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13 juillet 2020
Par Robinah Kaitiritimba, Directrice exécutive de l’Organisation nationale ougandaise des consommateurs de santé (UNHCO) et membre du Groupe consultatif de l’OMS sur la gouvernance du secteur privé pour la couverture santé universelle.
La communauté scientifique mondiale et les responsables de la modélisation des progrès de la pandémie autour du monde sont en train de refaire leurs calculs.
Pourquoi l’Afrique a-t-elle jusqu’à présent été épargnée par la pandémie ? Où est la vague de COVID-19, qui devait submerger les systèmes de santé africains ? Ces questions ne veulent pas dire que la vague ne viendra pas, mais plutôt qu’elle n’est pas arrivée comme initialement prévu.
Alors que les théories ne manquent pas et que les modèles sont recalibrés, une pièce du puzzle se trouve dans l’expérience africaine de la santé ; le continent connaît bien les maladies transmissibles et les demandes incessantes des épidémies.
La plus récente de ces expériences est la maladie à virus Ebola. Les leçons émergeant de cette expérience ont montré combien il est important d’associer les communautés, le secteur privé et la société civile aux mesures de riposte. Certains pays africains se sont rapidement adaptés pour inclure une large palette de perspectives, de ressources et de structures. Le COVID-19 incite maintenant les nations africaines à réfléchir à ces expériences et à mettre en place une réponse forte et inclusive.
L’Ouganda est un pays qui possède une vaste expérience de réponses efficaces aux maladies transmissibles et aux épidémies. Il a fait œuvre de pionnier pour maîtriser le virus Ebola dans le nord du pays en 2000. Au centre de ce succès figurait la participation de multiples acteurs qui comprenaient le secteur privé et la société civile. Cette approche a favorisé la solidarité et une réponse communautaire efficace face aux interventions de santé publique. C’est conforme à la 6e demande clé du mouvement pour la couverture santé universelle, « avancer ensemble », qui nécessite d’établir des mécanismes multipartites pour mobiliser l’ensemble de la société pour un monde en meilleure santé.
L’importance d’une réponse inclusive et multipartite reste fondamentale dans le contexte du COVID-19. Le Gouvernement ougandais a agi rapidement en fermant les frontières du pays, en imposant un strict couvre-feu et en restreignant les déplacements. Il a néanmoins agi de manière unilatérale, en limitant les consultations et les contributions à la prise de décision. Si le Gouvernement ougandais a signalé peu de cas de COVID-19, ce résultat a été rendu possible aux dépens de l’action multisectorielle. Cette attitude a alimenté des revendications croissantes de la société civile et du secteur privé en vue d’une meilleure redevabilité.
Les acteurs ont différents rôles à jouer dans la riposte au COVID-19 :
- le Gouvernement définit et supervise la direction, la durée et l’étendue de la réponse ;
- le Ministère de la santé administre la réponse de santé publique ;
- la société civile, les communautés, les dirigeants traditionnels et les citoyens participent collectivement à la réponse ;
- le secteur privé de la santé contribue à la réponse de santé publique et, en tant que membres de la communauté, à l’engagement collectif.
Les leviers de redevabilité devraient agir ensemble et se renforcer mutuellement dans le cadre de la réponse multipartite. L’Ouganda ne fait pas exception à cette règle. Des leviers de redevabilité existent dans le pays, mais à ce jour, ils se sont plutôt concentrés sur ce qui ne marche pas dans la réponse au COVID-19. Par exemple, la société civile a été en première ligne pour :
- exposer les décès évitables et les souffrances des femmes enceintes en lien avec l’interdiction des transports ;
- plaider auprès des dirigeants nationaux pour que les services essentiels de santé maternelle et autres fonctionnent pendant la crise du COVID-19 ;
- parler du sort des personnes vivant avec le VIH et des difficultés qu’elles ont rencontrées pour accéder au traitement.
Ces exemples mettent en lumière l’importance de mesures correctives du Gouvernement, qui diffèrent des mesures multipartites collectives dans la réponse au COVID-19. L’Ouganda doit maintenant appliquer les enseignements qu’il a retirés de sa propre expérience de ripostes multipartites efficaces au cours d’autres épidémies et crises. En fait, ainsi que le Dr Tedros Adhanom, Directeur général de l’OMS, l’a remarqué, « c’est l’autonomisation des communautés et de la société civile qui aidera à vaincre le COVID-19 ».
Pour garantir une réponse multipartite forte, l’Organisation nationale ougandaise des consommateurs de santé et ses partenaires proposent les recommandations suivantes :
- promouvoir la confiance et l’appropriation de la communauté pour une réponse plus efficace au COVID-19 ;
- recruter les médias comme outil de participation et moyen d’amplifier les voix et la redevabilité ;
- mobiliser le secteur privé dans la réponse au COVID-19 et la prestation de services essentiels ;
- garantir la transparence du Gouvernement dans son utilisation des ressources pour le COVID-19, notamment les équipements de protection individuelle ;
- fournir des données en temps réel et mobiliser les parties prenantes – gouvernement, communauté et secteur privé – à l’appui d’une riposte à base factuelle au COVID-19.
Ainsi que le montrent les leçons de la réponse au virus Ebola, associer les communautés, le secteur privé et la société civile est crucial dans notre réponse au COVID-19, et dans nos progrès vers la CSU. Nous pouvons avancer ensemble, grâce à l’établissement de mécanismes multipartites qui mobilisent l’ensemble de la société pour un monde en meilleure santé, instaurant ainsi un contrat social entre le gouvernement, les secteurs public et privé de la santé et les citoyens.
À propos de l’auteur
Robinah Kaitiritimba est Directrice exécutive de l’Organisation nationale ougandaise des consommateurs de santé et membre du Groupe consultatif de l’OMS sur la gouvernance du secteur privé pour la CSU.
Le Groupe consultatif sur la gouvernance du secteur privé pour la CSU prodigue des conseils stratégiques sur l’élaboration d’une feuille de route sur le secteur privé de la santé et la prestation de services, qui met en évidence des comportements de gouvernance afin d’aligner les services de santé du secteur privé sur les objectifs de la CSU. Voir ici d’autres blogs relatifs au secteur privé et à la CSU.
Ce blog s’inscrit dans le cadre de la participation du secteur privé de la santé à l’initiative de l’OMS de prévention et contrôle du COVID-19.
Photo: OMS / Christopher Black
Catégorie: Ne laisser personne de côté