Une déclaration des coprésidentes de la CSU2030 à l'occasion de...
14 juin 2019
Événement parallèle lors de la 72e Assemblée mondiale de la Santé à Genève, le 21 mai 2019
« L’amour, l’affection et la confiance découlent de la justice sociale. La CSU se rapporte à la justice sociale », a affirmé le Dr Githinji Gitahi, PDG d’AMREF Health Africa et Coprésident du Comité directeur de la CSU2030.
C’est l’un des nombreux messages dynamiques prononcés au cours de l’événement parallèle des acteurs non étatiques organisé pendant la 72e Assemblée mondiale de la Santé en mai 2019. La société civile et les communautés ont mis leurs perspectives en commun et ont adressé un appel aux gouvernements et aux partenaires du développement en les exhortant à galvaniser l’action politique et l’élan requis pour stimuler des progrès sur la CSU dans l’optique de la réunion de haut niveau en septembre.
L’événement parallèle était organisé par Save the Children et parrainé conjointement par la CSU2030 et son Mécanisme de participation de la société civile (MPSC), la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), Global Health Council, Action contre la Faim et le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA).
Cet événement a rassemblé plusieurs voix différentes issues de la société civile, d’organisations communautaires, de représentants d’États membres et de partenaires du développement. Tous les participants ont échangé leurs expériences, leurs idées et leurs engagements en vue d’atteindre la santé pour tous, en ne laissant personne de côté.
Le Dr Githinji, qui a joué le rôle de modérateur, a souligné l’opportunité de cet événement puisque l’avant-projet de déclaration politique pour la réunion de haut niveau sur la CSU en septembre vient d’être publié et intègre beaucoup des demandes clés du Mouvement pour la CSU. Depuis l’an dernier, les groupes représentés au sein de la CSU2030 travaillent ensemble pour aider les deux modérateurs (les représentants de la Géorgie et de la Thaïlande) à recueillir l’opinion de différentes parties prenantes pour la déclaration politique finale sur la CSU.
Remarques de bienvenue
Dans ses remarques de bienvenue, Emanuele Capobianco, Directeur de la santé et des soins à la FICR, a souligné l’importance de l’action et de la redevabilité politique et sociale comme éléments qui aident à établir le contact entre le gouvernement et les communautés. Il a noté : « Ces deux éléments sont essentiels pour veiller à véritablement mettre en œuvre le principe voulant que nul ne soit laissé de côté et que le gouvernement et d’autres autorités soient tenus de rendre compte de leurs promesses. »
Témoignages d’organisations communautaires et de la société civile
Les organisations communautaires et de la société civile ont témoigné et partagé les leçons de leur propre travail et de la manière dont elles soutiennent chaque jour les progrès vers la CSU par leurs activités sur le terrain.
Mme Albertha Freeman, Responsable de la supervision des infirmières communautaires et représentante de la jeunesse au Libéria, a raconté comment elle travaille avec des populations rurales vulnérables dans les zones les plus reculées du Libéria. Elle a souligné combien il est important d’instaurer un climat de confiance et d’établir des interactions entre les communautés et les personnels de santé comme éléments clés qui permettent d’assurer des soins de santé primaires à assise communautaire aux Libériens qui vivent dans les régions les plus écartées. « Si nous continuons à investir en faveur de la qualité et des soins de santé primaires, nous pouvons tous parvenir à la CSU. Si vous pouvez promettre d’investir pour les personnels de santé, je promets de continuer chaque jour à travailler en première ligne », a-t-elle assuré.
Mme Vicky Okine, Directrice exécutive, Alliance for Reproductive Health Rights au Ghana, dirige une coalition d’organisations de la société civile qui préconisent de renforcer les systèmes de soins de santé primaires et le financement comme fondement du système de santé ghanéen dans l’optique de la CSU. Elle a décrit comment cette coalition, moyennant différentes activités, comme le renforcement des capacités, le plaidoyer par le biais des médias sociaux et l’utilisation de données à base factuelle, tente de mettre en place une approche qui demande des comptes au autorités sur le renforcement des SSP et l’amélioration de la qualité des services de santé. Elle a vivement insisté sur le fait qu’il est possible de réaliser la CSU en comptant sur un ensemble approprié de politiques, de systèmes et de financement ainsi que sur la volonté politique requise, à condition que nous travaillions tous ensemble.
M. Pavel Bezhuashvili, Croix-Rouge géorgienne – bénévole de santé communautaire, a décrit les efforts déterminants des bénévoles communautaires pour atteindre les personnes vivant dans des endroits reculés avec un accès limité à des services de santé de qualité. Il a expliqué l’importance du rôle des bénévoles de santé communautaires pour instaurer un climat de confiance entre la population et le système. « Les bénévoles de santé communautaires jouissent de la confiance de la population et nous sommes acceptés parce que nous avons une connaissance pratique de la véritable vulnérabilité et des inégalités. Nous sommes dépositaires de la confiance des gens et, à ce titre, nous pouvons faire office de médiateurs entre la communauté et les autorités. Les bénévoles communautaires sont la véritable voix de la population et assurent une fonction capitale pour aller dans le sens d’une meilleure santé », a-t-il affirmé.
Discussion dirigée
Garantir une participation constructive de la population, des communautés et de la société civile pour demander des comptes aux autorités
Un groupe varié d’intervenants des Ministères de la santé de la Thaïlande et de la Tunisie ainsi que des partenaires du développement de l’Agence japonaise de coopération internationale et du Mécanisme mondial de financement s’est concentré sur les questions d’action et de redevabilité dans différents contextes.
Mme Sonia Khayat, Directrice générale de la coopération internationale au Ministère de la santé en Tunisie, a évoqué l’expérience de son pays avec le Dialogue sociétal de la santé, un processus participatif et inclusif qui facilite le dialogue et la mise en commun d’expertise entre citoyens, professionnels de la santé et décideurs. Depuis 2012, la Tunisie a entamé une vaste réforme de son système de santé, avec en son centre la collaboration et la participation multipartite. Le document de politique nationale de santé sera présenté en juin et conclura un long processus en trois phases. « En Tunisie, les citoyens sont vus comme des participants à part entière de la gouvernance du système de santé », a remarqué Mme Khayat.
Le Dr Pisut Chunchongkolkul, Directeur, Programme politique international de santé, Ministère de la santé publique, Thaïlande, a mis en évidence la participation pertinente de la population aux aspects les plus importants de la CSU. Il a précisé : « En Thaïlande, la CSU concerne les gens, c’est une façon d’honorer nos citoyens et une participation véritable est l’un des aspects les plus importants de la CSU. » Il a aussi décrit comment l’Office national de sécurité sanitaire, qui est l’organisme thaïlandais de la CSU, est structuré afin que la voix de la société civile et de la population puisse se faire entendre et contribuer régulièrement à la définition des politiques.
Le rôle des partenaires du développement à l’appui de l’action des pays pour une approche holistique de la CSU
Le Dr Takao Toda, Vice-Président de la sécurité humaine et de la santé mondiale à la JICA, a déclaré : « La CSU ne se résume pas à un financement. Au Japon, quand nous avons atteint la CSU en 1961, nous n’étions pas un pays riche. La CSU est un processus de construction nationale qui comporte beaucoup de passion, d’engagement, d’amour, d’affection et de confiance. » Il a insisté sur le rôle des partenaires du développement qui devraient non seulement s’efforcer de combler le déficit financier pour parvenir à la CSU, mais aussi s’employer à créer des mécanismes d’apprentissage mutuel aux niveaux mondial et national. Ces mécanismes peuvent permettre la mise en commun et la comparaison des expériences, des échecs et des réussites qui aident à remplir les lacunes en informations, en engagement et en apprentissage autour de la CSU.
Mme Katri Kemppainen-Bertram, Spécialiste principale des partenariats au Mécanisme mondial de financement (GFF), Banque mondiale, a abordé quelques-uns des grands défis comme le financement insuffisant, la fragmentation dans la prestation des services, la desserte des populations les plus vulnérables et les contextes politiques difficiles. Elle a décrit comment les mécanismes mondiaux peuvent consolider le rôle de la société civile pour relever ces défis et a souligné combien il était important de compter sur la participation de la société civile aux dialogues politiques et à la mise en œuvre aux niveaux national et mondial. « Au GFF, nous tentons de placer le gouvernement et la société civile à la barre et de donner la priorité à la prestation des services, tout en réduisant la fragmentation ; mais nous nous employons aussi à fournir un financement de façon à pouvoir répondre aux besoins de ceux qui vivent dans les zones les plus reculées », a-t-elle expliqué.
Remarques de clôture
La Dre Agnes Soucat, Directrice du Département de gouvernance et financement des systèmes de santé à l’OMS, a rappelé que la CSU est techniquement et financièrement possible. « Ce que nous avons entendu aujourd’hui de la Tunisie, de la Thaïlande, du Japon, du Libéria, est que la CSU est réalisable […] Nous savons qu’elle est techniquement possible. Nous savons aussi qu’elle est financièrement possible. Le monde a dépensé, en 2016, la dernière année pour laquelle nous disposons de données, 7500 milliards de dollars pour la santé. Pour parvenir à la CSU, avec un ensemble de base de soins de santé primaires et de services essentiels, nous devons ajouter à peine 5% à ce montant […] Il faut accroître le financement de la santé par la mobilisation des ressources financières internes et c’est l’argent des contribuables. Et c’est pourquoi il est si important de mobiliser les gens et la société civile. Quand nous parlons de la CSU, nous parlons des gens, et de la construction de plateformes au niveau national pour que les gens expriment leur opinion dans la définition des politiques et disent comment ils veulent que leur argent soit utilisé », a-t-elle rappelé.
Ressources
Enregistrement en direct de l’événement
Demandes clés du Mouvement pour la CSU
Avant-projet de déclaration politique
La CSU : un appel à l’action avant la réunion de haut niveau – blog de Save the Children