d’intérêts. Nous remercions Neena Joshi et Katri Bertram pour leur soutien dans la rédaction et l’édition de ce commentaire.

Références

  1. Paremoer L, Nandi S, Serag H, Baum F. Covid-19 pandemic and the social determinants of health. BMJ 2021; 372: n129.
  2. Nations Unies. Transformer notre monde : le Programme de développement durable à l’horizon 2030. 25 septembre 2015. sdgs.un.org/2030agenda (consulté le 25 avril 2023).
  3. Sachs JD, Abdool Karim SS, Aknin L, et al., The Lancet Commission on lessons for the future from the COVID-19 pandemic. Lancet 2022; 400: 1224–80.
  4. UHC2030. Agir en faveur de la couverture santé universelle. 2023. www.uhc2030.org/fr/reunion-de-haut-niveau-des-nations-unies-2023/ (consulté le 6 avril 2023).
  5. OMS. Combler l’écart en matière de leadership : équité de genre et leadership au sein des personnels de santé et d’aide à la personne dans le monde. Genève : Organisation mondiale de la Santé, 2021.
  6. United Nations. Fast facts on climate and health. Aug 10, 2021. https://www.un.org/sites/un2.un.org/files/2021/08/fastfacts-health.pdf (consulté le 6 avril 2023).

D'autres ressources : Agenda d'action du mouvement de la CSU

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