Une déclaration des coprésidentes de la CSU2030 à l'occasion de...
15 juin 2022
Événement à la 75e Assemblée mondiale de la Santé
Parvenir à la couverture santé universelle (CSU) et honorer les engagements souscrits avec la déclaration politique de 2019 dans un monde changé par le COVID-19 sont des défis considérables pour les décideurs dans le domaine de la santé. Une leçon importante apprise de la pandémie est que pour mettre en place aussi bien la CSU que la sécurité sanitaire, les pays doivent investir dans des systèmes de santé résilients et équitables fondés sur les soins de santé primaires. Il nous a aussi été rappelé que les femmes ont été plus impactées que les hommes par les répercussions sanitaires, économiques, sociales et politiques de la crise.
C’est pourquoi garantir l’égalité entre hommes et femmes dans la gouvernance, la conception, le financement et la prestation des systèmes de santé est un volet fondamental des mesures pour renforcer les systèmes de santé et reconstruire en mieux après le COVID-19. Pour y parvenir, les systèmes de santé doivent répondre aux besoins de santé relatifs au genre, notamment la santé et les droits sexuels et génésiques, tout au long de la vie. Il leur faut aussi s’attaquer aux normes et lois discriminatoires, ainsi qu’aux lacunes en matière d’information et de financement.
Dans cette optique, quelles sont les priorités politiques pour une CSU sensible au genre dans le contexte du renforcement des systèmes de santé, notamment pour les urgences sanitaires ? Et comment pouvons-nous nous fonder sur les leçons apprises afin que les systèmes de santé tiennent mieux compte des différences entre hommes et femmes ?
Ces questions étaient au centre d’un dialogue animé, organisé parallèlement à la 75e Assemblée mondiale de la Santé le 26 mai par la CSU2030 et l’Alliance pour l’égalité des sexes et la CSU (représentée par Women in Global Health, Women Deliver et Spectra Rwanda).
Si vous avez manqué l’événement, voyez ci-dessous pour une vue d’ensemble des principaux messages à retenir et des temps forts des interventions.
Pour poursuivre la conversation et transformer les mots en actions, la CSU2030 et l’Alliance pour l’égalité des sexes et la CSU prépareront un outil qui aidera les décideurs à rendre les systèmes de santé pleinement sensibles au genre. Cet outil fournira une ressource efficace pour inciter les gouvernements à prendre les mesures nécessaires et les rendre comptables d’une véritable réforme de la santé. Restez connectés pour l’élaboration de l’outil ultérieurement cette année.
Principaux messages à retenir de la discussion
La discussion a mis en lumière l’importance des aspects suivants pour avancer sur la voie de systèmes de santé sensibles au genre et d’une CSU qui intègre les besoins des femmes :
- Une législation pour garantir l’égalité et une approche fondée sur les droits
- Le relèvement des voix et de la participation des femmes à la définition des politiques
- Une priorité aux communautés pour mieux comprendre les besoins des femmes et des filles et mieux y répondre
- Des services de santé maternelle et infantile, y compris de santé sexuelle et génésique, assurés à un prix abordable et dotés de ressources suffisantes
- Des perspectives pour les jeunes
- Une meilleure prise en compte des soins non rémunérés assurés par les femmes
- La reconnaissance de l’expérience sur la base de mérite plutôt que de l’ancienneté
Les principaux outils et politiques devant faire l’objet d’une priorité sont les suivants :
- Soins de santé primaires financés publiquement
- Budgétisation qui tienne compte du genre
- Évaluation de l’impact sexospécifique
- Données ventilées par sexe
- Politique relative à la violence sexiste
- Cadres intersectionnels féministes
- Guichet unique pour tous les services sociaux et de santé des jeunes
- Un nouveau contrat social pour les femmes et les filles
Temps forts des interventions
Habibou Ouedraogo, Analyste principale en financement de la santé et couverture santé universelle, Clinton Health Access Initiative, Burkina Faso, a modéré l’événement et souligné le rôle essentiel de l’égalité entre hommes et femmes dans le renforcement des systèmes de santé et la mise en place de la couverture santé universelle.
Eleanor Blomstrom, Conseillère principale pour le plaidoyer politique, Women Deliver, a rappelé les défis rencontrés depuis la réunion de haut niveau de 2019, les progrès accomplis jusqu’à présent et la disponibilité de nouveaux outils à l’intention des responsables du plaidoyer, des outils axés sur la santé et les droits sexuels et génésiques qui sont essentiels pour la jouissance du droit à la santé et pour parvenir à une CSU transformative et sensible au genre.
« Nous devons nous attaquer aux déterminants sociaux et sexuels de la santé, comme les normes néfastes de genre et la discrimination entre hommes et femmes. »
Mireille Batamuliza, Secrétaire permanente, Ministère du genre et de la promotion de la famille, Rwanda, a mis en exergue les activités réalisées par le Rwanda pour garantir l’égalité entre hommes et femmes et la CSU, notamment les politiques, stratégies et réformes établies. Elle a aussi décrit le travail accompli pour prévenir et traiter la violence sexiste.
« Le Rwanda a veillé à ce que ses lois et politiques répondent aux besoins des femmes et des filles, et qu’elles soient sensibles aux différences entre hommes et femmes, notamment en matière de santé et de droits sexuels et génésiques, d’avortement médicalisé et de violence sexiste. »
Taru Koivisto, Directrice, Département des communautés et de la capacité fonctionnelle, Ministère des affaires sociales et de la santé, Finlande, a partagé l’expérience de la Finlande en matière d’intégration de l’égalité des sexes dans l’ensemble des secteurs de la santé et a expliqué comment le pays a surmonté les difficultés de la pandémie.
« Nous avons des évaluations de l’impact qui tiennent compte des différents groupes de population et du genre. Il est essentiel de comprendre le contexte local, les tendances et les services locaux, ainsi que les véritables besoins des gens, et de prendre en compte la perspective des jeunes. »
Deepa Venkatachalam, Sama Resource Group for Women and Health, Inde, a partagé l’expérience du groupe Sama qui a mené une analyse des politiques pour veiller à ce que les communautés défavorisées et marginalisées ne soient pas laissées pour compte et qui a travaillé pour que les secteurs de la santé soient sensibles au genre, y compris dans les ripostes en cas d’urgence.
« Le cadre féministe intersectionnel est fondé sur l’expérience de la pandémie vécue par des communautés marginalisées et il offre une analyse féministe de la riposte gouvernementale aux crises sanitaires, suggérant des politiques et pratiques sensibles au genre. »
Kughon Reuben Chia, Directeur de programme, Organisation pour la santé dans le développement durable, Cameroun, a insisté sur le rôle des jeunes dans la CSU et le principal écueil auquel ils se heurtent. En tant que responsable d’une organisation axée sur les jeunes et dirigée par les jeunes, il a aussi décrit leur expérience et comment ils ont conçu des stratégies pour répondre aux défis existants et saisir les occasions disponibles.
« Les jeunes sont marginalisés dans les tables autour desquelles les décisions de santé sont prises. Les jeunes se voient toujours refuser [le droit] d’apporter de nouvelles idées et solutions. »
Veloshnee Govender, Scientifique, Département Santé et recherche génésiques, OMS, a expliqué le travail de l’OMS dans le domaine et a mis en lumière le besoin capital de données ventilées par sexe pour surveiller les progrès ainsi que les obstacles à l’accès aux services de soins de santé.
« Nous ne disposons pas de suffisamment de données ventilées par sexe. Tant qu’il en sera ainsi, nous ne pourrons pas suivre les paiements à la charge des patients et les soins non rémunérés au sein de la famille. »
Gabriela Cueva Baron, Coprésidente du Comité directeur de la CSU2030, a prononcé les remarques de clôture et elle a insisté sur la nécessité de concevoir un nouveau contrat social qui réponde aux besoins des femmes et des filles. Elle a aussi rappelé qu’il faut associer davantage de femmes à la prise de décision et à la définition des politiques, et redéfinir une CSU inclusive.
« La santé est un droit, et non un privilège. Faisons en sorte que les gouvernements en répondent. »
Ressources:
- Enregistrement de l’événement
- Mémoire de l’OMS sur le Ghana
- Mémoire de l’OMS sur la Malaisie
- Mémoire de l’OMS sur le Maroc
- Interventions sur la santé sexuelle et génésique dans le Compendium de l’OMS sur la CSU
- Dossier pratique : Financer les services de santé sexuelle et génésique dans le cadre de la couverture santé universelle
- Couverture santé universelle, égalité entre hommes et femmes, et protection sociale : une approche des systèmes de santé, publication d’ONU-Femmes avec pour coauteur Veloshnee Govender, OMS
- Action sur les systèmes de santé, pour la couverture santé universelle et la sécurité sanitaire : une description stratégique de la CSU2030 pour guider le plaidoyer et l’action
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