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8 novembre 2017
La CSU2030 souhaite la bienvenue à l’organisation de la société civile Medicus Mundi International – réseau de santé pour tous (MMI) en qualité de partenaire.
MMI est une ONG et un réseau d’organisations qui travaillent dans le domaine de la coopération sanitaire internationale et de la santé mondiale. Nous avons interviewé Thomas Schwarz, Secrétaire exécutif de MMI, pour en savoir plus sur les raisons qui ont incité le réseau à se joindre à la CSU2030 et quels enjeux il envisage à l’avenir.
Qu’est-ce qui a motivé MMI à se joindre à la CSU2030 ?
« Le discours de la CSU2030 sur le renforcement de systèmes de santé centrés autour de la personne et la promotion de l’accès universel aux services de santé essentiels comme responsabilité partagée des gouvernements nationaux et des acteurs internationaux reprend des éléments clés de la manière dont notre réseau conçoit la ‘santé pour tous’. Nous souhaitons par conséquent contribuer de l’intérieur à ce nouveau partenariat international, en faisant entendre la voix essentielle de la société civile. Nous avons pris part activement au processus de transformation de l’IHP+ en CSU2030, avec des contributions aux questions de gouvernance, à la rédaction des documents directeurs et des principes, et aux modalités de la participation de la société civile. »
Quels défis voyez-vous pour la CSU2030 et comment peut-on les relever ?
« La CSU2030 souhaite devenir un ‘mouvement’ pour parvenir à une couverture santé universelle. Mais un mouvement lancé et dirigé du haut vers le bas au niveau mondial par la Banque mondiale et l’OMS avec des gouvernements, des donateurs majeurs et d’autres acteurs de haut niveau peut-il jamais porter les espoirs de ceux qui n’ont rien ? Peut-il devenir un chef de file légitime pour les personnes, les mouvements sociaux, les communautés et les organisations locales engagés dans une lutte désespérée pour leur droit à la santé contre un gouvernement irresponsable, des acteurs commerciaux puissants ou un régime d’austérité imposé à leur pays par les bailleurs de fonds internationaux ?
La CSU2030 risque de voir sa légitimité remise en question si ses résultats sont produits dans l’environnement familier des rituels bien établis du ‘dialogue pluripartite’, sans vaste consultation inclusive. Par exemple, puisque la ‘Vision conjointe de la CSU2030 pour le renforcement des systèmes de santé’ a été préparée dans l’urgence, dans quelle mesure le processus de consultation a-t-il été étendu ?
Une représentation plus solide et des délibérations intégratrices seront des éléments clés d’une bonne gouvernance de la CSU2030 et de son mécanisme de participation de la société civile. Il est grand temps de créer des points d’entrée adaptés pour ceux qui auraient quelque chose à dire, mais qui ne sont pas encore représentés autour de la table, en raison de leur capacité financière et institutionnelle limitée. Nous ne pouvons pas considérer la légitimité comme allant de soi ; nous devons la travailler et parvenir à un mécanisme authentique et doté de ressources appropriées. »
Comment la CSU2030 peut-elle exploiter son potentiel ?
« Les intérêts et le programme politique de divers partenaires méritent une évaluation critique. Il est assez facile de se mettre d’accord sur la CSU comme objectif. Mais il serait erroné d’en déduire que tous les membres du ‘mouvement’ de la CSU2030 sont d’accord sur la manière de progresser vers la CSU.
Néanmoins, il peut être utile de rassembler des acteurs et des intérêts si divers au sein de la CSU2030 pour créer des espaces et des structures, publiques et protégées, pour la réflexion critique, le débat politique et l’apprentissage mutuel sur la façon dont on peut réaliser la CSU. Il faut pour cela accepter le fait que, dans le ‘mouvement’, la dissension est possible et bienvenue, même concernant la ‘vision conjointe’ du renforcement des systèmes de santé et le Pacte mondial de la CSU2030.
Par conséquent, il nous incombe à nous tous, membres de la CSU2030, de contribuer à la sécurisation de la santé mondiale et au programme de la CSU. Remettons en question la déclaration selon laquelle ‘nous appuierons également un alignement plus étroit entre la sécurité sanitaire et le renforcement des systèmes de santé’ (Pacte mondial).
Parlons de ‘l’universalité’ des services auxquels toutes les personnes dans tous les pays devraient avoir accès et demandons-nous comment combler le fossé d’inégalité pour ces services aux niveaux national et mondial.
Continuons à évaluer de manière critique le rôle de la coopération internationale et de ses acteurs et programmes dans le renforcement ou plutôt l’affaiblissement des politiques et systèmes nationaux.
Et discutons du type de solidarité mondiale et de gouvernance internationale (tenant compte des droits, des régulations, de la redistribution) qui est nécessaire pour permettre aux pays d’élargir leur espace fiscal en vue d’investir dans le secteur de la santé. »
Qu’espérez-vous ?
« La vision qu’a notre réseau de l’accès universel à la santé – vous souvenez-vous qu’il y a 40 ans, nous l’appelions ‘la santé pour tous’ ? – va bien au-delà de la CSU et englobe la prise en charge des déterminants politiques, économiques et sociaux de la santé et des politiques de santé. Alors ne prétendons pas viser ce qui ne peut pas être atteint par le secteur de la santé et par la seule CSU. Pour nous guider, nous redécouvrirons peut-être la Déclaration d’Alma-Ata et le concept des soins de santé primaires. »
Thomas Schwarz est le Directeur exécutif de Medicus Mundi International – réseau de santé pour tous. Les opinons exprimées dans cet article n’engagent que lui.
Contact : schwarz@medicusmundi.org.