8 mars 2021

Déclaration de Mme Gabriela Cuevas Barron et du Dr Justin Koonin, Coprésidents du Comité directeur de la CSU2030

C’est le moment d’agir en faveur de l’égalité entre hommes et femmes pour réaliser la couverture santé universelle

En cette Journée internationale des femmes 2021, nous, Coprésidents du Comité directeur de la CSU2030, appelons tous les dirigeants politiques à autonomiser les femmes qui se révèlent des leaders extrêmement efficaces dans les urgences sanitaires. C’est essentiel pour construire un avenir plus sûr et en meilleure santé. Les processus de la CSU ne font pas de différences de genre et le COVID-19 a montré que les femmes et les filles sont encore laissées de côté. Pour réaliser l’objectif de développement durable 3, qui vise la santé et le bien-être pour tous, il est impératif de transformer les systèmes de santé afin qu’ils soient multidimensionnels et sensibles aux différences entre les sexes.

À la fin de 2020, la CSU2030 a publié la première synthèse pour documenter « L’état de l’engagement en faveur de la CSU » qui donne un aperçu global et multipartite de la situation des progrès accomplis vers la CSU aux niveaux national et mondial. Les conclusions montrent que la pandémie de COVID-19, comme de précédentes pandémies et flambées de maladies infectieuses, exacerbe les inégalités entre hommes et femmes de nombreuses façons :

  • Les femmes et les filles continuent à avoir du mal à accéder aux services de santé et elles sont touchées de manière anormalement importante par des écueils qui les empêchent de bénéficier des services de santé. Elles se heurtent par exemple à des obstacles structurels, notamment des difficultés financières, l’absence de transport (tout spécialement si elles vivent dans des zones rurales) et le manque de temps en raison d’une charge de soins ou d’autres travaux non rémunérés. L’existence de services de santé sexuelle et génésique spécialisés pour les femmes est essentielle pour s’attaquer aux vastes obstacles structurels que les femmes et les filles rencontrent dans le monde pour bénéficier des soins de santé. Il faut faire bien plus pour faire comprendre toute l’importance du genre comme barrière à l’accès aux services de santé.
     
  • Les expériences des femmes et leurs expériences au sein des systèmes de santé ne sont pas uniformes, et dépendent fortement de facteurs comprenant la race, l’ethnicité et l’âge. Pendant la pandémie de COVID-19, et spécialement en conjonction avec les manifestations du mouvement « Black Lives Matters » pendant l’été 2020, les souffrances disproportionnées des communautés noires, asiatiques et de minorités ethniques ont gagné en importance sur la scène politique. Il a aussi été montré que l’âge est un indicateur important de la gravité des symptômes du COVID-19. De plus, il convient de rappeler que le genre n’est pas binaire et que beaucoup de membres des communautés LGBTQ+ font face à une grave discrimination dans le système de santé.
     
  • Dans le monde, les femmes représentent jusqu’à 70% des agents de santé de première ligne qui courent un risque accru d’être infectés par le COVID-19 en raison de leur rôle sur le front (2). Certaines soignantes se sont délibérément éloignées de leurs enfants pour réduire le risque de les infecter. Les femmes qui ne travaillent pas dans le secteur de la santé ont aussi été particulièrement touchées par la pandémie.
     
  • Dans beaucoup de pays, les femmes travaillent dans des secteurs qui ont été lourdement impactés par la pandémie ou dans le secteur informel, et elles ont eu plus de probabilités de connaître des pertes économiques. De plus, beaucoup de pays ont institué des couvre-feux et des confinements sans tenir compte de la continuité des services de santé maternelle, mettant donc en danger les femmes enceintes. D’après l’ONU Femmes, une législation discriminatoire empêche quelque 2,5 milliards de femmes et de filles d’exercer pleinement leurs droits. En outre, plusieurs pays ont signalé une recrudescence des violences sexistes pendant le confinement (1).
     
  • La nature patriarcale des systèmes de santé publique dans le monde a reçu une attention croissante en 2020. La majorité des membres des groupes de travail nationaux sur le COVID-19 sont des hommes et une dynamique de pouvoir semblable est observée au niveau mondial. Ainsi, les femmes représentaient à peine un quart des participants aux trois premiers comités d’urgence sur le Règlement sanitaire international. Cela reflète la représentation des femmes dans d’autres institutions nationales comme les parlements, où la proportion mondiale de femmes parlementaires a atteint 25,5%, ce qui est un record historique, mais reste bien loin d’une véritable égalité (3).
     
  • Les femmes se révèlent des dirigeantes extrêmement efficaces et de plus en plus de données montrent que les pays dirigés par des femmes enregistrent moins de décès liés au COVID-19.

La dure réalité est que les processus de la CSU, pendant une urgence ou non, sont encore indifférents au genre et que les femmes et les filles restent laissées pour compte. Effectivement, le rapport de l’initiative Global Health 50/50 publié cette année sous le titre « Gender equality : flying blind in a time of crisis » (Égalité des genres : naviguer à l’aveuglette en temps de crise), confirme que la grande majorité des activités de programmes pour prévenir et traiter les conséquences sanitaires du COVID-19 ignorent dans une large mesure le rôle du genre.

Il est capital de donner une réponse sexospécifique aux flambées de maladies, et les interventions seront probablement plus efficaces pour tout le monde si les organes de direction montrent une certaine diversité. Il reste beaucoup à faire pour prodiguer un soutien adapté aux agents de santé de première ligne, associer véritablement toutes les parties prenantes à la prise de décision et garantir des réponses équitables pour les deux sexes. La diversité de l’humanité doit être reflétée dans une approche des systèmes de santé vraiment multidimensionnelle et sensible aux différences entre les sexes qui inclut non seulement le genre, mais aussi la race, l’identité sexuelle, le statut socio-économique et la situation géographique, conformément au principe de la CSU qui est de ne laisser personne de côté.

Références :

  1. https://www.unwomen.org/fr/digital-library/publications/2019/03/equality-in-law-for-women-and-girls-by-2030
  2. https://www.who.int/news-room/commentaries/detail/female-health-workers-drive-global-health
  3. https://www.unwomen.org/fr/digital-library/publications/2019/03/equality-in-law-for-women-and-girls-by-2030  

Photo : OMS / Blink Media - Ricci Shryock

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