La CSU2030 a organisé sa réunion annuelle à l'occasion de la...
21 juillet 2020
Événement sur les investissements dans le secteur de la santé au cours du Forum politique de haut niveau
Le 9 juillet 2020, l’OMS, le Groupe d’amis de la CSU et de la santé dans le monde et la CSU2030 ont organisé conjointement un événement parallèle au Forum politique de haut niveau, « Investir en faveur de la santé : la clé pour reconstruire en mieux après le COVID-19 et Accélérer les progrès vers la couverture santé universelle et le développement durable ».
M. Vitavas Srivihok, Représentant permanent de la Thaïlande auprès des Nations Unies, a ouvert l’événement en soulignant les nombreux défis que le COVID-19 a mis en lumière, en particulier la nécessité de renforcer la résilience et d’investir en faveur de la couverture santé universelle (CSU), en honorant les engagements de la déclaration politique historique de l’an dernier sur la CSU.
Mme Amina Mohammed, Secrétaire générale adjointe de l’ONU, a partagé un message vidéo soulignant l’impact de la pandémie sur nos systèmes sociaux, économiques et sanitaires, en particulier pour les groupes vulnérables. Elle a noté que nous sommes arrivés à un stade critique où la Décennie d’action pour réaliser les objectifs de développement durable est désormais plus importante que jamais, alors que la pandémie menace d’inverser les progrès accomplis, spécialement là où les services de vaccination systématique des enfants et de santé des femmes, des enfants et des adolescents ont été perturbés et à la lumière des retards dans les activités sur les maladies non transmissibles et la charge accrue de santé mentale. Elle a plaidé pour le multilatéralisme nécessaire à ses yeux et l’approche globale menée par le système des Nations Unies, notamment l’élaboration d’une note de synthèse du Secrétaire général de l’ONU sur la couverture santé universelle.
Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé, a envoyé un message vidéo où il a demandé aux dirigeants du monde d’honorer les engagements souscrits l’an dernier dans la déclaration politique sur la CSU. Le Dr Tedros a noté que, même avant le COVID-19, le monde n’était pas dans les temps pour réaliser les ODD relatifs à la santé. Maintenant, plus que jamais, nous devons investir dans des systèmes de santé centrés sur les patients et à assise communautaire, les biens communs pour la santé, l’éducation et l’information sur la santé, un accroissement des ressources humaines de la santé et l’exploitation des nouvelles technologies pour la surveillance et le suivi.
La Dre Gro Brundtland, membre de l’organisation The Elders et du groupe consultatif politique auprès du mouvement pour la CSU, a lancé un appel énergique en faveur du financement public, faisant valoir notamment la nécessité d’éliminer les frais d’accès aux services de santé afin que tous bénéficient de soins de santé gratuitement aux points de service. Elle a aussi conseillé de réallouer les budgets au profit des soins de santé primaires. Avec la propagation du COVID-19 dans le monde entier, la Dre Brundtland a souligné qu’il fallait donner une réponse coordonnée et globale à la santé publique et augmenter le financement de et l’OMS, tout en faisant preuve d’ingéniosité et d’innovation pour parvenir à la CSU ainsi qu’au programme plus large des ODD.
Le Dr Keizo Takemi, Ambassadeur de bonne volonté de l’OMS pour la CSU, a abordé le COVID-19 dans le contexte de la sécurité humaine, se fondant sur l’expérience nationale du Japon qui a réalisé la CSU tout en se reconstruisant après la destruction de la seconde guerre mondiale. Il a mis en avant le rôle de la CSU dans la création d’un système éducatif et économique stable qui a doté de moyens toutes les générations au Japon. Le Dr Takemi a encouragé une approche interdisciplinaire et collaborative dans la lutte contre le COVID-19, soulignant que la nouvelle normalité doit être fondée sur une notion holistique et axée sur l’homme de la sécurité humaine. À cet égard, le Dr Takemi a proposé de créer un groupe pour discuter de l’évolution de la notion de sécurité humaine dans le cadre de la pandémie.
La Dre Nata Menabde, Directrice exécutive du Bureau de l'OMS auprès de l’ONU, a animé une discussion de groupe avec les représentants des gouvernements et les experts, pour partager les expériences, les leçons et les meilleures pratiques venant de différentes régions. La Dre Menabde a souligné que ce n’est ni le premier ni le dernier défi mondial que nous devons relever ; les systèmes de santé doivent être résilients et assez robustes pour répondre aux difficultés. Elle a aussi partagé la récente annonce de l’OMS sur la création d’un groupe indépendant, qui sera présidé par Helen Clark et Ellen Sirleaf Johnson.
Le Dr Eteni Longondo, Ministre de la santé de la République démocratique du Congo (RDC), a mis en commun l’expérience unique de la RDC dans la prise en charge des flambées concomitantes de maladie à virus Ebola et de COVID-19 et il a expliqué comment la RDC avait utilisé l’expérience acquise lors de la riposte au virus Ebola, par exemple : redéployer les équipements de terrain et les laboratoires, ainsi que les ressources humaines, formées et expérimentées depuis les précédentes flambées de virus Ebola, pour répondre au COVID-19. Le Gouvernement a aussi activé l’équipe multisectorielle de réponse au virus Ebola pour s’attaquer au COVID-19. Les principales leçons comprennent : les avantages de la décentralisation des laboratoires, associer les communautés à la réponse sur le terrain, aborder la sécurité publique et la réduction des conflits, et appliquer une riposte de l’ensemble de la société. Le Gouvernement a subventionné les soins médicaux pour les patients du virus Ebola et du COVID-19 afin d’encourager les gens à se rendre dans les centres de santé pour y demander des soins ; il examine son plan sur la CSU pour veiller à ce qu’il comprenne la prise en charge des épidémies et autres urgences sanitaires.
Le Dr Román Macaya Hayes, Président exécutif du Fonds de sécurité sociale du Costa Rica, a passé en revue le défi émergent au Costa Rica et a crédité un solide système de soins de santé primaires (SSP) de l’identification précoce des cas et de l’accès aux soins. Le Dr. Macaya a souligné les stratégies de surveillance épidémiologique qui ont été employées, notamment : l’identification et l’isolement des cas et de leurs contacts proches ; un tableau de visualisation des cas ; une surveillance et des tests aux frontières, dans les centres de santé et les communautés à forte vulnérabilité, autant d’activités introduites ensuite dans les systèmes d’information géographique. Il a mis en avant les interventions nationales efficaces dans les communautés touchées comme : la coordination interinstitutionnelle pour répondre aux besoins des populations vulnérables, l’établissement d’unités médicales pour continuer à surveiller les cas en quarantaine, la mise à jour des directives sur la sécurité, la rationalisation de l’achat de médicaments et d’équipements de protection individuelle, la télémédecine et la livraison de médicaments à domicile. Le Dr Macaya a ensuite abordé la recherche-développement et l’accès aux médicaments, souhaitant la création d’une réserve mondiale de brevets sur les technologies relatives au COVID-19 et des contributions nationales pour aider à résoudre les problèmes potentiels d’accès à un futur vaccin.
La Dre Tamar Gabunia, Ministre adjointe de la santé en Géorgie, a fait part des problèmes relatifs aux ressources causés par la pandémie dans le contexte des activités sur la CSU (menées depuis 2013), qui ont exigé une réallocation des capacités, en particulier pour renforcer les SSP, les laboratoires et la surveillance. À la lumière de cette évolution, elle a noté que la Géorgie passe à de nouveaux modes de prestation des SSP, notamment la télémédecine, les consultations en ligne, la surveillance et les soins à domicile. Étant donné que 85% des centres de santé en Géorgie sont privés, la Dre Gabunia a révélé que le Gouvernement revoit le programme du partenariat public-privé pour mieux utiliser les centres de soins de santé aussi bien publics que privés. Les mesures coordonnées pour contenir la propagation du COVID-19 comprennent : des tests ponctuels, une recherche des contacts, la distanciation physique, l’accès sur un pied d’égalité aux diagnostics de qualité et un environnement des soins de santé sûr et hygiénique. La Dre Gabunia a plaidé pour un organe national de coordination solide, la continuité des services essentiels pendant la réponse à la pandémie et des investissements dans les interventions qui prennent en considération le développement à long terme.
Le Dr Sakchai Kanjanawatana, Secrétaire général du Bureau national de sécurité sanitaire en Thaïlande, a reconnu la contribution du dispositif national de la CSU, fondé sur l’équité, l’efficience et la participation, au renforcement du système de santé et de la sécurité sanitaire mondiale, y compris la riposte de la Thaïlande au COVID-19. Le succès de la Thaïlande dans la lutte contre la pandémie provient d’une association de santé publique et de mesures sociales comme : une surveillance et un dépistage actifs, des quarantaines dans certains États et zones locales, des stratégies efficaces de communication, une amélioration des filets de sécurité sociale et des campagnes de sensibilisation. Le Dr Kanjanawatana a attiré l’attention sur le Fonds de santé communautaire, qui soutient des programmes des santé adaptés aux besoins locaux, et sur les bénévoles villageois de santé qui (pendant le COVID-19) ont surveillé les mouvements des habitants, réalisé des visites et examens à domicile et contribué à la continuité des soins par des livraisons de médicaments à domicile, parmi d’autres mesures.
Mme Mamta Murthi, Vice-Présidente du développement humain dans le Groupe de la Banque mondiale, a partagé les perspectives économiques mondiales de la plus grave crise économique que notre génération ait connue et la plus profonde récession jamais enregistrée depuis la seconde guerre mondiale. La croissance dans les économies avancées devrait reculer de 7% et de 2,5% dans les pays en développement, ce qui influera sensiblement sur les activités internationales de réduction de la pauvreté. La Banque mondiale estime que près de 70-100 millions de personnes retomberont dans la pauvreté. Mme Murthi a également souligné que, du fait de la désorganisation de services essentiels en raison du COVID-19, on prévoit que 13,5 millions de personnes de plus (principalement des enfants) ne seront pas vaccinées cette année, ce qui devrait aboutir à 250 000 décès infantiles supplémentaires. La Banque mondiale s’attend aussi à ce que la mortalité due à la tuberculose, au paludisme et au VIH soit multipliée par deux, avec une perte de revenu de 10 000 milliards de dollars pour la génération des enfants qui n’ont pas profité des possibilités éducatives et quelque 8 millions de grossesses non désirées. Parce que les gouvernements seront confrontés à un espace fiscal extrêmement restreint pour les dépenses essentielles, il sera capital de relever l’utilité des activités. Mme Murthi a rappelé que la Banque mondiale a donné la réponse la plus vaste et la plus rapide à une crise : elle a desservi plus d’une centaine de pays, soit 70% de la population mondiale, et a distribué 160 milliards de dollars en allocations pour gérer les conséquences sanitaires immédiates, stimuler les systèmes de santé, maintenir les services sociaux essentiels et jeter les bases d’une future reprise économique. Pour terminer, Mme Murthi a noté que le déficit de financement, estimé avant le COVID-19 à 160 milliards de dollars, pour parvenir à la CSU dans les pays en développement se sera substantiellement élargi suite à la crise et a fait appel à la solidarité mondiale pour vaincre le COVID-19.
La Dre Roopa Dhatt, Directrice exécutive de Women in Global Health, a abordé trois dimensions sexospécifiques clés de la pandémie. Elle a souhaité une meilleure représentation des femmes aux postes de direction, des conditions de travail sûres pour le personnel de santé qui prennent en considération les besoins particuliers des femmes, et des services de santé qui tiennent compte des particularités de chaque sexe et incluent la continuité de la santé et des droits sexuels et génésiques. La Dre Dhatt a noté que même si les infirmières et les agents de santé communautaire féminins représentent 70% des travailleurs en première ligne, les compétences et le leadership des femmes sont systématiquement écartés ; dans la planification et la direction, les femmes ne représentent que 15% des équipes spéciales et à peine 25% des cadres du secteur de la santé.
M. Kaha Imnadze, Représentant permanente de la Géorgie auprès des Nations Unies, a animé une brève foire aux questions, avec des interventions notables de l’Espagne et de la Turquie, concernant les modèles de financement pour garantir des dépenses nécessaires de santé publique, et l’importance du multilatéralisme et de la solidarité internationale, respectivement.
M. Kimihiro Ishikane, Représentant permanent du Japon auprès des Nations Unies, a prononcé les remarques finales. Il s’est déclaré encouragé par la réaffirmation de l’engagement en faveur de la déclaration politique sur la CSU en vue de s’attaquer à cette crise pour la sécurité humaine. L’Ambassadeur Ishikane a prêté son soutien à la mise au point de la note de synthèse du Secrétaire général de l’ONU sur la CSU et a demandé au Groupe d’amis de la CSU d’envisager une déclaration conjointe d’approbation.
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Photo : OMS / NOOR / Sebastian Liste