La CSU2030 a organisé sa réunion annuelle à l'occasion de la...
5 juillet 2019
Événement parallèle à la 72e Assemblée mondiale de la Santé à Genève le 22 mai 2019
La CSU est financièrement et techniquement faisable. Alors que reste-t-il à faire ? La gouvernance !
L’espace pour la participation civique, l’accès à l’information et aux données, les structures pour la transparence et la redevabilité et l’action multipartite et multisectorielle sont des aspects essentiels de la gouvernance qui renforceront les systèmes de santé et permettront des progrès durables vers la CSU. Tels ont été certains des messages clés qui ont émergé d’un événement parallèle à la 72e Assemblée mondiale de la Santé à Genève, le 22 mai 2019.
L’événement était organisé conjointement par le Japon, le Kenya et la Thaïlande, avec l’appui de l’Allemagne, de l’Espagne, de la Géorgie, du Luxembourg et de la République démocratique populaire lao. L’événement a donné l’occasion de plaider pour une gouvernance multisectorielle et participative comme domaine central où l’action est à la fois difficile et directement nécessaire pour que les pays soient en mesure de se rapprocher réellement et durablement de la CSU. La gouvernance n’est pas souvent un thème de discussion : la plupart des personnes pensent à la CSU du point de vue du financement de la santé et de la prestation des services, mais une bonne gouvernance des systèmes de santé, ou le manque de gouvernance, peut faire ou défaire les réformes dans l’optique de la CSU. L’expérience du Japon, de la Thaïlande et du Kenya, qui ont tous emprunté la voie de la CSU à différents moments de leur histoire, démontre l’importance d’une bonne gouvernance pour réussir.
Le Dr Githinji Gitahi, Coprésident du Comité directeur de la CSU2030 et PDG d’AMREF Health Africa, a modéré l’événement. Il a souligné que nous avons ici l’occasion de promouvoir la participation sociale comme principe central dans les réformes sur la voie de la CSU. C’est pourquoi les partenaires du mouvement pour la CSU demandent aux dirigeants politiques, au titre de leurs demandes clés, « d’avancer ensemble et d’établir des mécanismes multipartites afin de mobiliser l’ensemble de la société pour un monde en meilleure santé ».
Il a aussi remarqué que le Mécanisme de participation de la société civile de la CSU2030, le Projet de collaboration sur la gouvernance des systèmes de santé, l’OMS et un éventail d’experts collaborent par le biais d’un réseau technique sur la participation sociale, afin de mieux épauler les gouvernements dans la manière dont ils associent la société civile, les communautés et les populations aux processus nationaux de planification et de définition des politiques pour la CSU.
Remarques liminaires
Le Prof. émérite Piyasakol Sakolsatayadorn, Ministre de la santé publique, a mis en commun les leçons tirées de l’expérience en Thaïlande et a insisté sur l’importance de la gouvernance pour mettre en place des services efficaces, réactifs et fiables que les personnes peuvent utiliser et dans lesquels elles peuvent avoir confiance. « La gouvernance aide à instaurer un climat de confiance et étaye la CSU », a-t-il noté.
Mme Sicily Kariuki, Secrétaire d’État à la santé, a réitéré la volonté du Kenya de renforcer la participation citoyenne avec des stratégies de santé communautaire. « L’engagement des citoyens est essentiel pour mettre au point des plans relatifs à la CSU qui répondent aux besoins et aux priorités de la population », a-t-elle rappelé.
M. David Sergeenko, Ministre des déplacés internes des territoires occupés, du travail, de la santé et des affaires sociales, Géorgie, s’est référé aux difficultés rencontrées par son pays pour consolider les systèmes de santé pendant la transition depuis un système politique à planification centrale. « Avec la volonté politique, des équipes de professionnels et de bons partenariats, nous pouvons relever n’importe quel défi », a-t-il assuré.
Le Dr Yasuhiro Suzuki, Chef des services médicaux et de la santé mondiale, Vice-Ministre de la santé, Japon, a partagé le bilan de son pays pour maintenir un coût abordable du système de santé pour le Gouvernement. Il a fallu 30 ans pour introduire les honoraires fixes à la charge des patients âgés afin de remplacer les soins gratuits, qui n’étaient plus viables pour l’État. « Une manière durable d’aller de l’avant est d’élargir la couverture et de diminuer les dépenses à la charge des patients », a-t-il affirmé.
La Dre Agnes Soucat s’est exprimée au nom du Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS. Elle a souligné l’importance d’une bonne gouvernance pour créer un système de santé que s’approprient les populations, les communautés et la société civile et qui repose sur la redistribution, la justice sociale et les droits, garantissant ainsi l’inclusion des groupes les plus vulnérables et marginalisés. « Cela exige un contrat social. Cela suppose de rassembler la société comme expression de solidarité entre les gens qui peuvent payer et ceux qui ne le peuvent pas, entre les gens qui sont en bonne santé et les malades, entre les gens qui ont accès aux services et ceux qui ne l’ont pas », a-t-elle rappelé. Pour aider les pays à participer à un dialogue politique utile, l’OMS prépare un Manuel sur la participation sociale pour la CSU, afin de mobiliser les organisations de la société civile et les communautés dans la conception, la mise en œuvre et le suivi de feuilles de route nationales et de stratégies et plans de santé apparentés.
Table ronde dirigée
Un débat dirigé fort animé a permis de connaître les perspectives de gouvernements, du secteur privé, de la société civile et du milieu universitaire. Les modérateurs se sont demandé à quoi ressemblait une bonne gouvernance pour la CSU, les conditions à réunir pour promouvoir une bonne gouvernance pour la CSU et concevoir une action multisectorielle, et les mesures qui peuvent être prises pour surmonter les écueils et mobiliser véritablement toutes les parties prenantes.
Le Dr Jadej Thamatacharee, Secrétaire général adjoint, Bureau national de sécurité sanitaire, Thaïlande, a réitéré l’importance d’un cadre législatif pour promouvoir la bonne gouvernance. Il a noté que trois dimensions sont requises : la participation de tous les acteurs, des données et la volonté politique.
M. Thomas B. Cueni, Directeur général, Fédération internationale de l’industrie du médicament, a abordé la responsabilité du secteur privé pour rendre plus accessibles des médicaments à un coût abordable. Cela requiert des politiques efficaces, des mécanismes de financement et des capacités institutionnelles.
Mme Kirsten Mathieson, Cheffe de la santé, Save the Children, a mis en lumière les dimensions de la gouvernance nécessaires pour la CSU : un espace pour l’engagement civique ; des systèmes pour réaliser le droit à la santé pour tous sans discrimination et en répondant aux besoins de tous, notamment des laissés pour compte ; des structures de redevabilité (comme des comités de santé inclusifs, des mécanismes de plainte et des systèmes de remontée de l’information), la redevabilité à l’égard des communautés vulnérables ; des processus de prise de décision inclusifs et participatifs, qui ouvrent l’espace dans les organes de décision et de budgétisation aux communautés, afin qu’elles fassent entendre leur voix et puissent participer utilement à la planification, à la mise en œuvre et au suivi ; et l’ouverture, la transparence et l’accès à l’information et aux données, y compris les informations budgétaires, pour pouvoir prendre part à la prise de décision et demander des comptes aux différents acteurs.
Le Dr David B. Evans, Institut tropical et de santé publique suisse, Université de Bâle, a mis en exergue les conditions requises pour la gouvernance : un leadership pour fixer les orientations et préparer des stratégies, des leviers et des outils, des institutions et des personnes pour la mise en œuvre, des informations pour les politiques à base factuelle et un suivi. Dans le contexte de la CSU, la participation des ministères autres que celui de la santé revêt une importance capitale, en particulier pour mobiliser un financement public, ce qui n’est pas le moindre de ses avantages.
Plus d’informations
En savoir plus sur le réseau technique sur la participation sociale ici
Le Projet de collaboration sur la gouvernance des systèmes de santé est un groupe de praticiens, de dirigeants, d’universitaires, de représentants de la société civile, d’institutions, de décideurs et d’autres citoyens engagés souhaitant s’unir et collaborer sur des questions importantes de la gouvernance des systèmes de santé.