La CSU2030 a organisé sa réunion annuelle à l'occasion de la...
13 juin 2018
Événement parallèle à la 71e Assemblée mondiale de la Santé, Genève, Suisse.
Un récent événement organisé par la CSU2030 et l’équipe de la gouvernance des systèmes de santé à l’Organisation mondiale de la Santé pendant la 71e Assemblée mondiale de la Santé à Genève a analysé les manières dont différents partenaires pourraient recruter le secteur privé dans leurs activités pour parvenir à la couverture santé universelle (CSU).
L’événement, qui s’est déroulé le 22 mai au Comité international de la Croix-Rouge à Genève, a rassemblé un éventail d’acteurs gouvernementaux, du secteur privé, des milieux intellectuels et universitaires et de la société civile qui se sont demandés comment les pays peuvent travailler utilement avec le secteur privé et ce, sans mettre en danger la CSU.
Les principaux messages qui ont émergé de la réunion sont les suivants :
Le secteur privé est un groupe hétérogène ; il ne se limite pas aux compagnies pharmaceutiques ou aux prestataires de soins privés.
Afin d’atteindre la CSU d’ici à 2030, nous devons collaborer avec le secteur privé et le secteur privé doit s’engager en faveur de la CSU.
Nous devons travailler avec le secteur privé parce que le secteur privé fait partie de tout système de santé et qu’il serait inefficace que le service public tente de générer lui-même ces produits.
Il est important de recruter le secteur privé et de veiller à ce que la population puisse avoir accès à ces biens et services à un coût abordable.
Des mesures d’atténuation des risques et de réglementation sont essentielles quand les gouvernements collaborent avec le secteur privé.
Parlant de la réalisation de la couverture santé universelle, le docteur Githinji Gitahi, PDG mondial et directeur général d’AMREF et Coprésident du Comité directeur de la CSU2030, a déclaré : « Nous devons travailler avec le secteur privé car le secteur privé fait partie de tout système de santé et il a un rôle à jouer dans tous les fondements du système. La question est de savoir comment. » Il a rappelé combien il est important que les gouvernements fassent d’abord leur « liste de courses », définissent une stratégie, puis invitent le secteur privé. À la fin, « la communauté doit toujours gagner dans n’importe quelle collaboration avec le secteur privé ».
Le docteur Anbar Pillay, Ministère de la Santé de l’Afrique du Sud, a estimé qu’en ne recrutant pas le secteur privé, « on réduirait réellement les options qui sont disponibles aux patients pour avoir accès aux biens et services et par conséquent le type de services de santé auxquels les patients pourraient avoir accès ». Néanmoins, le secteur privé recherche le profit et ses objectifs sont différents ; premièrement, l’objectif du profit doit être aligné sur l’objectif du meilleur état de santé possible des patients. Des stratégies d’atténuation des risques doivent être incluses dans les mécanismes de passation de marchés publics. Il est naïf de s’attendre à ce que le secteur privé prête des services au coût le plus modique possible, simplement parce que vous le demandez. « Les gens ne doivent pas oublier que c’est un risque possible et faire en sorte de l’atténuer », a-t-il ajouté.
Mme Aurélie du Châtelet, Conseillère en plaidoyer pour la santé et la nutrition, Action contre la faim, a rappelé que la manière dont nous travaillons avec le secteur privé a son importance : « Les pays ont tout à perdre, de même que leur population, s’ils ne définissent pas au préalable les règles de la participation. Nous avons besoin de garanties pour veiller à ce qu’il s’agisse d’un engagement ponctuel avec un objectif précis. » Le problème avec la participation du secteur privé est que certains gouvernements confient toutes les responsabilités à un autre acteur, pensant que le secteur privé prend soin de la population. Il ne faut pas oublier que la santé relève du domaine de l’État et que c’est la prérogative de l’État. Le secteur privé a un rôle complémentaire, pour aller plus loin et peut-être plus vite, mais il ne saurait remplacer l’État. Elle a encore exhorté les OCS à s’engager en affirmant : « Un rôle important pour les OSC est de travailler avec le secteur privé pour veiller à ce qu’il adopte une approche constructive ».
M. Bakhuti Shengelia, Directeur exécutif des politiques mondiales et des systèmes de soins de santé, Novartis Oncologie, a répondu en remarquant que le secteur privé est fondé sur la recherche et le développement ; le rôle de l’innovation et de la remise en question du système fait partie de son ADN. Sans le secteur privé, il sera plus difficile de combler les lacunes nous empêchant d’atteindre la CSU. Il a invité tous les partenaires à laisser l’idéologie derrière eux : « Nous ne devrions pas penser aux gagnants et aux perdants, nous devions penser à des partenaires qui travaillent collectivement pour des buts communs ».
Le docteur Mercy Mwangangi, experte en financement de la santé au Ministère de la Santé du Kenya, a décrit comment le secteur privé a été productivement dangereux au Kenya. Il faut « constamment se demander si le secteur privé apporte l’équité, une protection financière et la qualité », a-t-elle indiqué.
M. Jade Khalife, Chercheur-Coordonnateur pour le Projet conjoint de recherche sur les systèmes de santé au Liban, a présenté l’expérience du Liban avec des partenariats entre le secteur public et privé pour aligner les mesures d’incitation, l’administration efficace et la participation. Il a insisté sur le fait que « la gouvernance participative et la transparence dans les relations avec le secteur privé, en l’associant tout au long du processus » sont des leçons majeures.
Le docteur Carmen Barroso, Coprésidente, Groupe indépendant du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies sur la responsabilité pour l’Initiative Chaque femme, chaque enfant, a mis l’accent sur l’importance de modèles de partenariats durables, avec des mécanismes pour la redevabilité. Elle a mis en garde : « Sans redevabilité, la participation du secteur privé peut être assez périlleuse. Avec la redevabilité, nous pouvons transformer ce péril en productivité. »
Informations générales sur le travail de la CSU2030 et de l’OMS
Dans presque tous les systèmes de santé, la prestation de biens et services relatifs à la santé est mixte, assurée par des organisations publiques et privées. Les évolutions rapides dans le secteur de la santé sont les principaux moteurs qui incitent les gouvernements à exploiter le rôle majeur joué par le secteur privé.
Les changements dans la charge de morbidité et les modes de morbidité, le vieillissement des populations, les innovations technologiques rapides, l’instabilité politique et les restrictions de l’espace fiscal public sont autant de facteurs qui contribuent à ces pressions. Pour mieux y faire face, la participation du secteur privé est souvent proposée comme solution pour améliorer la réactivité et l’efficacité des systèmes de santé.
Les dispositions de gouvernance et les outils politiques déployés pour guider le secteur privé diffèrent beaucoup de ceux qui sont utilisés pour guider la prestation de services de santé uniquement publics. Beaucoup de pays ont du mal à surmonter ces difficultés. Les cadres conceptuels existants pour examiner les options des politiques de santé en vue de recruter le secteur privé ne sont pas adaptés et on constate un manque de directives sur la mise en œuvre d’outils régulateurs et fiscaux pour conduire le secteur privé vers la CSU.
Par conséquent, il est urgent de disposer de beaucoup plus de recherches, de conseils et de dialogue sur ces questions si les pays veulent parvenir à la CSU d’ici à 2030. C’est là que de nouveaux travaux de la CSU2030 et de l’OMS tentent de faire la différence.
La CSU2030 soutient les efforts pour associer le secteur privé dans un partenariat plus constructif avec les gouvernements, les usagers des systèmes de santé et la société civile au nom de la CSU, par le biais de son nouveau groupe représentant le secteur privé dont l’objectif est d’aider à résoudre certains des problèmes tenaces associés à la participation du secteur privé.
Ce groupe donnera un lieu où le secteur privé pourra se réunir avec d’autres acteurs et se pencher sur les aspects politiques et techniques ainsi que sur les points controversés du secteur privé dans la santé et créer ainsi un espace pour l’échange d’informations et le dialogue sur la contribution du secteur privé à la CSU. Le docteur Naoko Yamamoto, Sous-Directrice générale chargée du Groupe couverture santé universelle et systèmes de santé à l’OMS, a annoncé le lancement du groupe du secteur privé pendant l’événement parallèle organisé pendant l’Assemblée mondiale de la Santé.
La CSU2030 invite les prestataires de santé du secteur privé à se joindre à ce groupe. Pour plus d’informations, prière de prendre contact avec Shana Dörr- dorrs@who.int.
En même temps, l’équipe de la gouvernance des systèmes de santé à l’OMS collabore avec les pays pour renforcer leur capacité de gouvernance dans l’optique de la participation du secteur privé. Ce travail comporte la définition et l’adoption de stratégies et outils nationaux, le renforcement des environnements juridiques et régulateurs pour faciliter la participation du secteur privé, la gestion des risques et la garantie de la transparence et de la redevabilité.
Cette tâche a pour but principal d’aider les gouvernements à mettre en œuvre la CSU d’ici à 2030 et à naviguer dans la complexité de la participation du secteur privé en utilisant un nouveau cadre et une approche centrée sur la création d’une utilité publique par des moyens privés, adaptable à différents contextes et scénarios nationaux et à des perspectives multiples des parties prenantes.
La pierre angulaire de la nouvelle approche est un modèle de prise de décision progressive, soutenu par une boîte à outils d’analyse du contexte. La boîte à outils comprend des instruments d’évaluation et d’analyse qui aideront les gouvernements à mieux comprendre le statut du secteur privé et décider des mesures requises pour aligner le secteur privé sur les priorités sanitaires de l’État.
Vous avez des commentaires ou des questions ? Contactez David Clarke de l’équipe de la gouvernance des systèmes de santé clarked@who.int.