La CSU2030 a organisé sa réunion annuelle à l'occasion de la...
12 juin 2018
Elle rejoint le docteur Githinji Gitahi, PDG mondial et Directeur général d’AMREF Health Africa Group.
Lors de la réunion du Comité directeur de la CSU2030, les 4 et 5 juin 2018, nous avons accueilli chaleureusement Ilona Kickbusch en qualité de nouvelle Coprésidente élue.
Elle rejoint le docteur Githinji Gitahi, PDG mondial et Directeur général d’AMREF Health Africa Group. Elle remplace le docteur Takao Toda, Vice-Président de la sécurité humaine et de la santé mondiale à l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) que nous remercions pour son formidable travail en faveur de la CSU2030.
C’était une bonne occasion de poser à Ilona quelques questions sur son intérêt pour la CSU2030 et ce qu’elle pense pouvoir y réaliser.
Qu’est-ce qui vous a incitée à vous joindre à la CSU2030 comme notre nouvelle Coprésidente ?
C’est vraiment un moment historique pour la santé mondiale. Plusieurs créneaux s’ouvrent maintenant par le biais des ODD et grâce à l’engagement politique des pays. Cette priorité qui est désormais accordée à la couverture santé universelle (CSU) est une formidable occasion stratégique, combinée avec la commémoration d’Alma Ata cette année, les activités des Nations Unies et les engagements du Directeur général de l’OMS.
Tant d’axes politiques se rejoignent qu’il y a un sentiment de « maintenant ou jamais » : soit nous exploitons pleinement ces possibilités au cours des deux prochaines années, soit cela sera de nouveau difficile. Je suis heureuse d’aider à faire avancer les choses de manière stratégique et en particulier une cause à laquelle je crois bien sûr profondément.
Pourquoi pensez-vous que la CSU2030 est bien placée pour faire progresser ce programme ?
La singularité de la CSU2030 réside dans son énorme potentiel. Un travail de préparation fantastique a été réalisé pour transformer l’IHP+ en CSU2030. Les pays sont mobilisés, le sentiment existe d’être un groupe et de nouvelles activités sont entreprises pour voir comment associer le secteur privé. Nous sommes prêts à démarrer.
Le docteur Tedros a rappelé à plusieurs reprises que la CSU doit être un mouvement ; ce n’est pas quelque chose qui est simplement réalisé par l’OMS ni par le secteur de la santé. Cela sera aussi un défi pour la CSU2030. Elle ne se contente pas de rassembler les « adeptes convaincus » du secteur de la santé, les professionnels et les intellectuels et universitaires, mais elle se demande comment aller plus loin et attirer de nouveaux acteurs qui doivent se joindre au mouvement, notamment des acteurs politiques, des parlementaires et la société civile.
Comment pensez-vous qu’il soit possible de rassembler différentes parties prenantes sous les auspices de la CSU2030 quand il y a tant de propositions et d’intérêts si différents, et parfois conflictuels, sur la manière de faire avancer le programme ?
L’une des choses que j’enseigne dans mon institut est la diplomatie mondiale et le point principal est vraiment avant tout de rassembler les gens. La diplomatie consiste à maintenir le dialogue. Par conséquent, il est très important de s’asseoir autour d’une table, d’exprimer clairement les différences et les intérêts, mais de ne pas camper sur ses positions.
La CSU2030 devrait donc être la plateforme qui rend possible ce type de conversations. Personnellement, le fait que certaines conversations soient parfois polémiques ne me dérange pas. Nous pouvons avancer uniquement si nos intérêts sont clairement mis sur la table et si nous exposons les points où nous nous rejoignons.
De toute évidence, la santé dans son sens plus large et les systèmes de santé sont l’un des plus grands secteurs industriels et économiques du monde. Si nous pensons que cette industrie est déjà si vaste, alors même que la moitié de la population du monde n’y a toujours pas accès, on peut imaginer le potentiel et la demande de croissance de ce secteur.
Il est donc incroyablement important de pouvoir guider cette croissance et veiller à ce que ce développement qui est si attirant pour de si nombreux acteurs pour différentes raisons aille dans le bon sens en « ne laissant personne de côté » et qu’il ne se contente pas de servir des intérêts commerciaux. Les gens ne doivent pas tomber dans la pauvreté ou avoir des difficultés financières simplement du fait de problèmes de santé. Cela suppose, par exemple, de travailler avec les ministres des finances, les assureurs et de parler avec les secteurs d’activité qui guident le changement dans le système de santé, comme la technologie de l’information.
Il existe un formidable potentiel qui doit être exploité de manière socialement responsable. Si la CSU2030 peut aider à conserver cet accent sur la justice, la responsabilité sociale, le bien public et les biens publics mondiaux, alors elle aura vraiment accompli sa mission.
Comment concevez-vous votre rôle en qualité de Coprésidente du Comité directeur de la CSU2030 ?
Le rôle de Coprésidente est bien sûr de donner davantage de visibilité, de faire mieux comprendre quel est l’objectif de la CSU2030 et de positionner le Partenariat dans le débat international. Par exemple, comment pouvons-nous garantir qu’un tel groupe pluripartite contribue à la discussion qui prépare la réunion des Nations Unies en 2019 ? Ce sont là des points capitaux.
Ainsi que le docteur Githinji Gitahi, qui est Coprésident du Comité directeur, l’a dit, veiller à ce que ces activités soient pertinentes au niveau national est très important et nous sommes donc très complémentaires en tant que coprésidents. Le docteur Gitahi connaît parfaitement le niveau national alors que j’ai beaucoup d’expérience de la diplomatie de santé dans les milieux internationaux.
Nous ne devrions pas avoir une compréhension ni trop étroite ni trop large de la CSU. La CSU n’est pas tout, mais elle ne se limite pas non plus aux soins de santé. Les dimensions de la promotion de la santé et la multisectorialité sont vraiment des questions importantes et nous devons donc recruter d’autres acteurs et communautés. S’il s’agit là d’un mouvement intégré, nous devons aussi inclure les partenaires axés sur des maladies précises ; ne pas leur enlever leurs priorités, mais être plutôt un prisme pour ces programmes multiples. C’est un vrai défi stratégique que nous devons affronter pour être capables de le relever.
Aller vers la population est aussi très important. Alma Ata et la CSU concernent les personnes, leur participation dans leurs propres systèmes de santé.
Toutes ces perspectives sont exaltantes, animées, elles façonnent l’avenir. Si la CSU2030 peut réussir, et si le Comité directeur la guide dans la bonne direction, nous serons en mesure de contribuer à améliorer la vie de beaucoup de personnes autour du globe.