30 septembre 2021

Coup d’envoi de la réunion de haut niveau sur la couverture santé universelle

En route vers 2023 : lacunes, défis et possibilités pour accélérer les progrès vers la CSU

Le 30 septembre, plus de 240 personnes du monde entier ont participé à un événement en ligne, « En route vers 2023 : coup d’envoi de la réunion de haut niveau sur la couverture santé universelle ». Ce rassemblement était organisé conjointement par les Coprésidents du Groupe des amis de la couverture santé universelle et de la santé mondiale (Missions permanentes de la Géorgie, du Japon et de la Thaïlande auprès des Nations Unies), l’Organisation mondiale de la Santé et la CSU2030, en marge de la 76e session de l’Assemblée générale des Nations Unies.

Conscients que les investissements en faveur des systèmes de santé peuvent avoir une portée considérable, les responsables des Nations Unies, les ministres, les champions de la CSU et d’autres intervenants de haut niveau se sont réunis pour faire le bilan des progrès, des lacunes et des difficultés rencontrées pendant le COVID-19 et pour réaffirmer leur volonté de mettre en œuvre la déclaration politique sur la CSU de 2019. L’événement a montré la nécessité de compter sur des soins de santé primaires plus forts, une intégration de la préparation aux urgences, l’autonomisation des communautés ainsi qu’une collaboration et une coordination plus étroites entre les secteurs pour soutenir des systèmes de santé équitables et résilients qui protègent tout le monde.

Les orateurs ont aussi souligné qu’il fallait traduire la politique en action, reconnaissant que « lorsque la santé est en danger, tout est en danger » (Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS). Des mots de Mme Gabriela Cuevas Barron, Coprésidente du Comité directeur de la CSU2030, « la prochaine réunion de haut niveau des Nations Unies sera une précieuse occasion de passer en revue nos progrès et nos revers pendant la pandémie et de mettre en place des mesures concrètes pour investir davantage dans des systèmes de santé plus équitables et résilients, qui ne laissent la santé de personne de côté, en temps de paix et pendant les situations d’urgence ».

D’autres moments marquants incluent les messages vidéo des dirigeants des organisations participant au Plan d’action mondial pour permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous et de la Coalition de partenariats pour la CSU et la santé mondiale, qui a récemment publié sa première tribune : Pas de vie en bonne santé sans couverture santé universelle. Pendant l’événement, le Mécanisme de participation de la société civile auprès de la CSU2030 (MPSC) a également partagé une toute nouvelle boîte à outils de plaidoyer sur la santé pour tous.


Segment d’ouverture de haut niveau : l’événement a commencé par les remarques liminaires des coorganisateurs, qui ont donné des exemples de mesures concrètes pour accélérer les objectifs de la CSU, promouvoir des systèmes de santé résilients, riposter à la pandémie de COVID-19 et s’en relever.

Mme María Fernanda Espinosa, membre du Groupe consultatif politique auprès du Mouvement pour la CSU et Présidente de la 73e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, a modéré la réunion. En introduction, elle a mis les participants au défi de se servir de la pandémie pour reconstruire en mieux, affirmant : « La déclaration politique est un précieux plan directeur que nous devons maintenant consolider. Nous devons être mieux préparés à la crise suivante. La prochaine réunion de haut niveau de 2023 est un bon moment pour aligner nos activités et traduire l’engagement politique en action. J’invite les participants d’aujourd’hui à me rejoindre dans ce dialogue pour préparer la voie vers 2023. Ensemble, nous pouvons en faire un moment percutant. »

M. Don Pramudwinai, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Royaume de Thaïlande, a attiré l’attention sur trois domaines principaux qui sont essentiels pour réaliser la CSU. « Premièrement, nous devons faire davantage pour promouvoir un accès équitable, abordable, ponctuel et universel aux vaccins et aux médicaments… Deuxièmement, nous devons nous attaquer au problème du sous-investissement dans les infrastructures et les services de santé… Troisièmement, la CSU doit être mise en évidence dans le cadre des stratégies de riposte après le COVID-19. » Il a conclu en rappelant de manière poignante que « l’apathie n’est et ne doit pas être une option ».

M. Toshimitsu Motegi, Ministre des affaires étrangères du Japon, a souligné la nécessité de nouer des partenariats et de collaborer, affirmant que « pour nous préparer à de futures pandémies, nous devons partager les enseignements recueillis parmi tous les acteurs et renforcer les systèmes de santé au moyen des partenariats. À l’époque de l’après-COVID, nous aurons besoin de réaliser une couverture santé universelle résiliente qui contribue à la sécurité sanitaire mondiale. De plus, nous devons travailler dans des partenariats multidisciplinaires plus larges, qui ne se limitent pas au seul secteur de la santé. »

Mme Tamar Gabunia, Première Vice-Ministre des populations déplacées des territoires occupés, du travail, de la santé et des affaires sociales de la Géorgie, s’est centrée sur les relations entre la sécurité sanitaire et les politiques et interventions en matière de CSU. Elle a affirmé : « La pandémie nous montre à nouveau combien il est important de rendre les systèmes de santé totalement résilients aux urgences sanitaires en investissant dans les infrastructures de santé publique et en consolidant les programmes de sécurité sanitaire. »

Mme Amina Mohammed, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a rappelé que « même avant la pandémie de COVID-19, nous n’étions pas dans les temps pour réaliser les objectifs de la CSU pour 2030 ». Appelant à une action nationale et une collaboration multilatérale, elle a déclaré : « Accélérer les mesures conjointes sur la couverture santé universelle, agir sur le changement climatique et transformer les systèmes alimentaires doivent être des éléments essentiels de tous les plans de reprise après le COVID-19. Cela nous aidera à reconstruire des communautés et des sociétés plus fortes et plus résilientes, et ces mesures sont centrales pour prévenir et traiter les futures pandémies. »

Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, a exhorté les dirigeants à « mettre fin à la pandémie et aux bouleversements qu’elle provoque sur les systèmes, les sociétés et les économies… consolider l’architecture de santé mondiale… et aider tous les pays à investir dans le renforcement des fondements de leurs systèmes de santé, tout spécialement des soins de santé primaires. » Il a rappelé aux participants que « la tâche consistant à aider les pays à progresser vers la CSU est plus urgente que jamais, et aussi plus possible qu’elle ne l’a jamais été. »

Segment ministériel : les coparrains ont mis en commun leurs expériences, leurs priorités et leurs efforts en vue d’atteindre la CSU. Ils ont aussi demandé une collaboration internationale et multilatérale et un leadership mondial afin de mettre en place des systèmes de santé efficaces capables d’assurer des soins de santé de qualité, à un coût abordable.

Le Dr Frank Anthony, Ministre de la santé de la République coopérative du Guyana, a évoqué le rôle des institutions intergouvernementales pour promouvoir la CSU et la traduire en politiques nationales. « Le COVID-19 a démontré avec force que les systèmes de santé n’existent pas en vase clos. Nos objectifs mondiaux exigent un engagement politique, une mise en œuvre nationale et une coordination internationale pour garantir la santé de tous et, en fin de compte, la sécurité sanitaire mondiale. »

M. Alexey Tsoy, Ministre des soins de santé de la République du Kazakhstan, a attiré l’attention sur l’importance des soins de santé primaires, les décrivant comme « un pilier de la CSU dans les urgences, où ils garantissent la continuité des soins et la prestation des services de santé essentiels conformément aux principes humanitaires », et « l’une des mesures clés de la réponse à la pandémie ».

Le Dr Hanan Mohamed Al Kuwari, Ministre de la santé publique de l’État du Qatar, a insisté sur l’importance de la sécurité sanitaire et de la CSU dans les politiques locales et les collaborations internationales. Il a rappelé aux participants que : « le COVID-19 n’est pas seulement une crise sanitaire, car il a révélé beaucoup de problèmes socio-économiques inhérents à notre époque, et créé beaucoup de difficultés et d’obstacles à la réalisation des objectifs de développement durable. Il est aussi devenu évident que cette crise constitue une menace majeure pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, car elle aiguise les violences et les troubles sociaux, des phénomènes qui risquent, à leur tour, de saper gravement notre capacité à lutter contre la pandémie. »

Le Dr Faisal Sultan, Assistant spécial auprès du Premier Ministre, Ministère des services nationaux de santé, de la réglementation et de la coordination du Pakistan, s’est concentré sur la manière de traduire la vision politique de la CSU en mesures pratiques, appelant de ses vœux une mise en œuvre plus ambitieuse et rapide et soulignant « la nécessité d’une action nationale et d’une collaboration multilatérale par le biais de la plateforme d’action sur les ODD. Cette plateforme représente une très précieuse occasion de partager des connaissances et des expériences et d’identifier des tendances régionales, ainsi que de mettre en commun les meilleures pratiques et les leçons apprises pour le développement durable dans la santé, de façon à garantir des vies en bonne santé et le bien-être de nos citoyens. »

Mme Wendy Morton, Ministre du voisinage européen et des Amériques, Ministère des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement, Royaume-Uni, a souhaité « des services de santé essentiels de qualité pour soutenir une meilleure santé mentale et physique pour tous, partout, sans crainte de difficultés financières. Il nous faut des systèmes de santé avec des fonctions de santé publique intégrées et solides, qui combattent toutes les formes de malnutrition, assurent des services efficaces d’alimentation en eau, d’assainissement et d’hygiène, et aident à prévenir, détecter et traiter les menaces de santé locales et mondiales, maintenant et à l’avenir. »

Contributions des partenaires : deux messages vidéo d’initiatives relatives à l’ODD3 ont été diffusés pour exposer une approche horizontale de la santé. Un film vidéo du groupe des partenaires du Plan d’action mondial sur l’ODD3 a mis en lumière le travail collectif des 13 institutions pour redoubler d’efforts vers la CSU. La Coalition de partenariats pour la CSU et la santé mondiale a partagé la vision de son groupe principal sur un meilleur alignement dans les activités de plaidoyer et de redevabilité entre la CSU et les programmes spécifiques aux maladies. La Coalition a aussi diffusé sa tribune, « Pas de vie en bonne santé sans couverture santé universelle », qui a récemment été publiée dans le British Medical Journal.

Discussion de groupe interactive : la discussion de groupe a présenté les perspectives de partenaires et de champions de la CSU. Les intervenants ont invoqué un sentiment d’urgence et fait valoir la nécessité de l’égalité des sexes et d’investissements dans des systèmes de santé forts, exhortant à des réorientations structurelles véritables.

Mme Gabriela Cuevas Barron, Coprésidente du Comité directeur de la CSU2030, s’est concentrée sur l’équité et la résilience, affirmant que « nous nous trouvons au beau milieu d’un tournant, et nous avons la possibilité et la responsabilité d’investir efficacement dans des systèmes de santé solides qui protègent tout le monde. Nous pouvons y parvenir en garantissant une action sur deux ‘recentrages des systèmes’ : l’investissement et l’intégration. Cela suppose de disposer de ressources plus abondantes et mieux alignées pour les systèmes de santé, fondées sur une approche de soins de santé primaires qui renforce la prestation de services de santé, les fonctions essentielles de santé publique et la gestion des risques des urgences, tout en considérant le système comme un tout. »

Mme Emilia Saiz, Secrétaire générale des Cités et gouvernements locaux unis (UCLG), a évoqué les déterminants de la santé et le rôle des autorités locales. « Il s’agit d’un effort de l’ensemble du gouvernement, de l’ensemble de la société. Et au cœur de cet effort de toute la société se trouvent les autorités locales, les investissements locaux, la prestation de services publics locaux. La communauté internationale doit soutenir cette vision. Les soins de santé et les rôles que les autorités locales jouent y jouent doivent être compris au-delà des urgences. »

Mme Anamaria Bejar, membre du groupe consultatif du Mécanisme de participation de la société civile (MPSC) auprès de la CSU2030, a parlé du rôle de la société civile pour demander des comptes aux gouvernements sur leur engagement en faveur de la CSU, mettant l’accent sur le devoir de s’assurer que la CSU est véritablement universelle. Elle a déclaré : « Des systèmes de santé forts requièrent une gouvernance transparente et responsable, qui doit inclure les communautés et la société civile dans chaque étape de la prise de décision. Pas comme un post-scriptum, mais dès le début. »

Différents intervenants ont insisté sur la nécessité de services de santé universels et inclusifs.

Le Dr Emmanuel Ankara Odame, Directeur de la planification, du suivi et de l’évaluation des politiques, Ministère de la santé du Ghana, a noté qu’il fallait compter sur des systèmes de santé souples et réactifs et une architecture de santé solide, et Mme Florine Clomegah, Directrice régionale adjointe pour l’Afrique, FICR, a mis l’accent sur le rôle fondamental de la société nationale ainsi que des agents de santé et des bénévoles basés dans les communautés pour parvenir à la CSU, en collaborant avec les ministères de la santé et en renforçant les services de santé. La Dre Poonam Dhavan, Conseillère principale sur la politique en matière de migration et santé, OIM, est aussi intervenue pour rappeler aux participants combien il est important de répondre aux besoins particuliers des migrants, des réfugiés et des déplacés internes et d’inclure ces groupes dans la prise de décision. Quant au Dr Cesar Nunez, Directeur du bureau de l’ONUSIDA à New York, il a de même souligné la nécessité de travailler sur les déterminants sociaux et structurels de la santé, de mettre en place des systèmes de santé renforcés qui placent la personne au centre et adoptent une approche fondée sur les droits de l’homme, et de garantir le rôle capital des communautés dans les systèmes sanitaires et sociaux.

Un enregistrement de l’événement est disponible ici (chaîne de la CSU2030 sur YouTube).

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