Une déclaration des coprésidentes de la CSU2030 à l'occasion de...
26 septembre 2022
Investir dans le renforcement des systèmes de santé pour la couverture santé universelle grâce à une approche axée sur les soins de santé primaires
Le 21 septembre, en marge de la 77e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, les Coprésidents du Groupe d’amis de la couverture santé universelle et de la santé mondiale (Missions permanentes de la Géorgie, du Japon et de la Thaïlande auprès des Nations Unies), l’Organisation mondiale de la Santé et la CSU2030 ont organisé la troisième réunion ministérielle annuelle sur la couverture santé universelle, « Investir dans le renforcement des systèmes de santé pour la couverture santé universelle grâce à une approche axée sur les soins de santé primaires ».
Comprenant que les investissements dans les systèmes de santé ont des conséquences de grande envergure, des responsables des Nations Unies, des ministres, des champions de la couverture santé universelle (CSU) et d’autres participants de haut niveau se sont réunis pour faire le bilan des progrès, des lacunes et des obstacles rencontrés pendant le COVID-19, ainsi que pour réaffirmer leur engagement en faveur de la mise en œuvre de la Déclaration politique sur la CSU de 2019. L’événement a insisté sur la nécessité de compter sur des soins de santé primaires plus solides, un maintien des services de santé non relatifs à la pandémie pendant les urgences sanitaires, de même que sur l’intégration de la préparation aux urgences, l’autonomisation des communautés, et également une collaboration et une coordination resserrées entre les secteurs pour soutenir des systèmes de santé résilients et équitables qui ne laissent personne de côté.
Les intervenants ont lancé la discussion thématique qui aboutira à la réunion de haut niveau des Nations Unies sur la CSU de 2023 en partageant leur vision de la santé pour tous et en dégageant des objectifs clairs pour la CSU et la sécurité sanitaire mondiale. Ils se sont centrés sur le financement, les soins de santé primaires et la nécessité d’améliorer la participation sociale, la collaboration et la redevabilité. Ils ont exhorté à l’action politique et au leadership pour un financement de la santé national et mondial durable, en particulier dans l’espace fiscal contracté des dépenses sociales résultant de la pandémie de COVID-19, notamment par la suspension et l’allègement de la dette des pays à revenu faible ou intermédiaire.
Les participants ont aussi encouragé les engagements en faveur du renforcement des systèmes de santé nationaux grâce à une approche des soins de santé primaires pour assurer des services intégrés de qualité par le biais de systèmes communautaires bien étayés. Beaucoup d’intervenants, notamment le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, ont rappelé que 90% des services de santé essentiels peuvent être dispensés par l’entremise des soins de santé primaires. Pour citer M. Omar Abdi, Directeur général adjoint chargé des programmes de l’UNICEF, « les systèmes de santé communautaires sont le fer de lance de l’équité des soins de santé primaires et les soins communautaires produisent un retour sur investissement dix fois supérieur à la mise. »
D’autres temps forts de la réunion ont été les messages vidéo de M. Csaba Kőrösi, Président de la 77e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, et de Mme Amina Mohammed, Secrétaire générale adjointe de l’ONU, de même que le film vidéo de l’OMS sur la participation sociale intitulé « La santé est l’affaire des gens – il est temps d’investir dans la participation sociale ! »
Messages clés
Segment d’ouverture de haut niveau
L’événement s’est ouvert sur les remarques liminaires des coorganisateurs, qui ont souligné et illustré des actions concrètes pour accélérer les objectifs en matière de CSU, promouvoir des systèmes de santé solides et résilients, tout en ripostant aux répercussions de la pandémie de COVID-19 et en les surmontant.
Mme Elisha Dunn-Georgiou, Présidente et PDG du Global Health Council, a animé et présenté la réunion en affirmant que « nous sommes à un tournant capital dans la nécessaire accélération des activités pour mettre en place la couverture santé universelle. Alors que nous portons nos regards vers la réunion de haut niveau sur la CSU de 2023, il est important de faire le bilan des engagements souscrits dans la déclaration politique sur la CSU de 2019. »
M. Don Pramudwinai, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, a déclaré qu’il fallait mettre la santé pour tous au centre du programme de la durabilité et améliorer les soins de santé primaires au niveau communautaire, en autonomisant les communautés et par le biais de la participation sociale. Il a noté que « plus de 50% de la population mondiale n’a pas accès aux soins de santé et beaucoup de personnes sont plongées dans la pauvreté en raison des dépenses de santé à la charge des patients. De plus, les pays qui ont mis en place la CSU ont maintenant du mal à maintenir les structures sanitaires existantes. »
M. Hayashi Yoshimasa, Ministre des affaires étrangères du Japon, a insisté sur la nécessité de tirer les leçons du COVID-19 et de renforcer la dynamique mondiale autour de la CSU. « La propagation du COVID-19 a exposé les vulnérabilités dans l’accès aux soins de santé de par le monde et, avec une moitié de la population mondiale qui n’a pas accès aux services de santé, la sécurité humaine est compromise. »
M. Zurab Azarashvili, Ministre des personnes déplacées internes des territoires occupés, du travail, de la santé et des affaires sociales de la Géorgie, a souligné qu’il fallait maintenir les services de santé en lien ou non avec la pandémie et investir dans la technologie de santé, en particulier pour élargir la télémédecine. Il a aussi mentionné que « des solides partenariats avec l’OMS et la Banque mondiale aideront à mobiliser l’assistance technique requise pour consolider les soins de santé primaires, diminuer les dépenses à la charge des patients et s’attaquer aux maladies non transmissibles. »
Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé, a rappelé que quand la santé est menacée, tout est menacé, et il a mis en lumière les crises existentielles conjuguées du changement climatique, de l’insécurité alimentaire et des conflits armés. « La priorité absolue de l’OMS pour les cinq prochaines années est de procéder à une réorganisation radicale de l’architecture de santé dans le sens des soins de santé primaires et de la couverture santé universelle. » Il a poursuivi en reconnaissant que les économies sont tendues et que l’inflation augmente, mais « nous ne progresserons pas tant que nous n’avancerons pas tous résolument sur la voie qui mène à la CSU. »
Segment ministériel
Les coorganisateurs ont partagé leurs expériences, leurs priorités et leurs activités en vue de mettre en place la CSU. Ils ont aussi appelé de leurs vœux des collaborations internationales et multilatérales et un leadership mondial pour instaurer des systèmes des santé équitables.
Mme Kamina Johnson Smith, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Jamaïque, a déclaré que la pandémie de COVID-19 avait exacerbé les problèmes et mis en évidence des faiblesses dans les systèmes de santé, notamment des vulnérabilités systémiques. Elle a insisté sur le fait que « beaucoup de pays à revenu faible ou intermédiaire et de petits États insulaires en développement essayent de progresser en matière d’investissements de santé. Néanmoins, en raison du remboursement de la dette, ils ont dû diminuer ces investissements. Il faut s’attaquer aux problèmes du service de la dette et réformer l’architecture du financement des donateurs, de façon à ce que les pays puissent centrer leurs ressources sur les activités locales de développement durable. »
M. Péter Szijjártó, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie, a attiré l’attention sur trois points clés : « Premièrement, tout le monde doit avoir accès à l’eau propre et sûre, aux équipements d’assainissement et d’hygiène… Deuxièmement, la santé ne devrait pas être politisée… Troisièmement, la santé et les services de santé ne doivent pas être refusés aux individus qui fuient des pays qui ne sont pas sûrs. »
M. Sanjay Verma, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Inde, s’est concentré sur la nécessité d’adopter une approche holistique pour parvenir à la CSU et élargir l’accès à un enseignement médical de qualité. Il a affirmé : « Il est capital d’augmenter le financement des systèmes des santé pour mettre en place la CSU. L’équité est essentielle pour la santé mondiale et nous devons nous attaquer aux obstacles que rencontrent les individus pour avoir accès aux services de santé. »
Remarques de haut niveau des principales parties prenantes
Les principales parties prenantes ont partagé des informations sur les répercussions du COVID-19 sur la mise en place de la CSU et la nécessité de dépasser le statu quo pour instaurer des systèmes de santé résilients et inclusifs qui ne laissent personne de côté.
Mme Amina Mohammed, Secrétaire générale adjointe de l’ONU, a déclaré que la santé est la pierre angulaire du développement durable et a regretté que le COVID-19 ait brutalement freiné ou effacé les progrès, avec 92% des pays mentionnant des interruptions d’au moins un service essentiel. Elle a lancé un appel pour unir l’action multilatérale et travailler collectivement au renforcement de la gouvernance autour de la santé et la redevabilité. « Nous avons l’occasion de dépasser le statu quo et nous devons le faire en renforçant la résilience pour la pandémie actuelle et les futures pandémies. Il faut compter sur des investissements plus solides et plus importants dans les soins de santé primaires puisque l’accès aux services essentiels améliorera l’espérance de vie des populations. »
M. Jagan Chapagain, Secrétaire général de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), a rappelé que l’inclusion doit être au centre des efforts pour parvenir à la CSU et qu’il faut agir dans l’intérêt des personnes les plus vulnérables. « Nous devons soutenir des groupes centrés sur les pays avant la réunion de haut niveau de 2023 afin de faire connaître plus largement les situations qui se produisent sur le terrain. » Il a poursuivi en déclarant, que « quand les systèmes de santé formels sont surchargés, ce sont les ONG et les bénévoles qui prennent le relais. Nous devons autonomiser et soutenir les communautés. »
M. Csaba Kőrösi, Président de la 77e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, a insisté sur le fait que la santé est un droit et que nous devons financer la couverture sanitaire et assurer un accès équitable aux services de santé. « Une vue holistique de la santé est essentielle et nous devons aligner ces discussions sur les déclarations politiques de santé majeures. »
Discussion technique
Les experts ont mis en exergue le besoin de participation sociale pour réaliser la CSU et d’investissements en faveur des agents de santé communautaires, qui desservent souvent les individus les plus vulnérables et sont essentiels pour instaurer un climat de confiance entre les populations et les systèmes de santé.
M. Omar Abdi, Directeur général adjoint chargé des programmes à l’UNICEF, a déploré que les progrès pour parvenir à la CSU soient lents et que nous négligions des occasions précieuses. « Les gouvernements doivent apporter un soutien robuste et investir massivement en faveur des agents de santé communautaires qui assurent des services curatifs et préventifs à la population. Les systèmes de santé communautaires sont le fer de lance de l’équité des soins de santé primaires et les soins communautaires sont un modèle rentable, qui produisent un retour sur investissement dix fois supérieur à la mise. »
La Dre Mandeep Dhaliwal, Directrice du Groupe de santé du PNUD, a remarqué que nous avons besoin de systèmes de santé résilients au climat et que nous devons mieux intégrer le climat et les réponses sanitaires. Elle a poursuivi en décrivant comment le COVID-19 a renversé les progrès sur la CSU dans 92 pays. « Nous devons agir différemment et nouer de nouveaux partenariats solides. La manière dont nous travaillons sur le terrain doit être revue, spécialement du point de vue de la mise à l’échelle, du financement et de l’établissement de partenariats avec les pays. »
Mme Anamaria Bjar, Directrice de la participation aux politiques publique de Gavi Alliance, a noté que les répercussions du COVID-19 ont inversé les progrès accomplis dans la vaccination infantile et que, désormais, 18 millions d’enfants (soit 5 millions de plus qu’en 2019) n’ont même pas reçu un vaccin de routine. Ces enfants font en général partie des groupes les plus gravement laissés pour compte et manquent souvent aussi d’accès à l’eau potable et à l’assainissement. « Les gouvernements et les OSC ont le devoir de satisfaire les besoins des enfants les plus vulnérables. Nous devons travailler ensemble comme secteur social pour corriger ces inégalités, car il ne s’agit pas seulement de problèmes sanitaires, mais aussi de questions sociales. »
Mme Amy Boldosser-Boesch, Directrice technique principale et Cheffe du pole des politiques de santé, du plaidoyer et de l’engagement, et des soins de santé intégrés du Mécanisme de participation de la société civile pour la CSU2030 (MPSC), a rappelé au groupe que « les systèmes de santé doivent rendre des comptes aux personnes qu’ils desservent. Dans la déclaration politique sur la CSU de 2019, les États Membres se sont engagés à reconnaître l’importance de la participation sociale. Pourtant, il y a eu peu ou pas d’intégration des OSC dans la riposte au COVID-19. Les OSC et les communautés doivent être associées, depuis le début, et intégrées au sein du système de santé et dans les processus de prise de décision pour donner des réponses sanitaires efficaces, et pour établir et renforcer le climat de confiance avec les communautés. » Elle a aussi souhaité une collaboration resserrée au niveau mondial entre les gouvernements, la société civile et les communautés, le secteur privé et les donateurs.