Une déclaration des coprésidentes de la CSU2030 à l'occasion de...
4 mars 2022
Les conflits et les crises humanitaires posent des risques existentiels pour le droit à la santé. Nous nous joignons pleinement aux appels en faveur de la paix, et demandons instamment un accès ininterrompu aux soins de santé et à l’aide humanitaire.
La santé est un droit de l’homme fondamental qui est indispensable pour l’exercice d’autres droits humains. Les conflits et les crises humanitaires posent des risques existentiels pour le droit à la santé. Nous nous joignons pleinement aux appels en faveur de la paix, et demandons instamment un accès ininterrompu aux soins de santé et à l’aide humanitaire.
La catastrophe humanitaire qui est en cours en Ukraine et dans les pays voisins est une tragédie pour toutes les personnes qui font face aux conséquences de la guerre. Elle nous rappelle la détresse et les souffrances de quelque 1,6 milliard de personnes qui vivent dans des environnements fragiles ou touchés par un conflit dans le monde. En plus des pertes humaines directes, nous sommes profondément inquiets de la désorganisation des soins de santé essentiels. Un renversement rapide de décennies de progrès dans l’accès aux services de santé semble maintenant inévitable en Ukraine. La violence met des vies à risque et force des millions de familles à fuir. Les attaques sur les agents de santé et les centres de santé violent le droit humanitaire. En même temps, le COVID-19 a partout poussé les systèmes de santé à la limite de leurs possibilités.
En 2019, les dirigeants mondiaux présents à la réunion de haut niveau des Nations Unies sur la couverture santé universelle (CSU) se sont engagés à se rapprocher d’un monde en meilleure santé, plus sûr et plus juste, et à réaliser la promesse de la santé pour tous. Néanmoins, même avant le COVID-19, le monde était bien loin d’atteindre la cible de la CSU au titre des objectifs de développement durable. Le rapport de la CSU2030 sur « L’état de l’engagement en faveur de la CSU » montre que les gouvernements n’honorent pas encore leurs obligations. Dans les environnements fragiles, les limitations fondamentales dans la gouvernance et la légitimité compliquent la tâche, avant même que le conflit ébranle les services de santé.
Nous exhortons donc la communauté internationale, en particulier les dirigeants mondiaux qui participent aux actions diplomatiques et humanitaires, à protéger le droit à la santé de toutes les personnes, où qu’elles se trouvent. Les dirigeants doivent :
- répondre aux besoins de santé dans les conflits et les crises humanitaires, et garantir les services de santé essentiels et les fonctions de santé publique, conformément aux principes humanitaires, en accordant une attention particulière aux besoins de santé des femmes et des filles, des groupes vulnérables et marginalisés ainsi que des réfugiés et des déplacés internes ;
- protéger les agents de santé, qui sont en majorité des femmes, et les établissements de santé ;
- garantir, dans toute la mesure du possible, des soins médicaux ponctuels pour tous les blessés et les malades, y compris des soins spécialisés pour les maladies non transmissibles, la santé mentale et la santé sexuelle et génésique ;
- créer des espaces sûrs pour la participation et le dialogue avec les autorités régionales et locales, la société civile et toutes les parties prenantes pour veiller à ce que la voix des personnes soit entendue, quelle que soit la position de leur gouvernement national. C’est capital pour l’aide humanitaire, la consolidation de la paix, la reconstruction à long terme en vue de répondre aux besoins des communautés, et pour que la réponse multilatérale à la guerre et à toutes les crises soit véritablement inclusive ;
- agir pour la solidarité et l’équité, y compris dans les environnements fragiles, en mobilisant un soutien international bien aligné à des systèmes de santé résilients, fondés sur les soins de santé primaires, pour la CSU et la sécurité sanitaire.
Il n’y a pas de temps à perdre. Les dirigeants mondiaux et la communauté internationale de santé doivent garantir le respect des principes humanitaires dans les conflits et la réalisation du droit à la santé pour tous, partout. C’est un impératif humanitaire et un devoir moral.
Ce message est publié par les Coprésidents du Comité directeur de la CSU2030, en consultation avec le Groupe consultatif politique auprès du Mouvement pour la CSU de la CSU2030.
Coprésidents du Comité directeur de la CSU2030 :
- Mme Gabriela Cuevas Barron
- Dr Justin Koonin
Groupe consultatif politique auprès du Mouvement pour la CSU de la CSU2030 :
- M. Elhadj As Sy, Président du Conseil d’administration de la Fondation Kofi Annan
- Mme Emilia Saiz, Secrétaire générale des Cités et gouvernements locaux unis (CGLU)
- Prof. Ilona Kickbusch, Présidente du conseil consultatif international, Centre de santé globale, Institut de hautes études internationales et du développement, Genève
- Prof. Keizo Takemi, membre de la Chambre des Conseillers, Japon
- Mme María Fernanda Espinosa Garcés, Présidente de la 73e session de l’Assemblée générale des Nations Unies
- Dr Vytenis Povilas Andriukaitis, ancien commissaire européen chargé de la santé et de la sécurité alimentaire
Références :
- Agir sur les systèmes de santé, pour la couverture santé universelle et la sécurité sanitaire : messages stratégiques de la CSU2030 pour guider le plaidoyer et l’action
- Pourquoi les défenseurs de la santé dans des environnements fragiles devraient-ils soutenir la CSU ?
- Note de synthèse de la CSU2030 : COVID-19 et les environnements fragiles
Photo : © WHO / Blink Media - Natalie Naccache