20 juin 2018

Nous lui souhaitons chaleureusement la bienvenue dans le Partenariat.

La République islamique d’Iran rejoint la CSU2030

L’expérience de la République islamique d’Iran ces dernières décennies et très récemment avec le Plan de transformation de la santé (PTS) montre combien il est important d’établir et de maintenir des systèmes de santé avec de solides fondations dans les soins de santé primaires et des processus participatifs locaux pour veiller à ce que les besoins de santé soient satisfaits à un coût abordable. 

L’Assemblée nationale de la santé récemment créée illustre le rôle unique de la société civile et des représentants communautaires dans la mobilisation d’un engagement politique au service de la couverture santé universelle (CSU), en fournissant un lien durable à partir du niveau local vers la participation et la prise de décision à l’échelon national.

Nous avons posé au docteur Iraj Harirchi, Ministre par intérim et Vice-Ministre de la Santé, Ministère de la Santé et de l’Enseignement médical, quelques questions sur les raisons pour lesquelles la République islamique d’Iran s’est jointe à la CSU2030 et sur l’expérience de son pays en matière de réforme du système de santé pour la CSU. 

Quelles étaient les raisons qui ont incité la République islamique d’’Iran à se joindre à la CSU2030 ?

La République islamique d’Iran est engagée de longue date en faveur de la couverture santé universelle (CSU). Ces 30 dernières années, plusieurs initiatives ont été mises en œuvre pour améliorer le système d’aiguillage, accroître la capacité de formation des personnels de santé, élargir l’accès aux services de soins de santé, réduire les inégalités et promouvoir la qualité des services. Elles ont à leur tour abouti à des progrès considérables dans les résultats de santé. Néanmoins, plusieurs difficultés ont persisté au fil du temps qui exigent une approche systématique et harmonisée pour introduire des réformes opérantes du secteur de la santé.

Les Politiques générales de santé de la République islamique d’Iran (lancées par le Guide suprême) et les Plans de développement national (principalement les cinquième et sixième plans) ont insisté sur la nécessité d’activités supplémentaires pour parvenir à la CSU. C’est aussi l’une des principales priorités sociales du Gouvernement actuel qui est directement soutenue par le Président. En outre, les résultats de la dernière évaluation externe de la récente initiative sur la voie de la CSU, appelée Plan de transformation de la santé, montre l’importance de mesures complémentaires pour une véritable transformation suivie du secteur de la santé.

Pour déterminer ce qu’il convient de faire en vue de parvenir à la CSU, nous pensons qu’il est utile de savoir ce que d’autres pays ont accompli et quelles sont les meilleures pratiques à cet égard. Quand nous avons entendu parler de la CSU2030, nous avons compris que c’était une occasion pour notre pays d’accélérer les progrès équitables et durables vers la CSU. C’est particulièrement vrai de la participation à une plateforme qui facilite les échanges d’expériences et améliore la coordination des activités de renforcement du système de santé par des synergies avec des réseaux techniques apparentés.

Qu’espérez-vous apporter au Partenariat ?

Pour notre part, nous possédons une vaste expérience, essentiellement avec l’établissement des soins de santé primaires (SSP), l’élaboration du plan de lutte contre les maladies non transmissibles (MNT), l’optimisation du système d’information sanitaire, l’élargissement de la couverture des services de santé et de l’assurance maladie, en particulier pour les populations pauvres, la formation des personnels de santé requis, la promotion de l’utilisation des données de la recherche dans la définition des politiques de santé, la collaboration avec le secteur privé pour parvenir à la CSU et l’appui à des activités multisectorielles pour s’attaquer aux déterminants sociaux de la santé. 

Nous connaissons aussi la gestion des difficultés causées par les sanctions. Parmi les principales initiatives, citons le traitement du secteur privé pour fournir des services de santé, l’établissement de nouveaux cabinets de consultation médicale pour faciliter l’accès du public aux services spécialisés dans l’ensemble du pays, l’élimination de la double pratique médicale, la réforme du système des paiements et le plafonnement des paiements, et la priorité accordée aux pauvres dans toutes les politiques. Nous pensons que notre expérience peut être partagée avec d’autres pays.

Qu’espérez-vous retirer de votre participation à la CSU2030 ?

Ainsi que je l’ai déjà dit, le système de santé actuel souffre de certaines difficultés qui, si elles ne sont pas résolues, pourraient faire reculer le système de santé et le placer dans une situation défavorable. Ces obstacles peuvent être résumés en trois thèmes : financement durable, bonne gouvernance et prestation de services de santé complets et justes. 

Du point de vue du financement durable, le Président Rohani a considéré que la santé était l’une des trois priorités principales ; par conséquent, le budget de la santé a enregistré une augmentation substantielle. Néanmoins, le pays a du mal à déterminer comment dépenser ces fonds de manière optimale. Nous cherchons donc des manières novatrices de sélectionner les services, produits et technologies de santé qui devraient être couverts par les deniers publics, de contrôler les dépenses de santé par rapport à la sécurité et la qualité des services de santé, d’employer les mécanismes les plus efficaces pour rémunérer les prestataires des services de santé et de disposer d’un plan global pour relever l’efficacité du système de santé et le rendre plus résilient.

S’agissant de la bonne gouvernance, le pays doit améliorer le processus de définition des politiques de santé par une participation active des acteurs et l’utilisation correcte des données, la mise à niveau des mécanismes de supervision et de contrôle du marché de santé et la définition d’un système clair et ponctuel de réactivité.

En ce qui concerne la prestation des services, sur la base de notre expérience avec l’établissement d’un réseau de santé et après une augmentation qualitative et quantitative des intrants de la santé (main d’œuvre, installations de santé et infrastructure d’information), nous pensons qu’il est temps d’investir davantage pour améliorer le processus de prestation des services. À cette fin, il faudrait veiller en particulier à garantir la prestation des services de santé requis du point de vue de la continuité, de la globalité et de la qualité des soins de santé, au prix le plus bas, avec une efficacité optimale dans des délais aussi courts que possible. 

Nous espérons qu’en participant à la CSU2030, nous pourrons obtenir plus d’informations et de données concrètes tirées des expériences mondiales pour régler nos difficultés et aussi unir nos activités de plaidoyer pour les objectifs de la CSU, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. 

Comment progresse la CSU en République islamique d’Iran ?

Le Plan de transformation de la santé, la plus récente réforme sur la voie vers la CSU, a inclus différentes interventions liées dans le domaine des soins primaires et hospitaliers. Il est mis en œuvre par un processus progressif, étape par étape, depuis mai 2014. Au mois d’octobre 2016, le Plan avait réalisé de multiples interventions et était parvenu aux résultats suivants :

  1. Les ressources financières du système de santé ont été augmentées en relevant le pourcentage du PIB par habitant alloué à la santé (6,5% en 2012 contre 8,9% en 2015). Il convient de noter que la part des dépenses publiques générales de santé (DPGS) sur les dépenses totales de santé (DTS) est passée de 33,3% en 2012 à 51,3% en 2015.

  2. Plusieurs mesures ont ramené la part des frais restant à la charge des patients comme proportion des dépenses totales de santé (DTS) de 54,8% en 2012 à 38,1% en 2015. Ces mesures comprennent : la diminution des versements directs des patients pour les hospitalisations et les soins ambulatoires dans 600 hôpitaux publics dans l’ensemble du pays ; des révisions importantes du système tarifaire des services médicaux pour les aligner sur l’inflation réelle, en vue d’éviter les « dessous de table » ; et les achats stratégiques pour acheter les médicaments et instruments médicaux nécessaires à des prix raisonnables.

  3. Le Plan de transformation de la santé a amélioré le réseau exemplaire de soins de santé primaires (SSP) qui a contribué à de nettes améliorations de la santé publique, en particulier dans les zones rurales après la révolution iranienne. L’approche novatrice de l’intervention du Plan a été de développer l’infrastructure existante des SSP avec des services supplémentaires et d’élargir les services actifs de soins primaires en accordant une attention particulière aux maladies non transmissibles et à la santé dans les environnements urbains. Un accent a aussi été placé sur 10 millions d’autres personnes marginalisées et défavorisées qui vivent dans les zones entourant les grandes villes.

  4. Différents services, y compris des services de soins intensifs et aux grands brûlés et de santé mentale, ont été inclus dans l’ensemble de services existant. De plus, 24 000 nouveaux lits d’hôpital, 34 bases d’ambulances aériennes, 16 000 médecins, 71 000 infirmières et 5300 sages-femmes sont venus étoffer le système de santé. Toutes ces mesures ont permis de relever la qualité et d’élargir l’accès aux services de santé, conformément aux progrès vers la CSU.

  5. Le nombre de personnes assurées a augmenté de près de 9,7%, passant de 83,3% à 93,0% en 2015.

À ce stade, quelles leçons pourriez-vous partager avec d’autres partenaires de la CSU2030 ?

La République islamique d’Iran possède une expérience inestimable des différentes réformes pour renforcer le système de santé dans l’optique de la CSU et parvenir à la santé pour tous. Parmi elles, nous pensons que la plus pertinente se rapporte à la mise en œuvre et l’évaluation du Plan de transformation de la santé.

Le pays a réalisé deux cycles d’évaluation du Plan par des équipes internationales, avec le généreux concours de l’Organisation mondiale de la Santé, en vue de corriger les écueils pouvant ralentir nos progrès vers la CSU. La République islamique d’Iran se déclare prête à partager ses expériences avec d’autres pays dans le cadre de la CSU2030 pour raccourcir le chemin commun qui reste à parcourir jusqu’à la CSU. 

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