La CSU2030 a organisé sa réunion annuelle à l'occasion de la...
27 septembre 2018
Événement parrainé conjointement par les Gouvernements suisse et afghan
Un sentiment d’impatience et d’impérieuse nécessité et le besoin d’agir ont profondément marqué la réunion de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la CSU dans les situations d’urgence : comment tous les acteurs et les secteurs liés que sont le développement et l’aide humanitaire travaillent-ils pour garantir la CSU dans les environnements fragiles et les conflits ?
Regardez l’enregistrement de la réunion ici
Coparrainé par les Gouvernements suisse et afghan à l’Assemblée générale des Nations Unies le 27 septembre 2018, la réunion a mis en lumière l’importance de la CSU dans les situations d’urgence comme composante du Programme pour le développement durable à l’horizon 2030 et a mobilisé l’engagement politique pour les progrès en appuyant « l’appel à l’action pour la couverture santé universelle (CSU) dans les situations d’urgence ».
Ces dernières années, la communauté internationale a accordé plus d’attention à la prestation des soins de santé dans les situations d’urgence, avec le lien indivisible entre les ODD3 et ODD16 dans le Programme 2030 et dans la résolution 2286 du Conseil de sécurité (2016) relative à la protection du secteur de la santé dans les conflits armés. Même si un cadre de travail existe au niveau international, d’importants écueils demeurent sur le terrain. On constate un manque de respect des principes existants adoptés au niveau international qui gouvernent la CSU.
Des approches plus cohérentes et une volonté plus affirmée d’élargir la CSU dans les conflits armés, les contextes fragiles et d’autres situations d’urgence sont nécessaires sans délai. Il faut redoubler d’efforts pour prévenir et atténuer les attaques sur le secteur de la santé dans toutes les urgences, garantir la prestation de soins de santé, protéger les systèmes de santé et promouvoir le droit à la santé pour tous. Assurer la CSU dans les situations d’urgence demande aussi de rassembler les acteurs humanitaires et du développement pour consolider et étayer les systèmes de santé nationaux, renforcer la résilience pour élargir et pérenniser les capacités essentielles de santé publique.
Pendant l’Assemblée mondiale de la Santé en 2018, la Suisse et l’Afghanistan ont entamé un processus en vue de préparer un appel à l’action multipartite sur la couverture santé universelle dans les situations d’urgence. Cet événement à l’Assemblée générale était une activité complémentaire destinée à maintenir la dynamique sur l’appel à l’action avec toutes les parties prenantes.
Orateurs
L’événement a été animé par le professeur Ilona Kickbusch, Directrice du Programme de santé mondiale à l’Institut de hautes études internationales et du développement à Genève et Coprésidente du Comité directeur de la CSU2030. Elle a évoqué la CSU dans les situations d’urgence, rappelant à tous la nécessité d’approches cohérentes et à base factuelle dans les secteurs liés que sont l’aide humanitaire et le développement, et elle a invité toutes les parties prenantes à agir. « Nous devrions non pas simplement nous parler, mais toucher aussi des processus politiques plus larges », a-t-elle remarqué.
Monsieur Alain Berset, Président de la Confédération suisse, a prononcé un discours liminaire où il a souligné : « La CSU dans les situations d’urgence fait partie intégrante du programme des ODD et nous devons rassembler la volonté politique de progresser. » Il a préconisé une approche cohérente et inclusive pour élargir la CSU dans les conflits armés, les environnements fragiles et d’autres situations d’urgence. L’engagement doit se centrer sur trois principaux domaines pour la CSU dans les situations d’urgence :
1. Renforcer les systèmes de santé nationaux, consolider la résilience et soutenir les fonctions essentielles de santé publique.
2. Travailler pour la pleine application des droits humains, des résolutions des Nations Unies et du programme de développement durable à l’horizon 2030. Au niveau international, chacun de nous doit mettre en œuvre ces normes où que ce soit.
3. Garantir la continuité dans les systèmes de santé et l’accès aux services sans interruption.
Monsieur Peter Maurer, Président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a prononcé un autre discours liminaire, notant : « Nous constatons les effets funestes des conflits sur les systèmes de santé et les soins de santé. » Il a identifié sept principaux domaines d’action et nous a demandé de transformer notre indignation en nouvelles façons d’agir de manière collective et connectée.
1. La communauté internationale devrait faire davantage pour prévenir l’effondrement des systèmes de santé et protéger les citoyens. Nous avons besoin de mécanismes souples pour des réponses rapides dans les situations de vie ou de mort, puis nous devons commencer à travailler de façon plus centrée sur les secteurs liés que sont l’aide humanitaire et le développement.
2. Nous devons rendre visible les invisibles et concevoir des solutions avec les personnes qui font face à des difficultés particulières, comme les femmes, les enfants, les personnes âgées, les personnes handicapées, qui ont besoin d’approches spécifiques. Les agents de santé locaux formés sont des prestataires essentiels en première ligne.
3. Des mesures concrètes pour protéger les systèmes et les services accessibles aux communautés sont capitales et attendent toujours.
4. Avec la radicalisation des idéologies religieuses et politiques, nous avons oublié le principe autorisant le traitement impartial de toutes les victimes des hostilités et des combattants de tous les camps.
5. Nous devons envisager toutes les actions dans le cadre de la continuité des soins.
6. Il faut relever l’appui à la qualité pour répondre aux besoins de santé mentale et de soutien psychologique, ainsi que des maladies non transmissibles dans les situations de conflit.
7. Nous devons limiter les destructions, tout particulièrement dans les conflits urbains, et inviter toutes les parties à prendre des précautions matériellement possibles pour protéger les civils et éviter l’usage des armes.
Pendant une table ronde, Madame Sigrid Kaag, Ministre du commerce extérieur et de la coopération au développement, Pays-Bas, a parlé de l’importance de la CSU et de la nécessité d’axer les efforts sur la rapidité, la qualité et la continuité, et non sur des interventions qui restent ponctuelles. Elle a déclaré : « Nous voulons être à l’avant-garde d’un mouvement accordant une véritable priorité à la santé mentale et au soutien psychologique. »
Le professeur Jacek Czaputowicz, Ministre des affaires étrangères, Pologne, a adhéré à l’appel à l’action et a décrit les principaux objectifs de l’accès aux soins dans les urgences et les conflits armés. Il a aussi évoqué la mémoire du turbulent XXe siècle qui nous rappelle à tous la valeur des soins de santé pendant les conflits. « Il y a encore beaucoup à faire, comme des améliorations du financement de la santé, la promotion de la CSU dans les systèmes de santé nationaux et la garantie d’un accès universel à des services de santé de qualité. Nous devons mobiliser les acteurs humanitaires et du développement ainsi que le secteur privé pour parvenir à la CSU pour tous, même dans des situations de fragilité et de conflit. »
Le docteur Pierre Somse, Ministre de la santé publique et de la population, République centrafricaine, a partagé les défis que son pays doit relever dans le domaine des soins de santé en raison de l’insécurité, des attaques sur les infrastructures et les agents de santé, du manque de médicaments et de professionnels de santé, en particulier dans les zones rurales et les régions contrôlées par des groupes armés. Les taux de mortalité de la mère et de l’enfant en République centrafricaine sont parmi les plus élevés du monde et constituent donc une priorité pour le Gouvernement. Il existe aussi des difficultés de coordination avec une multiplicité d’acteurs, et un manque de redevabilité, spécialement dans le secteur public. Comment est-il possible de parvenir à la CSU dans ce contexte ? « Premièrement, nous devons rétablir le leadership de l’État et son autorité, spécialement dans le contexte humanitaire. Les intervenants humanitaires pensent qu’ils forment un groupe à part et ne doivent pas avoir affaire aux pouvoirs publics, puisque leur rôle est de soigner les gens et qu’ils le font mieux que le Gouvernement. C’est peut-être vrai, mais le manque de coordination crée des tensions inutiles et représente une occasion manquée. » Il a répété que « la santé est un incubateur de la paix ».
Le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, a partagé des exemples d’activités conjointes par le biais du partenariat DARES entre l’OMS, le Groupe de la Banque mondiale, le PAM et l’UNICEF dans des pays en guerre comme le Yémen, et il a fait une déclaration éloquente d’engagement politique. La santé peut être une passerelle vers la paix et faire le lien entre les acteurs humanitaires et du développement. « L’OMS occupe une position unique pour aider les pays à alléger l’impact des conflits par la santé et la CSU. Nous préparons un nouveau mécanisme de soutien destiné à intégrer le renforcement des systèmes et les interventions d’urgence, dont le but est de garantir l’accès aux services pour les membres les plus vulnérables de la population. Pourtant, la volonté politique ne suffit pas à elle seule à faire la différence. Nous devons tous passer de la parole aux actes et investir pour nous assurer que les plus vulnérables ne sont pas laissés de côté. »
Le docteur Emais Roberts, Ministre de la santé, Palau, a décrit les conséquences de la loi sur les soins de santé 2010 de son pays, qui a réussi à élargir l’accès aux services. « Nous voulons avancer vers les soins préventifs », a-t-il signalé.
Mme Agneta Karlsson, Secrétaire d’État aux soins de santé, à la santé publique et au sport, Suède, a vivement approuvé l’appel à l’action et s’est félicitée : « Cette initiative pour introduire la CSU en tant que stratégie importante pour la santé dans les situations d’urgence est extrêmement opportune. »
Madame l’Ambassadrice Elisabetta Belloni, Secrétaire générale du Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Italie, a regretté que les crises humanitaires deviennent plus fréquentes, complexes et périlleuses. « Un manque de services de santé essentiels aboutit à la propagation de maladies qui auraient pu être évitées. Nous devons rassembler les acteurs humanitaires et du développement pour renforcer les systèmes dans les contextes fragiles », a-t-elle déclaré.
Le docteur Seth Berkley, Directeur général de Gavi, a parlé des situations prolongées dans les contextes d’urgence, avec plus de 50% des enfants sous-vaccinés. « Nous sommes décidés à travailler avec vous pour la mise en œuvre réussie de l’appel à l’action », a-t-il annoncé.
Monsieur l’Ambassadeur Mahmoud Saikal, Représentant permanent de l’Afghanistan aux Nations Unies, a prononcé les remarques de clôture. Il a insisté sur la nécessité d’adopter sans délai des approches cohérentes et inclusives qui consolident l’infrastructure de santé et relèvent les capacités locales. « Il est important d’élargir la CSU aux populations dans les conflits armés et d’autres crises humanitaires. Cet appel à l’action est une initiative pour créer une dynamique autour de ce programme, et nous réitérons notre soutien entier au travail aux niveaux national, régional et international. »
L’événement a été coparrainé par :
Les Gouvernements de l’Espagne, la Finlande, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Pologne, la République centrafricaine, la Somalie, le Soudan, la Suède ainsi que par Gavi, l’Alliance du Vaccin, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, le Partenariat international de santé pour la CSU 2030 (CSU2030), le Groupe de la Banque mondiale et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).