La CSU2030 a organisé sa réunion annuelle à l'occasion de la...
12 décembre 2024
L'urgence du financement de la santé mondiale menace les progrès vers la couverture santé universelle.
Cet article a été publié pour la première fois sur Devex le 12 décembre 2024.
Les paiements de poche pour les soins de santé font basculer des centaines de millions de personnes dans la pauvreté, ce qui rend crucial pour les dirigeants mondiaux de s'attaquer à l'urgence du financement de la santé mondiale au niveau national et international afin de parvenir à la couverture santé universelle, ou CSU.
Aujourd'hui, 2 milliards de personnes sont confrontées à des difficultés financières liées aux dépenses de santé, qu'elles doivent payer de leur poche. Dans 30 pays à revenu faible ou intermédiaire de la tranche inférieure, les frais à la charge des patients restent la principale source de financement de la santé.
Les perspectives d'amélioration sont sombres. De nombreux PFR-PRI ont eu du mal à revenir aux trajectoires de croissance économique et de dépenses publiques antérieures au COVID-19. Dans près de la moitié des 78 PFR-PRI étudiés dans un rapport de la Banque mondiale en 2023, la part de la santé dans les dépenses publiques générales en 2022 est tombée en dessous des niveaux de 2019, antérieurs au COVID-19. Le déficit de financement de la santé au niveau mondial menace d'aggraver cette tendance inquiétante à l'appauvrissement des soins de santé, entravant les progrès vers la CSU. Pourtant, malgré ces défis pressants, certains pays poursuivent déjà des stratégies visant à accroître les investissements dans le domaine de la santé, démontrant ainsi que des progrès sont possibles.
En tant que panel politique du mouvement pour la CSU, nous profitons de la Journée de la CSU pour réfléchir à la trajectoire actuelle vers la CSU, qui signifie que chacun, partout, a accès aux services de santé de qualité dont il a besoin sans être confronté à des difficultés financières. Pour inverser les tendances actuelles, qui nous éloignent des objectifs de 2030, il faut consacrer davantage d'attention au financement durable de la santé afin de parvenir à la CSU dans chaque pays. Cela est particulièrement impératif pour les plus vulnérables qui luttent déjà pour satisfaire d'autres besoins fondamentaux tels que l'alimentation, le logement et l'éducation.
L'année 2024 a été marquée par d'importantes annonces clés liées à la CSU, notamment l'engagement de la Banque mondiale à étendre la CSU à 1,5 milliard de personnes et le lancement par le Japon d'un hub de connaissances sur la CSU. Pour l'avenir, les mesures nécessaires pour construire des sociétés saines et résilientes doivent être prises dès maintenant afin de préparer les générations futures à faire face aux menaces croissantes que représentent les pandémies, les maladies non transmissibles et le changement climatique.
En 2025, nous exhortons les décideurs à prendre un virage stratégique vers un meilleur financement de la santé. Le Centre de connaissances sur la CSU offre une occasion prometteuse de réunir les ministères de la santé et des finances et de passer d'une aspiration de haut niveau à une mise en œuvre concrète.
Ce changement est essentiel car le fardeau des maladies non transmissibles (MNT) continue de s'alourdir, causant près de trois quarts des décès dans le monde et entraînant des dépenses de santé catastrophiques pour les patients et leurs ménages en raison de la nature chronique de nombreuses MNT et du coût des soins de longue durée.
L'investissement dans la santé présente un potentiel énorme et représente la meilleure utilisation des budgets limités des pays. Les estimations de 2018 montrent que l'extension de la CSU à 1 milliard de personnes supplémentaires pourrait permettre d'éviter 24,4 millions de décès sur cinq ans. Au-delà de l'amélioration des résultats sanitaires, l'investissement dans des interventions à fort impact dans les PRFM peut avoir des retombées économiques et sociales importantes, estimées à près de 9 dollars pour chaque dollar investi.
Il est également prouvé que les dépenses de santé des gouvernements stimulent la consommation. On estime que chaque année d'espérance de vie gagnée dans la population augmente le produit intérieur brut (PIB) de 4 %. Une grande partie de ces gains pourrait être réalisée grâce à l'amélioration de l'accès aux soins de santé primaires, qui pourrait représenter environ 75 % des bénéfices projetés en matière de santé dans le cadre des objectifs de développement durable.
Ces chiffres soulignent que le cheminement vers la CSU est bénéfique pour les populations et pour l'économie. La voie vers un financement durable de la santé exige une action décisive : Les gouvernements doivent mettre en place des régimes nationaux d'assurance maladie financés par des fonds publics qui couvrent les coûts des soins de santé pour l'ensemble de la population. Ils doivent réduire ou éliminer les dépenses qui appauvrissent les personnes qui doivent payer de leur poche pour leurs soins de santé en minimisant ou en éliminant les frais d'utilisation pour ceux qui en ont le plus besoin, y compris les personnes à faible revenu ou souffrant de maladies chroniques.
Voici six priorités sur lesquelles la communauté mondiale de la santé doit se concentrer pour parvenir à la CSU :
- Les gouvernements doivent donner la priorité à la santé dans leurs budgets nationaux. La première étape cruciale consiste à inscrire un poste budgétaire régulier pour la protection financière de la santé, ce qui garantit un accès équitable à un ensemble de services de santé essentiels et abordables auxquels chacun peut accéder tout au long de sa vie sans difficultés financières.
- Compte tenu des contraintes de ressources qui pèsent sur la quasi-totalité des économies nationales, la priorité accordée à la santé dans les dépenses publiques doit s'accompagner de réformes nationales, notamment de réformes fiscales visant à accroître les recettes de l'État et à améliorer l'efficacité des dépenses. Ce dernier point comprend l'évaluation de l'efficacité des subventions et des efforts visant à réduire la corruption.
- Les partenaires internationaux du développement devraient s'efforcer d'améliorer l'efficacité de leur coopération avec les PRFM en soutenant les priorités nationales en matière de santé et en renforçant les approches de prestation de services intégrés par le biais de systèmes de santé équitables, intégrés et résilients au lieu d'interventions axées sur la maladie.
- Les partenaires internationaux du développement doivent notamment veiller à ce que les principales organisations mondiales de santé, telles que l'Organisation mondiale de la santé, bénéficient d'un financement suffisant et d'une reconstitution permanente de leurs ressources, afin de donner la priorité aux investissements dans des systèmes de santé équitables et résilients, ce qui implique de mettre l'accent sur le financement de la santé.
- Les États membres de l'ONU doivent saisir l'occasion de la réunion de haut niveau de l'ONU sur les MNT en septembre 2025 pour prendre des mesures audacieuses afin de prévenir les dépenses de santé catastrophiques qui plongent les individus et leurs ménages dans la pauvreté ou les obligent à renoncer à un traitement médical nécessaire, ce qui entraîne de moins bons résultats en matière de santé et une augmentation des coûts à long terme pour les gouvernements.
- Enfin, les États membres de l'ONU doivent profiter de la quatrième conférence internationale sur le financement du développement, qui se tiendra en 2025, pour discuter des moyens d'alléger le lourd fardeau de la dette des pays à revenu faible ou intermédiaire. La réorientation des fonds alloués au service de la dette vers des services de santé abordables pourrait permettre à des millions de personnes de bénéficier du filet de sécurité de la CSU.
Les arguments en faveur de l'investissement dans la CSU sont clairs. Mais pour que le droit à la santé devienne une réalité pour tous d'ici à 2030, il faut que les décideurs de haut niveau soient déterminés à s'attaquer à la crise actuelle du financement de la santé.
Avec une volonté politique, nous pouvons combler le déficit de financement de la santé et progresser vers la CSU, qui ne peut être atteinte que si un plus grand accès aux services de soins de santé est garanti par des régimes de protection financière financés par l'État. Le chemin est semé d'embûches, mais les récompenses - un monde où chacun, partout, peut accéder aux services de santé de qualité dont il a besoin et se les offrir sans risquer de sombrer dans la pauvreté - valent tous les efforts déployés.