Une déclaration des coprésidentes de la CSU2030 à l'occasion de...
9 novembre 2020
Réunion de haut niveau du CAD/OCDE les 9 et 10 novembre 2020.
Appel des Coprésidents du Comité directeur de la CSU2030 : il faut aider les pays à mettre en place des systèmes de santé qui protègent tout le monde.
Aujourd’hui, nous exhortons tous les membres du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE à se rappeler leur engagement en faveur de la couverture santé universelle et à prendre des mesures collectives pour donner la priorité au soutien des systèmes de santé, en particulier aux fonctions clés des systèmes de santé, connues sous le nom de « biens communs pour la santé », qui sont essentielles pour protéger tout le monde et promouvoir la santé et le bien-être. Nous leur demandons plus précisément :
- d’investir une plus grande part de l’aide publique au développement dans la santé ;
- d’investir plus judicieusement avec un soutien accru aux systèmes de santé, conformément aux plans et besoins des pays ;
- d’améliorer le suivi et les rapports sur l’aide publique au développement qui est allouée au renforcement des systèmes de santé et à la préparation aux situations d’urgence.
Alors que les principaux bailleurs de fonds pour la coopération au développement examinent les interventions prioritaires en vue de « reconstruire en mieux » après la pandémie de COVID-19, nous souhaitons leur adresser un message simple, qui ne saurait attendre : aidez les pays à mettre en place des systèmes de santé qui protègent tout le monde.
Pour répondre à la crise du COVID-19 et construire un avenir plus sûr et en meilleure santé, les responsables doivent de toute urgence investir dans des systèmes de santé qui protègent tout le monde et font de la couverture santé universelle (CSU) une réalité. Tout le monde, partout, doit avoir accès à des services de santé de qualité, à un coût abordable, notamment pour se protéger contre les pandémies. Ainsi que le Secrétaire général de l’ONU l’a remarqué le mois dernier dans sa note de synthèse sur le COVID-19 et la CSU, « Le COVID-19 démontre qu’une couverture santé universelle, des systèmes de santé publique solides et une préparation aux situations d’urgence sont indispensables aux communautés, aux économies et à chacun et chacune d’entre nous. »
Tout au long de cette crise, nous avons invité les responsables à se souvenir de leurs engagements en faveur de la CSU souscrits avec les objectifs de développement durable et au cours de la réunion de haut niveau des Nations Unies « Couverture santé universelle : œuvrer ensemble pour un monde en meilleure santé » en septembre 2019.
Nous demandons aujourd’hui aux membres du CAD de l’OCDE de prendre des mesures collectives pour donner la priorité au soutien des systèmes de santé, en particulier les fonctions clés des systèmes de santé, connues sous le nom de « biens communs pour la santé », qui sont essentielles pour protéger tout le monde et promouvoir la santé et le bien-être. Ces fonctions incluent des capacités de base pour détecter, évaluer et notifier des événements de santé publique conformément au Règlement sanitaire international.
Plus précisément, nous leur demandons de se souvenir qu’ils se sont engagés, dans la déclaration politique sur la CSU, à fournir des financements adéquats, prévisibles et durables, s’appuyant sur des données factuelles, tout en améliorant leur efficacité, pour soutenir les efforts déployés à l’échelle nationale afin de mettre en place la couverture santé universelle, compte tenu du contexte et des priorités à l’échelle nationale. Nous les invitons à :
➢ Investir davantage. Le COVID-19 met en lumière le besoin préexistant d’accroître les investissements dans la santé, spécialement un financement public intérieur (y compris des contributions aux assurances sociales le cas échéant) et de moins compter sur les dépenses à la charge des patients qui les appauvrissent. Pour les pays à faible revenu, l’aide publique au développement joue encore un rôle capital pour étayer les efforts nationaux en vue de réaliser la CSU.
➢ Investir plus judicieusement. À peine 10% de l’aide pour la santé est utilisée pour renforcer les systèmes de santé, et elle est souvent prodiguée aux pays de manière fragmentée. Moins de 10% de l’aide pour la santé cible la sécurité sanitaire et elle finance principalement la réponse aux crises plutôt que les investissements de préparation. L’action collective pour relever le soutien aux systèmes de santé, y compris pour des réformes de gouvernance participative et pour accorder une attention spéciale aux besoins des femmes et des filles et aux personnels de santé, est cruciale. L’assistance financière et technique doit aussi être cohérente et alignée sur les plans et besoins des pays. Les membres du CAD de l’OCDE devraient promouvoir ces principes aussi bien dans leur soutien bilatéral que par le biais de fonds de santé mondiaux et du nouvel accélérateur de l’accès aux outils de lutte contre le COVID-19 (accélérateur ACT).
➢ Améliorer le suivi et l’établissement de rapports. Les procédures mondiales actuelles d’établissement de rapports du CAD rendent difficile de savoir quelle part du soutien est allouée au renforcement des systèmes de santé et à la préparation aux urgences. Une meilleure compréhension de ces allocations et de ces flux aidera à améliorer la planification et la prévisibilité du financement tout en soutenant la redevabilité nationale et internationale quant à l’impact.
Le COVID-19 souligne que la santé est l’affaire de tous. Les pays doivent se rassembler, avec la communauté internationale, pour garantir une action cohérente. En tant que Coprésidents du mouvement multipartite diversifié et actif pour la CSU (qui englobe tous les secteurs gouvernementaux, des parlementaires, des organisations de la société civile, des membres du secteur privé, des institutions internationales, des réseaux de santé mondiale et des représentants du monde universitaire), nous nous félicitons du rôle de premier plan joué par le Comité d’aide au développement de l’OCDE pour accélérer les progrès vers un monde plus sûr, plus écologique et en meilleure santé, et pour démontrer une solidarité indéfectible, notamment par la volonté de réaliser l’objectif d’une APD égale à 0,7% du PNB.
Message des Coprésidents du Comité directeur de la CSU2030, en consultation avec le Groupe consultatif politique auprès du Mouvement pour la CSU
Coprésidents du Comité directeur de la CSU2030
Prof. Ilona Kickbusch, Présidente du Conseil consultatif international, Centre de santé globale, Institut de hautes études internationales et du développement, Genève
Dr Githinji Gitahi, PDG mondial et Directeur général d’AMREF Health Africa Group
Groupe consultatif politique auprès du Mouvement pour la CSU
Mme Emilia Saiz, Secrétaire générale des Cités et gouvernements locaux unis (CGLU)
Mme Gabriela Cuevas Barron, ancienne Présidente de l’Union interparlementaire
Dre Gro Harlem Brundtland, Membre du Conseil d’administration de l’organisation The Elders
Prof. Keizo Takemi, Membre de la Chambre des conseillers, Japon
Mme María Fernanda Espinosa Garcés, Présidente de la 73e session de l’Assemblée générale des Nations Unies
Dr Vytenis Povilas Andriukaitis, ancien Commissaire européen
La CSU2030 est la seule plateforme multipartite à rassembler diverses voix et perspectives au nom du but commun qu’est la réalisation d’une couverture santé universelle (CSU), à soutenir la dynamique autour des engagements en faveur de la CSU et à promouvoir une action collective.
Photo : @OMS / Blink Media – Saiyna Bashir