La CSU2030 a organisé sa réunion annuelle à l'occasion de la...
18 septembre 2017
18 septembre 2017 : une discussion de haut niveau sur la réalisation des ODD par le biais de la santé pour tous a eu lieu aux Nations Unies.
La CSU est bien plus qu’un simple sigle de trois lettres. La couverture santé universelle est fondée sur la conviction que la santé est un droit fondamental, et non un privilège. Réaliser la CSU est à la fois un impératif moral, à savoir donner à tous les individus accès aux soins de santé, et un objectif stratégique qui consiste à construire des sociétés plus saines. C’est l’investissement le plus rentable pour un monde plus sûr, plus juste et en meilleure santé.
Séance d’ouverture du groupe de haut niveau
Voici quelques-uns des messages forts de la séance d’ouverture du groupe de haut niveau des dirigeants mondiaux pour la couverture santé universelle, tenu le lundi 18 septembre à New York dans le cadre de l’Assemblée générale des Nations Unies.
L’événement a été organisé conjointement par le Japon, le Sénégal, le Royaume-Uni, l’Afrique du Sud, la Thaïlande, la France, l’Allemagne, l’Organisation mondiale de la Santé, le Groupe de la Banque mondiale, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance, le Programme des Nations Unies pour le développement, la Fondation Rockefeller, la Coalition pour la couverture santé universelle, la CSU2030 et le Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant.
Les dirigeants mondiaux ont parlé favorablement de la CSU, mettant en lumière les vastes conséquences de la réalisation de la CSU sur tous les ODD et rappelant qu’elle a des avantages sociaux et économiques de longue portée. Pour parvenir à la CSU, il faut une vision, une volonté et une action, et le docteur Tedros, Directeur général de l’OMS, a lancé un important appel à l’action.
Shinzo Abe, Premier Ministre du Japon, a ouvert la réunion avec un discours exhortant la communauté mondiale à s’attaquer aux défis de demain. « Notre voyage vers la CSU vient de commencer. De formidables difficultés nous attendent. Il ne sera en aucun cas facile d’augmenter le nombre de médecins, d’infirmières et d’agents de santé communautaires qualifiés, d’établir des systèmes d’approvisionnement et de gestion des produits pharmaceutiques, et d’introduire des systèmes financiers qui donnent accès aux soins de santé de base pour tous à un coût abordable. »
Amina J. Mohammed, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a souligné l’importance de la CSU en rapport avec tous les autres ODD. « La santé est au cœur des ODD ; c’est une condition préalable, un résultat et un indicateur des progrès. La CSU est une clé qui peut aider à libérer toute l’ambition des ODD », a-t-elle affirmé.
Macky Sall, Président du Sénégal, a évoqué l’échelle qui peut être atteinte quand on vise la CSU. « Au Sénégal, quand nous avons lancé notre plan, en 2014, nous voulions mettre en évidence le capital humain, la protection sociale et le développement durable. Nous sommes passés d’une couverture de 20% à plus de 47%, ce qui est un succès considérable dont nous sommes fiers. »
Achim Steiner, Administrateur du PNUD, a souligné les conséquences de la CSU pour réaliser l’éventail ambitieux des ODD. « Les objectifs nous donnent une démonstration d’avantages multiples car les activités autour de la CSU peuvent toucher diverses cibles et divers indicateurs […] La CSU est non seulement judicieuse, mais elle se traduit aussi en arguments économiques extraordinaires. »
Angel Gurria, Secrétaire général de l’OCDE, a aussi mis en évidence les avantages économiques de la CSU. « La santé est un investissement, et non une charge financière. Entre 2000 et 2011, près d’un quart de la croissance économique dans les pays à revenu faible ou intermédiaire a résulté d’une amélioration de la santé. Le temps presse pour réaliser les ODD. Nous devons commencer tout de suite à travailler collectivement. »
Shinichi Kitaoka, Président de la JICA, a soutenu la notion d’avantages économiques et a partagé la perspective du Japon. « L’expérience historique du Japon, qui est parvenu à l’assurance maladie universelle en 1961, montre que la CSU affranchit les individus de la peur de la maladie, mais qu’elle contribue aussi à stabiliser la société et à apporter une croissance économique soutenue. Forts de cette expérience, nous pouvons nous porter garants de la validité de la CSU. »
Le docteur Tedros, Directeur général de l’OMS, a encouragé chacun à avoir la volonté politique d’agir. « La couverture santé universelle est fondée sur la conviction que la santé est un droit fondamental, et non un privilège. […] La bonne nouvelle est que la CSU est à notre portée. En juillet, nous avons présenté des données montrant que 85% des coûts de la réalisation des cibles de santé des ODD peuvent être pris en charge par les ressources nationales. Tous les pays à tous les niveaux de revenu peuvent faire davantage avec les ressources dont ils disposent, et peuvent agir maintenant pour améliorer la santé de leur population. »
Anthony Lake, Directeur général de l’UNICEF, a avancé que la CSU est un impératif moral et une nécessité stratégique essentielle pour la santé économique et politique de toutes les nations, ainsi que pour la santé et la sécurité humaine de leurs citoyens individuels. Il a aussi posé la question de savoir s’il faut privilégier une approche du haut vers le bas, en vertu de laquelle les systèmes de santé couvrent d’abord les populations les plus avantagées et faciles à atteindre ou s’il convient d’adopter une approche partant du bas, qui utilise comme point de départ les populations les plus difficiles à desservir. « Bien sûr, nous devons faire les deux. Il est évident que pour réaliser la CSU, il faut donner la priorité aux systèmes qui répondent aux besoins des populations les plus défavorisées. C’est non seulement juste, mais c’est aussi la voie la plus rentable pour aller de l’avant. En 2010, une analyse de l’UNICEF a découvert que s’il est plus coûteux d’atteindre les populations les plus inaccessibles, ces coûts additionnels sont compensés de manière spectaculaire par les résultats. »
Kristalina I. Georgieva, Directrice générale de la Banque mondiale, a plaidé de manière éloquente pour que les femmes et les filles soient couvertes par le biais de la CSU. « Permettez-moi de parler en tant que femme, mère et grand-mère. Nous avons des devoirs envers tous les êtres humains, mais en particulier envers les femmes et les filles. Comment pouvons-nous envoyer des gens dans l’espace alors que des femmes continuent de mourir en couches et que nous perdons des enfants ? »
Rajiv Shah, Président de la Fondation Rockefeller, a demandé que nous prenions des mesures concrètes et que nous donnions aux citoyens les moyens d’agir. « J’espère que tous nous continuerons à associer nos paroles à des actions concrètes qui font la différence, qui sont ancrées dans la réalité et qui nous permettent ensemble d’offrir une couverture élargie à davantage de communautés. La CSU va bien au-delà des trois lettres de son sigle. Elle a pour but de donner aux citoyens les moyens de revendiquer leur droit à la santé, afin qu’ils puissent exiger des services de meilleure qualité, à un coût plus abordable. »
Elizabeth Cousens, Directrice générale adjointe de la Fondation des Nations Unies et modératrice de l’événement, a capturé l’esprit de la réunion quand elle a affirmé : « Avec un tel leadership et avec une action de chaque personne présente, nous pourrons être à la veille d’un changement en profondeur. »
Séance en groupe : comment les pays accomplissent-ils de véritables progrès ?
Zain Verjee, cofondateur et PDG d’Akoma Media, a posé des questions importantes à un autre groupe de dirigeants nationaux et internationaux du secteur de la santé. « Il y a des écueils techniques, financiers et politiques auxquels tous les pays se heurtent. Comment un pays peut-il donc faire des progrès substantiels d’une façon qui lui est propre ? »
Des représentants nationaux de haut niveau ont répondu en citant le besoin de financer et de mettre en place des systèmes de santé plus solides, de travailler en partenariat et d’améliorer la coordination entre différentes parties prenantes du secteur de la santé.
Don Pramudwinai, Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, a souligné qu’il était nécessaire de compter sur des sources de revenu et des partenariats divers. « Nous devons rendre la CSU vraiment universelle et durable en diversifiant les sources de financement à l’appui du système. Nous avons élargi notre infrastructure de santé dans les zones rurales et l’utilisation du personnel de santé en partenariat avec les autorités locales et le secteur privé, la société civile et tous les autres secteurs. C’est une question de partenariat. »
Aaron Motsoaledi, Ministre de la santé de l’Afrique du Sud, a plaidé pour le recours à la CSU afin de changer le système de santé sud-africain actuel à deux vitesses et le fondre en un système unifié. « Notre méthode est de renforcer le système de soins de santé. Nous pensons que pour que la CSU soit d’un coût abordable et durable, nous devons nous fonder sur un système de soins de santé complet où la prévention est à l’ordre du jour et où la promotion de la santé est l’affaire de tous. » Il a ajouté que « les soins de santé primaires doivent être le moteur du système ».
Laurent Bili, Directeur général de la mondialisation, de la culture, de l'enseignement et du développement international, Ministère de l’Europe et des affaires étrangères, France, a déclaré : « La continuité est au cœur de nos politiques de développement ; la stabilisation de la santé et le développement ne font qu’un. Si vous n’avez pas la santé, vous n’avez pas grand-chose. Si vous ne disposez pas d’un système de santé satisfaisant, vous êtes sur un terrain glissant. »
Tobias Bergner, Coordonnateur de la dimension politique étrangère des questions de santé mondiale, Ministère allemand des affaires étrangères, a noté : « Nous avons uni nos forces. C’est la première étape pendant laquelle nous nous assurons que nous savons quel est le programme des autres et que nous travaillons bien sur un programme commun […] La volonté politique est importante, le leadership est important, et l’amélioration de la coordination entre différents acteurs et parties prenantes, qui a progressé ces dernières années, est importante. »
Ciarán Cannon, Ministre d’État pour la diaspora et le développement international, Irlande, a admis que « la CSU est un défi pour les pays développés au même titre que les pays en développement » et il a annoncé le soutien de l’Irlande à l’OMS pour les progrès au niveau national dans la perspective de la CSU, par le biais du Partenariat pour la couverture santé universelle.
Séance en groupe : comment chacun peut-il jouer un rôle pour garder toute sa force au mouvement en faveur de la CSU ?
Face au formidable soutien mondial dont bénéficie la CSU, la question se pose de savoir comment conserver cet incroyable élan ? Les membres du groupe ont mis en exergue le rôle de tous les acteurs, y compris du secteur privé, l’importance des soins de santé primaires comme fondement et la nécessité de nous aligner et de collaborer à mesure que nous avançons.
Le professeur Kiyoshi Kurokawa, Directeur représentatif de Global Health Innovative Technology (GHIT) a déclaré : « Pour promouvoir la CSU, l’investissement dans la recherche-développement est une question centrale, mais parfois, le marché libre peut ne pas être compatible avec d’autres partenaires. Il s’agit donc là d’un mécanisme de financement très novateur d’une initiative japonaise dans le cadre d’un partenariat public-privé. »
Chris Elias, Président du développement mondial à la Fondation Bill et Melinda Gates, a noté : « Nous avons donné la priorité aux soins de santé primaires (SSP) comme clé de voûte de la réalisation de la CSU […] Avec de solides SSP, moins d’enfants meurent avant leur cinquième anniversaire et les gens vivent plus longtemps et en meilleure santé. Il n’y aura pas de CSU sans des SSP robustes. »
Marijke Wijnroks, Directrice exécutive par intérim du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, a préconisé une réponse cohérente et pluripartite à la CSU. « Nous sommes fermement engagés dans les ODD : on peut y voir de simples messages sur l’universalité du programme et l’interconnectivité de notre monde, la nécessité de réponses intégrées dans des partenariats pluripartites pour relever tous ces défis mondiaux et respecter le principe qui consiste à ne laisser personne de côté. »
Seth Berkley, Directeur exécutif de Gavi Alliance, s’est dit d’accord avec l’interconnectivité du mouvement. « La vaccination est aussi proche que possible d’une intervention de santé universelle et c’est une plateforme pour d’autres interventions dans le système de santé publique. Le but est que nous soyons alignés et que nous apportions ces formidables bienfaits du système de santé à tous. »
Suzanne Ehlers, PDG et Présidente de Population Action International, a aussi prôné les soins de santé primaires pour soutenir l’accès des femmes et des enfants aux soins de santé. « Des systèmes qui fonctionnent bien stimulent des changements durables et nous voulons encourager les soins et systèmes de santé primaires pour réaliser la CSU. » Elle a insisté sur l’importance d’un <link fr notre-action participation-de-la-societe-civile>ferme engagement de la société civile pour mobiliser un vaste mouvement intégrateur autour de la CSU.
Marie Hauerslev, Vice-Présidente des affaires externes, Fédération internationale des associations d’étudiants en médecine, a remarqué que collectivement, en tant que jeunes et futurs travailleurs de santé, les membres de l’association sont impatients de voir des changements. « La CSU est synonyme de prise de responsabilité sociale, elle concerne le droit à la santé. »
Enfin, Ellen Chilemba, au nom de la Coalition pour la couverture santé universelle et Global Citizen, a demandé à tous les participants de poursuivre le mouvement. « Si vous quittez aujourd’hui cet événement, je vous demande de porter nos conversations au-delà des murs de l’ONU et d’encourager les citoyens à parler du droit à la santé. » Elle a annoncé le lancement d’une pétition – « Dites aux dirigeants mondiaux que la santé est un droit et non un privilège » – veuillez la signer si vous soutenez la CSU.
L’événement a marqué un moment important pour le mouvement de la CSU, avec de très nombreux dirigeants du monde qui ont démontré leur engagement en faveur de la vision, de l’action et du travail à l’unisson.
Si vous avez manqué l’événement, vous pouvez le voir ici, sur UNTV, la chaîne de télévision officielle des Nations Unies.
Voir ci-dessous toutes les ressources associées avec l’événement.
Publication de l’OMS : Together on the road to universal health coverage A call to action (Ensemble sur la voie qui mène à une couverture santé universelle : appel à l’action)
Pétition aux dirigeants mondiaux pour la CSU : « Dites aux dirigeants mondiaux que la santé est un droit fondamental et non un privilège » (Global Citizen/Coalition pour la couverture santé universelle)