18 janvier 2022

Séance organisée par UHC2030 et le Fonds mondial lors du UNITE Global Summit, intitulé Ne laisser la santé de personne de côté : investir dans des systèmes de santé pour tous

Est-ce que le COVID présente une occasion pour avancer la CSU ?

Même s’il est évident que le COVID-19 a révélé et exacerbé les inégalités au sein des pays et entre ceux-ci, beaucoup de gouvernements ont vu dans la pandémie une occasion de progresser vers la couverture santé universelle (CSU). Parvenir à la CSU est donc important pour résoudre la pandémie actuelle, mais aussi pour se préparer à de futures urgences. Telle est l’une des conclusions principales d’une séance organisée sur le thème Ne laisser la santé de personne de côté : investir dans des systèmes de santé pour tous, à l’occasion du 2e Sommet mondial annuel UNITE sous le parrainage de la CSU2030 et du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Un autre message réitéré par nombre d’orateurs a été l’importance de la collaboration entre parlementaires, y compris à travers les frontières nationales, et du travail avec leur gouvernement, la société civile et d’autres partenaires afin d’assurer le leadership politique et de réunir les ressources financières nécessaires pour réaliser la CSU.

UNITE est un réseau mondial de parlementaires qui souhaitent avoir un impact politique en vue de mettre fin aux maladies infectieuses qui menacent la santé dans le monde. L’axe central de la séance de la CSU2030 et du Fonds mondial était le rôle que les parlementaires peuvent jouer aux niveaux mondial, régional et national afin de soutenir la mise en œuvre de la CSU et l’établissement de systèmes de santé plus solides et plus équitables. La séance a été animée par Robert Yates, Directeur exécutif du Centre pour la couverture santé universelle de Chatham House.

Mme Gabriela Cuevas Barrón, Coprésidente du Comité directeur de la CSU2030, ancienne Députée au Congrès mexicain et ancienne Présidente de l’Union interparlementaire, a affirmé dans ses remarques liminaires : « En fin de compte, c’est une question de leadership. Dans ce contexte, les parlementaires ont un rôle capital à jouer. Vous êtes les mieux placés pour décider si nous continuons à construire un monde marqué par les exclusions et les inégalités, ou si nous souhaitons écrire un nouveau chapitre pour l’humanité. » Mme Cuevas a rappelé aux participants l’importance de la Journée de la CSU, qui a lieu chaque année le 12 décembre, expliquant que le thème pour 2021 était « Ne laisser la santé de personne de côté : investir dans des systèmes de santé pour tous ». Elle a évoqué le rôle capital des dirigeants politiques pour accélérer la mise en œuvre des engagements en faveur de la CSU dans leur pays et la manière dont ils doivent s’unir pour renforcer la gouvernance de la santé mondiale, quelles que soient leurs différences politiques. (Voir le message des Coprésidents du Comité directeur de la CSU2030 aux dirigeants politiques ici.) Mme Cuevas a ensuite informé le public qu’à cette occasion, la CSU2030 publiera la synthèse de son rapport sur « L’état de l’engagement en faveur de la CSU », dont un exemplaire peut être consulté ici.

M. Keizo Takemi, Membre de la Chambre des Conseillers, Diète nationale du Japon ; Ambassadeur de bonne volonté de l’OMS pour la CSU ; et membre du Groupe consultatif politique de la CSU2030, a évoqué le rôle des parlementaires pour renforcer les systèmes de santé. Il a remarqué : « Les parlementaires ont une fonction importante pour faire avancer le programme de la CSU et possèdent la capacité de réaliser le droit à la santé de tous les membres de nos nations, en élaborant des lois et des législations et en allouant des budgets suffisants pour que ces lois soient mises en œuvre. » Il a ajouté : « La tâche des parlementaires est vaste… et quand nous essayons de renforcer notre sécurité sanitaire, nous devons toujours penser à la manière de collaborer avec les partenaires mondiaux et également comment consolider notre gouvernance mondiale de santé… ces deux domaines sont liés. »

M. Scott Boule, Spécialiste principal pour les affaires parlementaires au Fonds mondial, a indiqué que son organisation investit près de 1 milliard de dollars par an pour consolider les systèmes de santé, ce qui fait du Fonds mondial le principal bailleur de fonds multilatéral pour le renforcement des systèmes de santé. Ainsi qu’il l’a noté, « Investir dans les systèmes de santé est aussi vital […] pour aider à mettre les pays sur la voie de la couverture santé universelle », précisant que cette mesure est également essentielle pour la préparation et la réponse aux pandémies. M. Boule a cependant affirmé que les besoins les plus pressants en ce moment se rapportent au rôle des parlementaires – la nécessité d’un engagement politique et de ressources financières. « Nous ne pouvons pas nous passer de votre leadership et de votre soutien. »

La discussion s’est ensuite tournée vers les expériences des personnes travaillant sur le terrain pour mettre en œuvre la CSU au niveau national, notamment :

  • La Dre Ramya, Représentante de Reach, Inde, a montré comment son organisation recherche activement la participation communautaire afin d’améliorer les expériences qualitatives des communautés vulnérables dans l’ensemble de la cascade de prise en charge de la tuberculose. Reach utilise un mécanisme rigoureux pour identifier, former, encadrer et impliquer les personnes guéries de la tuberculose qui continuent à faire office de champions communautaires. Elle a expliqué : « Nous avons appris qu’en investissant dans les systèmes communautaires, nous transformons les communautés et les programmes nationaux de santé publique en acteurs. Cela allège la charge pesant sur les systèmes de santé, réduit la stigmatisation et exploite les déterminants sociaux pour établir fermement la préparation aux épidémies, la responsabilisation et la réactivité à de multiples niveaux. »
  • Mme Marie Rose Nguini Effa, Députée à l’Assemblée nationale du Cameroun ; Présidente du Forum parlementaire africain sur la population et le développement, a présenté le nouveau Guide à l’intention des parlementaires : six étapes à suivre pour réaliser la couverture santé universelle qui donne aux parlementaires des exemples concrets de mesures à prendre sur dix questions de santé publique. Ainsi que Mme Nguini l’a noté, « La pandémie de COVID-19 a montré qu’il est plus important que jamais de renforcer la capacité des législateurs sur des questions telles que la sécurité sanitaire mondiale. » Mme Nguini a aussi insisté sur l’intérêt pour les parlementaires de collaborer et de partager les expériences et les outils entre pays.

Plusieurs parlementaires ont ensuite décrit les activités engagées pour faire avancer leur pays dans la voie vers la CSU :

  • Le Prof. Habibe Millat, Membre du Parlement du Bangladesh, a déclaré que son pays faisait des progrès raisonnables vers la CSU. Les soins de santé primaires sont très solides, mais malheureusement, près de 14% des habitants du pays sont plongés dans la pauvreté par les dépenses de santé à la charge des patients. Le Prof. Millat a indiqué que la mise en œuvre de la CSU en était à plus de 50%, mais que des améliorations étaient encore possibles, notant que l’application était actuellement en retard, principalement en raison de pressions budgétaires.
  • Mme Ibtissame Azzaoui, ancienne Membre du Parlement du Maroc et Membre du Conseil municipal de la ville de Rabat, a évoqué la décision du Gouvernement marocain de voir la pandémie comme une occasion d’étendre la CSU à tous les Marocains d’ici à 2023, ajoutant qu’il y a désormais une forte volonté politique, sous l’égide du Roi. Elle a déclaré : « Les parlementaires, en tant que représentants du peuple et des nations élus démocratiquement, ont un rôle capital à jouer par l’intervention politique active, par le leadership politique, par la législation, par la remise en cause des politiques de santé publique et par la diplomatie parlementaire et la diplomatie publique. [...] Restons mobilisés pour honorer notre engagement à tous les niveaux politiques de ne laisser personne de côté. Restons unis. »
  • Mme Given Katuka, Membre du Parlement de Zambie, a parlé de la décision de son Gouvernement qui veut que les politiques de santé « ne restent pas sur le papier », mais qu’elles soient véritablement appliquées et qu’elles rapprochent le pays de la couverture santé universelle, ajoutant que pour le Gouvernement zambien, « une nation en bonne santé est une nation prospère ». Les pouvoirs publics s’efforcent d’élargir la couverture santé à l’ensemble de la population, spécialement en comblant l’écart entre les zones urbaines et rurales. Elle a noté : « La pandémie a servi de rappel au Gouvernement et l’a incité à se préparer à de futures épidémies. » Mme Katuka a aussi expliqué que le financement est problématique, mais que la collaboration avec des bailleurs de fonds externes tels que le Fonds mondial aidera les pouvoirs publics à s’assurer que nul ne soit laissé de côté.

La séance peut être regardée ici

Ecoutez les séance individuelles sur Spotify

Téléchargez le rapport UNITE 2021

Ressources :

Message des Coprésidents du Comité directeur de la CSU2030 aux dirigeants politiques ici

Rapport sur « L’état de l’engagement en faveur de la CSU », synthèse 2021

Guide à l’intention des parlementaires : six étapes à suivre pour réaliser la couverture santé universelle

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