Une déclaration des coprésidentes de la CSU2030 à l'occasion de...
8 octobre 2020
Commémoration du premier anniversaire de la réunion de haut niveau sur la CSU : mesurer les progrès, les défis et les opportunités dans le contexte du COVID-19.
Il y a un an, en septembre 2019, les dirigeants mondiaux se réunissaient pour adopter la Déclaration politique sur la couverture santé universelle (CSU), qui représente l’ensemble d’engagements le plus complet jamais adopté dans le domaine de la santé. Moins de quatre mois plus tard, le monde connaissait une crise globale de santé et de sécurité humaine d’une ampleur sans précédent dans l’histoire récente et dont les conséquences sanitaires et socio-économiques menacent gravement les progrès accomplis vers la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).
Le 8 octobre 2020, un événement de haut niveau a commémoré le premier anniversaire de la réunion des Nations Unies consacrée à la CSU. Les plus de 650 participants venant d’un éventail d’organisations du monde entier ont mis en avant combien il était urgent que les pays tiennent leur promesse d’une couverture de santé de qualité, pour tout le monde, partout.
Les ministres qui se sont exprimés pendant l’événement ont tous souligné qu’il était important de réaffirmer l’engagement en faveur de la CSU face à la pandémie de COVID-19, avec des messages forts reconnaissant que la CSU est capitale aussi bien pour la sécurité sanitaire que pour le bien-être social d’ensemble. Investir dans des systèmes de santé résilients est une priorité pour renforcer la sécurité sanitaire et la préparation à de futures crises, les actions des personnes et des communautés étant les clés du succès.
La réunion s’est déroulée le lendemain de la publication d’une note de synthèse du Secrétaire général de l’ONU qui souligne le rôle primordial de la CSU dans le contexte de la pandémie de COVID-19.
Les Coprésidents du Comité permanent de la CSU2030 se sont félicités de la note de synthèse du Secrétaire général, en affirmant dans une déclaration que « la santé est un choix profondément politique. Pour répondre à cette crise et construire un avenir plus sûr et en meilleure santé, les dirigeants doivent investir de toute urgence dans les systèmes de santé. C’est dans leur intérêt de le faire : le COVID-19 montre que le sous-investissement dans le secteur de la santé peut avoir un impact catastrophique sur les sociétés et les économies. Ils doivent aussi instaurer un climat de confiance et mettre en place des mécanismes de redevabilité en élargissant la participation à la gouvernance et la prise de décision dans le domaine de la santé. »
Mme l’Ambassadrice Elizabeth Cousens, Présidente directrice générale de la Fondation des Nations Unies, a animé la discussion et présenté la réunion en déclarant : « Tout autour de nous, nous constatons les conséquences catastrophiques de l’inégalité d’accès aux soins de santé de qualité. Les systèmes de santé et les sociétés qu’ils desservent luttent face à l’épreuve du COVID-19. La pandémie expose les fractures dans nos sociétés de la manière la plus brutale qui soit, parmi les populations les plus vulnérables qui souffrent des conséquences les plus graves. Dans ce sombre tableau, les arguments en faveur de la CSU parlent d’eux-mêmes et doivent être écoutés sans attendre. Comment pouvons-nous apprendre de cette expérience et travailler ensemble pour mettre en place des systèmes de santé solides qui desservent et protègent tout le monde, en particulier les plus vulnérables ? »
Remarques de bienvenue des Coprésidents du Groupe d’amis de la CSU et de la santé mondiale
M. Motegi Toshitisu, Ministre des affaires étrangères, Japon, a affirmé : « Pour vaincre la pandémie de COVID-19, il est important de s’attacher à ne laisser personne de côté et de parvenir à la CSU, tout en prenant position en faveur du principe de la sécurité humaine. […] Nous devons créer un environnement habilitant pour être résilients face aux maladies infectieuses, garantir la sécurité sanitaire et améliorer les soins de santé primaires. […] Le Japon a surmonté la tourmente et la pauvreté au lendemain de la seconde guerre mondiale et il a adopté un régime national d’assurance maladie, parvenant ainsi à la CSU. Cette décision nous a apporté le développement économique, un bon état de santé et la longévité. La résilience du système de santé japonais s’est révélée déterminante pour enrayer le COVID-19. »
M. Don Pramudwinai, Vice-Premier Ministre/Ministre des affaires étrangères, Thaïlande, a noté : « Moins d’un an après la réunion de haut niveau des Nations Unies sur la CSU, le COVID-19 sert de témoignage éloquent de l’utilité de la CSU. La couverture santé universelle permet aux personnes d’avoir accès à des soins de santé abordables au moment où elles en ont le plus besoin. Nous autres, en Thaïlande, nous avons mis en place la CSU il y a presque vingt ans. Nous étions fermement convaincus, et nous le sommes toujours, que la CSU contribuerait à un filet de sécurité sociale qui garantit les droits de l’homme fondamentaux […]. La CSU et la sécurité sanitaire sont une seule et même chose. Investir dans les systèmes de santé nous permet de consolider et d’étayer la CSU. Les actions des personnes et des communautés sont essentielles pour parvenir à la CSU. L’engagement des personnes aboutit à la résilience des communautés et à des systèmes de santé solides qui sont prêts pour affronter des crises. Nous ne devons jamais cesser de promouvoir des vies en bonne santé. En Thaïlande, les programmes de promotion de la santé et de prévention, dans le cadre de la CSU, jouent un rôle capital dans notre riposte au COVID-19. »
M. David Zalkaliani, Ministre des affaires étrangères, Géorgie, a expliqué : « En Géorgie, toutes les personnes, quelle que soit leur identité et quel que soit l’endroit où elles vivent, ont accès gratuitement au dépistage et au traitement dont elles ont besoin pour le COVID-19. La Géorgie est l’un des exemples les plus réussis dans la lutte contre le COVID-19, ainsi que l’ont montré de nombreuses évaluations internationales. Son succès se fonde principalement sur les réformes de la CSU lancées par le Gouvernement géorgien en 2013. Nous croyons que la CSU est la meilleure façon de réaliser les objectifs de développement mondial et qu’elle représente un mécanisme important pour élargir l’accès à des services de santé de qualité. »
Déclarations liminaires
M. Antonio Guterres, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, a remarqué : « Aujourd’hui, la pandémie de COVID-19 a montré que nos systèmes de santé sont inadaptés. La faiblesse des systèmes de santé et l’inégalité de l’accès aux soins de santé sont les principales raisons pour lesquelles le COVID-19 a tué plus d’un million de personnes et en a infecté plus de 30 millions de par le monde. Le COVID-19 a rendu le besoin de CSU plus criant que jamais et a souligné la ferme déclaration politique adoptée lors de la réunion de l’an dernier. »
Le Dr Tedros Adhanom Ghebreysus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé, a rappelé : « Investir dans la santé n’est pas une option facultative. C’est le fondement de sociétés et d’économies solides, stables, prospères et pacifiques. Quand nous encourageons et protégeons la santé, nous encourageons et protégeons aussi les emplois, les entreprises, l’éducation, l’égalité entre hommes et femmes, la paix, la viabilité et bien plus. La pandémie de COVID-19 est une crise différente de tout ce que chacun de nous a connu au cours de notre vie. Mais ce doit aussi être un tournant pour nous tous, un catalyseur pour faire de la CSU une réalité, et non pas simplement une aspiration. »
Le premier groupe a partagé les expériences nationales de la CSU et du COVID-19.
Les intervenants ont mis en lumière les interventions réalisées par leur gouvernement pour faire avancer la déclaration politique sur la CSU et les leçons tirées de la pandémie, notamment l’importance de l’intégration des mesures de santé publique dans les ripostes au COVID-19.
Mme Raychelle Omamo, Ministre des affaires étrangères, République du Kenya, a indiqué : « Le Kenya affirme et soutient la déclaration politique de la réunion de haut niveau sur la CSU. La CSU fait partie intégrante du programme de notre Gouvernement alors que nous nous efforçons de réaliser l’ODD3. Les chocs sanitaires sont la principale cause de pauvreté et d’affaiblissement des structures familiales dans notre société. Nous souhaitons offrir à nos citoyens des soins de santé primaires, sans qu’ils connaissent de difficultés financières. »
M. Amadou Ba, Ministre des affaires étrangères, Sénégal, a estimé que « la pandémie actuelle, avec ses répercussions catastrophiques sur tous les aspects de notre existence, démontre notre vulnérabilité collective. La solidarité et la coopération internationale sont désormais les seules options pour s’attaquer efficacement aux problèmes mondiaux, en particulier dans le domaine de la santé et des situations d’urgence. La participation véritable de chacun est nécessaire pour une recherche efficace sur un vaccin contre le COVID-19 et, quand il sera disponible, pour un accès équitable, sûr et d’un coût abordable. Ce sont autant d’arguments qui nous incitent à compter sur la CSU dans la lutte contre le COVID-19. »
M. Kwaku Agyeman-Manu, Ministre de la santé, Ghana, a déclaré : « Le Ghana a donné la priorité à la réalisation de la CSU comme programme national de premier plan et comme volet d’un contrat social. La préparation d’une feuille de route nationale vers la CSU est effectivement un symbole de notre appropriation de la CSU […] pour veiller à ce que tous les citoyens ghanéens aient accès en temps voulu à des services de santé de qualité, quelle que soit leur capacité à les payer au point d’utilisation. Nous mettrons à la disposition de notre population un panier complet CSU de services de santé. »
Le Dr Daniel Salinas, Ministre de la santé, Uruguay, a décrit les principales caractéristiques de la riposte uruguayenne, qui ont été déterminantes pour garantir la crédibilité des interventions et sensibiliser la population. Cette politique s’est traduite par une reprise de l’économie à 95% de son niveau précédent avant la pandémie. « Nous avons fondé notre approche sur une action multidisciplinaire ou transdisciplinaire de tous les ministères et toutes les forces de notre pays [...]. Nous avons aussi maintenu tous les jours une communication honnête sur la situation, en menant campagne par le biais du plan national contre le coronavirus et en soulignant le bien public. »
Le Dr Harsh Vardan, Ministre de la santé et de la protection familiale, Inde, a expliqué : « L’Inde s’est efforcée de faire de la CSU une réalité pour ses citoyens. Le COVID-19 nous a donné plusieurs leçons. Il nous a fait comprendre toute l’importance de systèmes de santé publique forts et résilients. Le COVID-19 nous a aussi obligés à nous centrer sur l’accélération des mesures relatives à l’intégration de la surveillance de la santé publique et du partage de données dans les soins de santé primaires et secondaires. Cela a stimulé des réformes de la conception. »
M. Jean-Baptiste Lemoyne, Secrétaire d'État au tourisme, aux Français de l'étranger et à la francophonie, France, a révélé : « Je tirerai trois grands enseignements de cette crise pour l'atteinte de l'objectif de couverture santé universelle : premièrement, le personnel de santé est la pierre angulaire de nos systèmes de santé. […] Deuxième enseignement, l'accès équitable aux soins de santé essentiels doit rester une priorité. […] Et dernier point, je souhaite insister sur l'importance de financer collectivement les biens communs pour la santé, ceux-là même qui fondent les fonctions clés de nos systèmes de santé, la surveillance, la préparation, la recherche et le développement... c'est une première étape sur le chemin vers la couverture santé universelle. »
Mme Wendy Morton, Ministre du voisinage européen et des Amériques, Royaume-Uni, a remarqué : « La pandémie nous rappelle que les maladies ne respectent pas les frontières. Nous avons vu qu’elle touche l’accès des plus pauvres et des plus vulnérables aux droits et services essentiels, en particulier les femmes et les filles puisque leur éducation, leur santé et leurs moyens d’existence sont compromis et que la violence sexiste augmente. Plus de la moitié des pays ayant fait l’objet d’une enquête de l’UNICEF ont vu leurs services de vaccination et de santé infantile gravement perturbés. C’est pourquoi la CSU est fondamentale pour un avenir plus juste. »
Mme Marjeta Jager, Directrice générale adjointe de l’Union européenne, a affirmé : « À cause du COVID-19, les progrès vers la CSU ont de toute évidence subi de sérieux revers à une échelle mondiale et il est prioritaire de les remettre sur les rails. La situation actuelle renforce ce que nous savons depuis longtemps. Face à la pandémie, la CSU est la meilleure façon de garantir la santé de tous les individus et spécialement des populations les plus vulnérables. »
Le second groupe a présenté les perspectives des partenaires.
Il a donné la possibilité aux partenaires de la CSU2030 issus du secteur privé et de la société civile de faire entendre la voix de ces groupes importants.
Mme Sylvana Q. Sinha, PDG et fondatrice de Praava Health et membre du groupe du secteur privé auprès de la CSU2030, a souligné : « Le secteur privé a la possibilité d’innover de différentes manières pour desservir ses communautés particulières et il existe aussi des façons de nouer des partenariats avec les gouvernements pour compléter les capacités, le cas échéant. Nous devons promouvoir une coordination plus étroite entre les secteurs public et privé […] et nous asseoir à la table dans un esprit d’ouverture, sans nous faire concurrence et en innovant ensemble. »
La Dre Khuat Thi Hai Oahn, Directrice exécutive du Centre de soutien aux initiatives de développement communautaire et membre du groupe consultatif auprès du Mécanisme de participation de la société civile pour la CSU2030, a rappelé : « Les gouvernements se sont engagés à mettre en place la CSU. Maintenant, comment pouvons-nous leur demander des comptes ? La CSU doit faire l’objet d’un suivi et de rapports. La déclaration politique promettait de protéger les plus vulnérables et cette promesse doit être tenue. En décembre 2020, la CSU2030 lance un rapport sur « L’état de l’engagement en faveur de la CSU » afin de soutenir les procédures de redevabilité au niveau national. »
Ressources
Enregistrement complet de la réunion sur YouTube
Note de synthèse : Le COVID-19 et la couverture santé universelle